L’indépendance du CIO
“Nous sommes simplement les « trustees » de l’idée olympique.”
Alors qu’il envisageait et planifiait le lancement des Jeux Olympiques de l’ère moderne, le baron Pierre de Coubertin savait que dès qu’il serait parvenu à installer le Mouvement Olympique sur la scène sportive internationale, l’indépendance et l’autonomie de ce Mouvement se verraient menacées par les ambitions personnelles d’administrateurs sportifs, par les hommes politiques à la recherche de reconnaissance au niveau international, ainsi que par le secteur public qui demanderait des comptes. Étant à la recherche d’un modèle qui permettrait de donner à son Comité International Olympique naissant la capacité de maintenir son indépendance et d’essuyer avec succès de futures tempêtes, qui allaient se révéler nombreuses, le baron se tourna alors vers la communauté sportive anglaise.
Ayant participé à la promotion de compétitions d’aviron entre des équipes françaises et anglaises par le passé, Pierre de Coubertin connaissait bien les « Stewards of the Royal Henley Regatta », soit les membres du comité britannique chargé de l’organisation de la régate royale de Henley, plus célèbre compétition d’aviron du monde. Il avait une profonde admiration pour leur indépendance, avait étudié leur mode de fonctionnement et adopta leurs méthodes de recrutement, afin de garantir une liberté d’action aux membres du Comité International Olympique, lesquels sont encore aujourd’hui désignés par le CIO et nommés en tant que représentants « de » leur pays et non pas « par » leur pays.
Une quinzaine d’années plus tard, au terme des Jeux Olympiques de Londres de 1908 et dans un discours adressé à ses hôtes britanniques, expliquant comment le CIO avait survécu à "des attaques anonymes … des cabales invraisemblables et des jalousies forcenées … dressé(s) sur sa route…", le baron déclarait : “ Pour ma part j’ai appris autrefois dans ce pays-ci beaucoup de choses et celles-ci entre autres que le meilleur moyen de sauvegarder la liberté et de servir la démocratie … c'est de maintenir … des îlots où puisse être assurée la continuité d'un effort indépendant et stable. L'indépendance et la stabilité, voilà, Messieurs, ce qui nous (le CIO) a permis de réaliser de grandes choses ...”. Et recourant volontiers à des euphémismes, le baron conclut : "Nous n’empiétons pas sur les privilèges des sociétés ; nous ne sommes pas un conseil de police technique. Nous sommes simplement les trustees de l’idée olympique."
Bien que le CIO se soit modernisé, depuis sa création par le baron de Couvertin, notamment en imposant des durées de mandats et des limites d’âge à ses membres, force est de constater que les principes établis par Pierre de Coubertin lors de la fondation de l’organisation ont permis au CIO de conserver son autonomie et son indépendance au cours de ses 125 ans d’existence.