Au Cambodge, un camp spécialisé dans la lutte pour tisser un réseau et développer la confiance en soi
Rassembler le savoir-faire régional
Du haut de ses 1,55 mètre, la Philippine Karen Perater a bien conscience d'être de petite taille.
« Avant de me rendre au Cambodge pour suivre une formation adressée aux entraîneurs et aux arbitres pour les Championnats d’Asie du Sud-Est de Phnom Penh 2022, j’étais intimidée lorsque j’arbitrais ces titans », dit-elle en riant. « Mais mon séjour au Cambodge a boosté ma confiance en moi. Lorsqu’un grand gaillard me défie du regard, je ne baisse pas les yeux. Je ne me laisse pas intimider. Dans ma tête, c’est moi la boss. »
Dans une démarche visant à renforcer le sport dans la région, la Fédération mondiale de lutte, avec le soutien de la Solidarité Olympique, du Comité Olympique cambodgien et de la Fédération cambodgienne de lutte, a organisé une série d’épreuves avant les Championnats, le plus grand tournoi international de lutte senior jamais organisé en Asie du Sud-Est.
Près de 80 personnes au total ont participé à la manifestation, regroupant des athlètes, des entraîneurs, des arbitres et des techniciens informatiques. Zach Errett (États-Unis), Igor Ligay (Kazakhstan), Vincent Aka (France-Côte d’Ivoire) et Youssef Bouaziz (Tunisie) figuraient parmi les experts de haut niveau et les mentors de la Fédération mondiale de lutte.
Parmi les participants, se trouvait également l’actuel entraîneur de l’équipe nationale du Cambodge, Komeil Ghasemi, qui a remporté la médaille d’or aux Jeux de Londres 2012, alors qu'il représentait l’Iran dans la catégorie des 120 kg en lutte libre masculine. Sous sa direction, les lutteurs cambodgiens ont remporté 19 médailles lors de ces championnats : trois d’or, trois d’argent et 13 de bronze, leur plus grande réussite depuis qu'ils prennent part à ce tournoi régional.
« Le potentiel de l’Asie du Sud-Est est considérable », a déclaré Deqa Niamkey, directrice du développement de la Fédération mondiale de lutte. « La région a juste besoin d’un coup de pouce pour se mettre sur les rails ».
Avant les Championnats, un camp d’entraînement d’une semaine a été organisé et a réuni 40 participants venus de cinq pays. Le programme était axé sur les techniques de lutte, les jeux, l’entraînement physique et la préparation pour les matchs.
Ensuite, des séminaires à l'intention des entraîneurs, des arbitres et des techniciens informatiques ont été organisés.
La formation adressée aux entraîneurs comprenait un volet théorique et un volet pratique, la théorie étant mise en pratique sur le tapis : présentation de la technique, amélioration des compétences d’entraîneur, apprentissage de la manière de formuler des commentaires constructifs, présentation des diverses caractéristiques en fonction des différents groupes d’âge et, très important, aspects essentiels de la lutte contre le dopage et de la protection des athlètes.
« Pour un jeune entraîneur comme moi », a déclaré le lutteur singapourien de 36 ans Gabriel Yang, « cette formation m’a vraiment aidé à tisser mon réseau. »
Avant d’ajouter : « Elle m’a aussi permis de me faire une idée plus précise de la manière dont les autres équipes nationales s’entraînent. Nous avons partagé des techniques. Évoqué comment les différents pays enseignent. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble sur le tapis, en tant qu’entraîneurs. Ça aide énormément. »
Singapour a envoyé quatre entraîneurs, dont Gabriel Yang : « Singapour a entamé des efforts massifs pour former ses propres entraîneurs de haut niveau. Auparavant, nous devions faire appel à des personnes venant de l’étranger pour bénéficier de leur expertise. » Il est toutefois conscient du fort potentiel existant au niveau national et régional.
Maintenant, dit-il, « c’est grâce à ces connexions, à l’augmentation du nombre de compétitions et au renforcement du partage que nous parviendrons à nous améliorer. »
« Ils ont travaillé dur, et nous les avons vus grandir pendant cette formation », a déclaré Zach Errett.
En ce qui concerne Karen Perater, la formation ne l’aura peut-être pas fait gagner en taille, mais elle n’en est pas moins ressortie grandie. « Elle a propulsé ma carrière », a-t-elle déclaré. Même si l’apprentissage des règles et des réglementations est très important, il ne s’agissait pas uniquement de cela. Étant elle-même entraîneure et arbitre : « Il s’agissait également d’apprendre comment être moi-même et avoir confiance en moi. » La raison de cette réussite ?
« Bien que nous soyons toutes et tous originaires de différents pays, le sport est notre langage, et c’est au travers de ce langage que nous communiquons », conclut-elle.
« Bien que nous soyons toutes et tous originaires de différents pays, le sport est notre langage, et c’est au travers de ce langage que nous communiquons ». Karen Perater, entraîneure en formation, Philippines