Afin de lutter contre le changement climatique, des communautés se mobilisent au Mali et au Sénégal autour du projet de forêt olympique

À l'occasion de la Journée internationale des forêts, revenons sur le projet de forêt olympique au Sénégal. Des membres des communautés locales, sévèrement touchées par le changement climatique, nous expliquent comment la forêt olympique peut les aider à reconstruire leur vie. 

Afin de lutter contre le changement climatique, des communautés se mobilisent au Mali et au Sénégal autour du projet de forêt olympique
© IOC

Dans les zones rurales et reculées du Mali et du Sénégal, où le Comité International Olympique (CIO) a lancé en 2021 son projet de plantation d'une forêt olympique, les communautés locales subissent de plein fouet les effets de la déforestation et de la hausse des températures.

La sécheresse, les crues soudaines et la lente dégradation des terres ont rendu l'agriculture plus difficile, exerçant une pression supplémentaire sur la population locale et plongeant de nombreuses personnes dans la pauvreté. La déforestation a privé les communautés d'une protection vitale et de sources de revenus.

Deux ans plus tard, avec 72 505 arbres plantés, les membres des communautés dans les villages parlent de l'avenir avec espoir. Tentant de retrouver des moyens de subsistance et alors qu'ils ont été durement frappés par le changement climatique, ils se mobilisent en faveur de la forêt olympique.

Visant à restaurer les terres et à créer des possibilités de revenus durables, le projet de forêt olympique prévoit l'introduction de quelque 600 000 arbres indigènes dans 90 villages des deux pays.

"Nous sommes agriculteurs depuis que je suis toute petite", explique Rouguiyatou Diallo, laquelle vit dans le village de Sinthiou, dans une région marquée par le changement climatique et la déforestation. "À l'époque, nous avions beaucoup d'eau et il pleuvait beaucoup. Mais j'ai remarqué qu'entre 2006 et aujourd'hui, les moyens de subsistance dans la forêt se sont raréfiés. Il n'y a plus d'herbe, les arbres ont été coupés et les incendies sont fréquents. Ces dernières années, même en étant agriculteurs, nous ne produisions jamais assez." 

Et d'ajouter : "Nous espérons, si Dieu le veut, qu'à l'avenir les nouveaux arbres resteront longtemps, et ce afin que nos enfants et petits-enfants puissent à leur tour en profiter."

Le projet travaille de concert avec les communautés locales depuis le début, en s'assurant qu'elles sont prêtes à apporter leur contribution, en les associant au processus de sélection des espèces et en les dotant des compétences nécessaires pour qu'elles puissent s'occuper des arbres à l'avenir.

"Avant, il y avait beaucoup d'arbres ici, comme l'eucalyptus, le jujubier, le baobab, et les fruits étaient disponibles dans la forêt", a indiqué Seydou Olel Kah, maire de Beele, dans la région de Tambacounda. "La forêt était également dense et les animaux nombreux. Les arbres étaient très hauts. Rien de tout cela n'est visible aujourd'hui."

"Le projet de forêt olympique a été déployé dans les villages avec l'introduction d'arbres et les conseils fournis aux habitants, les aidant jusqu'à ce qu'ils soient en mesure de planter seuls des arbres pour développer et restaurer la forêt pour qu'elle leur soit la plus utile possible."

Les espèces indigènes sélectionnées fournissent des fruits, des noix et des graines qui peuvent être consommés directement, mais aussi vendus au marché.

"Ils [l'équipe en charge de la forêt olympique] plantent des arbres et restaurent la forêt pour prévenir les incendies, de sorte que lorsque les arbres poussent, nous puissions en bénéficier", explique Diamilatou Guiro, qui vit dans le village d'Arigabo, où elle préside le groupe des bénéficiaires de subventions agroforestières. "Lorsque les manguiers poussent, nous pouvons cueillir les mangues et les manger. Nous pouvons également rapporter les fruits à la maison ou les vendre afin d'obtenir un revenu", ajoute-t-elle.

