Une sprinteuse congolaise en lice au niveau international : « Je suis à ma place »

La sprinteuse congolaise Natacha Ngoye Akamabi a vécu un été 2023 exceptionnel. Fin juillet, elle remporte la médaille de bronze du 100 m aux Jeux de la Francophonie à Kinshasa (RDC), en 11’’44.

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© Getty Images

En août, aux championnats du monde d'athlétisme de Budapest (HUN), elle affronte les meilleures spécialistes du monde, comme elle l'avait fait deux ans plus tôt, aux Jeux d'été de Tokyo. 

Tout cela est possible, dit-elle, grâce à une bourse de la Solidarité Olympique, qui lui permet depuis deux ans de résider et de s'entraîner au Centre Régional Jeunesse et Sport Petit-Couronne à Rouen (FRA), environ deux heures au nord-ouest de Paris.

« Cette bourse fait toute la différence, a-t-elle déclaré lors d'une interview à Budapest. Il y a avant. Et il y a maintenant. Je suis très heureuse maintenant parce que je suis en train de changer. Là où je m’entraîne, tout le monde voit ce changement. J’aborde la compétition de façon très professionnelle. À présent, je suis professionnelle. Sans la bourse, ce serait très difficile. Trop dur, c'est sûr. »

Le Centre compte 115 jeunes athlètes âgés de 12 à 18 ans, originaires de toute la France, qui y vivent, y vont à l'école et s'y entraînent. Il compte également une douzaine de boursiers de la Solidarité olympique originaires de pays africains tels que la République centrafricaine, le Niger, la Guinée-Bissau. Et Natacha Ngoye Akamabi, l’athlète de la République démocratique du Congo qui, ils sont nombreux à le dire, se détache du lot.

Il s’agit là d’un projet gagnant-gagnant pour tous. Le Centre gagne à faire découvrir à ses jeunes étudiants français des athlètes de cultures différentes. Les athlètes africains bénéficient d’infrastructures et d’un savoir-faire technique auxquels ils n'auraient probablement pas accès autrement.

« Le personnel est très bon et le directeur, Christophe Cornilleau, en poste depuis six ans, est là pour tous les problèmes », explique la sprinteuse.

En 2021, son talent inné l'a conduite aux Jeux de Tokyo. Comme elle l'a reconnu à l'époque et en rit aujourd'hui, c'était la première fois qu'elle participait à une compétition d'une telle envergure. Au Congo, elle n’avait jamais eu l’occasion de se mesurer aux meilleurs athlètes du monde.

Aux Jeux, elle passe le tour préliminaire en 11’’47. Au premier tour, elle court en 11’’52, sixième sur sept, pas suffisant pour passer au tour suivant.

« Tokyo était une expérience énorme, a-t-elle déclaré, ajoutant quelques instants plus tard : grâce à la bourse, j'ai de nombreuses possibilités de courir vite. »

Son entraîneur, Amadou Mbaye, lui a donné de la constance. Selon lui, elle a désormais toutes les chances non seulement de participer aux Jeux Olympiques de Paris en 2024, mais aussi de percer lors de ces Jeux.

Son résultat de Budapest illustrerait-il déjà cette tendance ? Pas vraiment. Elle a terminé 43è, en 11’’60.

Mais, encore une fois, il y a eu des difficultés au niveau de la logistique et du voyage de Mbaye, des histoires notamment d’accréditation et plus encore durant les deux semaines qui séparaient la fin des Jeux de la Francophonie à Kinshasa des championnats du monde de Budapest. L’entraîneur a expliqué qu'il était tout simplement trop difficile de se concentrer à Budapest – l’athlète ne pouvait que confirmer.

« Dans un contexte normal, dit-il, Natacha est capable de se qualifier pour les demi-finales, j’en suis certain. »

« Je suis d’accord avec lui, répond-elle. Maintenant je vois les championnats d’un œil nouveau. Celui qui me montre que j’y ai ma place. »