Les Jeux de l’Antiquité,
source d’inspiration

L’ancienne Olympie a constitué la clé de voûte de l’inspiration de Pierre de Coubertin et cela dès son enfance.

En effet, site érigé à la gloire du sport dans la Grèce antique, le sanctuaire d’Olympie et ses rituels ont façonné sa vision de la création d’une manifestation mondiale, qui se caractériserait par des cérémonies solennelles, un sentiment véritablement religieux et des symboles de paix.

En 1874, alors que Pierre n’était âgé que de onze ans, une équipe d’archéologues allemands entamait des fouilles sur le site sacré d’Olympie, lesquelles allaient durer six ans. Oubliée depuis quinze siècles et recouverte de plus de 13 mètres de sédiments déposés sous les assauts successifs de tremblements de terre et d’inondations, Olympie avait pourtant été jadis le centre spirituel du monde hellénique. Ce dernier avait accueilli les Jeux Olympiques de l’Antiquité tous les quatre ans, durant près de douze siècles, de 776 av. J.-C. à 393 de notre ère, lorsque l’empereur romain chrétien, Théodose Ier, décida d’y mettre fin, les considérant comme un rituel païen.

C’est ainsi que peu à peu, l’Antiquité dévoila ses trésors. Les fouilles mirent au jour 130 statues, 40 monuments, 6000 pièces de monnaie, 13 000 ex-voto en bronze offerts en sacrifices aux dieux mythologiques, ainsi que 400 inscriptions. Le 6 mai 1877, l’équipe d’archéologues allemands fit la découverte d’une sculpture dans les ruines du temple d’Héra – statue dans un état exceptionnel de conservation et connue sous le nom d’Hermès de Praxitèle – de plus, à l’endroit précis où Pausanias la situait dans son livre intitulé Voyage historique de la Grèce et rédigé au IIe siècle ap. J.-C. Ces découvertes eurent pour conséquence un engouement pour le monde classique et l’Antiquité au travers de toute l’Europe, qui ne pouvait qu’enflammer l’imagination d’un jeune garçon, comme l’expliquait bien des années plus tard le baron Pierre de Coubertin

«Rien dans l'histoire ancienne ne m'avait rendu plus songeur qu'Olympie. Cette cité de rêve consacrée à une besogne strictement humaine et matérielle dans sa forme, mais épurée et grandie par la notion de la patrie qui possédait là, en quelque sorte, une usine de forces vitales — dressait sans cesse devant ma pensée d'adolescent ses colonnades et ses portiques.»

Tout au long de sa vie et de sa carrière, le baron vit dans l'ancienne Olympie la source d’inspiration des Jeux Olympiques de l’ère moderne et fit souvent référence à sa dimension spirituelle en tant que caractéristique essentielle qui distinguait les Jeux Olympiques modernes de toute autre manifestation sportive et de tout championnat du monde : “De même que l'athlétisme antique, l'athlétisme moderne est une religion, un culte, un essor passionnel susceptible d'aller du jeu à l'héroïsme."

Pierre de Coubertin aimait également trouver des similitudes entre les athlètes de l’Antiquité et de l’ère moderne : " En ciselant son corps par l’exercice comme le fait un sculpteur d’une statue, l’athlète antique « honorait les dieux ” Aux yeux de Coubertin, l’athlète des temps modernes rendait, pour sa part, hommage à son pays.

En 1920, au lendemain de la Première Guerre mondiale, alors que Coubertin ralliait le Mouvement olympique, afin de faire renaître une nouvelle fois les Jeux à Anvers, il célébrait Le triomphe de l’Olympisme au moyen d’une autre référence révélatrice, faite aux athlètes de l’Antiquité, dont il parlait en ces termes : “… la sève juvénile toujours pareille, toujours vivace, toujours prête à monter, la sève ardente joyeuse, qui fut celle des athlètes d’Olympie et qui. trois mille ans plus tard, travaille encore chez ceux d’Anvers à l’équilibre humain. ”

Durant son enfance et son adolescence, il avait admiré ce que les archéologues allemands avaient accompli en ramenant à la vie la gloire des Jeux de l’Antiquité et souhaitait donner à la France une part de cette gloire passée : “ L’Allemagne avait exhumé ce qui restait d’Olympie ; pourquoi la France ne réussirait-elle pas à en reconstituer les splendeurs ?". Et c’est précisément ce que fit le baron Pierre de Coubertin, en restaurant la splendeur des Jeux Olympiques pour l’offrir au monde moderne.