Répartis sur une superficie totale d'environ 2 000 hectares, les arbres plantés absorberont non seulement le dioxyde de carbone, l'un des principaux gaz à effet de serre, mais amélioreront également la fertilité des sols, préviendront leur érosion et fourniront de l'ombre aux personnes, aux animaux et aux plantes.

Mobilisation des femmes

Au Mali et au Sénégal, les femmes ont un accès limité aux soins de santé, à l'éducation et à l'emploi. Elles sont en outre souvent exclues de la gestion des terres et des cultures. Le projet entend associer les femmes de la communauté à chaque étape du processus. Ce sont essentiellement les femmes qui participent à la création de produits forestiers non ligneux, en ramassant des fruits et des noix qu'elles peuvent ensuite utiliser pour générer des revenus supplémentaires.

Le projet encourage la présence de femmes dans les comités de gestion, afin de leur offrir des possibilités de revenus et d'accroître leur représentation ainsi que leur participation à la gestion des ressources communales. Cette démarche a contribué à améliorer leur place au sein de leurs foyers et dans la communauté.

Ainsi que l'explique Samba Traoré, qui a grandi à Diyabougou Mossi, où il est aujourd'hui chef de village et bénéficiaire d'une subvention agroforestière : "Presque toutes les femmes participent au projet parce qu'elles connaissent son importance pour aujourd'hui et pour demain."

Et de poursuivre : "Elles savent que si elles prennent soin des arbres, cela ne peut que leur être bénéfique ainsi qu'à leurs enfants."

Malado Thiam, une femme qui vit dans le village de Sinthiou, où elle préside le groupe des bénéficiaires de subventions agroforestières, affirme qu'elle est déterminée à faire de son mieux afin que le projet fonctionne pour sa communauté et ses enfants.

"Vous nous avez apporté quelque chose d'utile et vous nous avez enseigné la sagesse", a-t-elle confié. "Si Dieu nous permet de vivre assez longtemps, nous en bénéficierons parce qu'il y aura des baobabs, des tamariniers, des jujubes, des mangues et des goyaves."

Évaluations fréquentes

Tree Aid et La Lumière, une ONG locale, sont les partenaires de mise en œuvre chargés d'évaluer fréquemment le projet afin d'en suivre les progrès et de vérifier la bonne santé des arbres.

"L'adhésion des communautés locales est le facteur le plus important pour la réussite d'un projet et, dans le cas de la forêt olympique, la mobilisation des communautés a été jusqu'à présent considérable", rappelle Joseph Diassana, responsable de projet chez Tree Aid.

"Les communautés locales participent au processus d'identification des terres et des espèces d'arbres appropriées. Elles conviennent aussi de la manière dont les terres seront gérées afin qu'elles profitent à la communauté et à l'environnement. De plus, nous organisons des séances de formation à intervalles réguliers pour nous assurer que les membres des communautés savent comment prendre soin des arbres sans assistance, et ce longtemps après la fin du projet lui-même."

L'Afrique a peu participé à la crise climatique en émettant des gaz à effet de serre, mais elle est l'une des régions les plus sévèrement touchées par ses effets. Dans la région du Sahel, les températures moyennes ont augmenté de près de 1°C au cours des 30 dernières années, soit presque deux fois plus que la moyenne mondiale.

La forêt olympique fait partie de la Grande Muraille verte, une initiative de plus grande envergure qui a pour ambition de restaurer les écosystèmes dégradés dans la région du Sahel en Afrique. Elle est également un volet important de la stratégie du CIO pour le climat, laquelle comprend la réduction de l'empreinte carbone de l'institution olympique en application de l'Accord de Paris sur le changement climatique.

L'engagement du CIO en faveur du climat

Nous nous engageons à contribuer aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique en réduisant nos émissions directes et indirectes conformément à l'Accord de Paris sur le climat, en créant la Forêt olympique et en utilisant notre influence pour rendre le sport plus durable.