Fonds de solidarité à l’Ukraine : rassembler les gens grâce au pouvoir du sport
Une action conjointe pour soutenir la communauté olympique et sportive
Pendant de nombreuses années, Vladimir Lebedev a concouru pour l’équipe russe en ski acrobatique. Il a même remporté une médaille de bronze aux Jeux d’hiver qui se sont tenus à Turin en 2006.
Enver Ablaiev a représenté l’Ukraine pour l'épreuve du ski acrobatique lors de trois éditions des Jeux Olympiques d’hiver, en 2002, 2006 et 2010. Stanislav Kravchuk, Ukrainien lui aussi, a participé à quatre éditions d’hiver d’affilée, de 1998 à 2010. À Salt Lake City en 2002, il a terminé cinquième au ski acrobatique.
Le Russe et les Ukrainiens sont de bons amis. Presque comme des frères.
Durant l’été 2022, le Russe occupait le poste d’entraîneur principal de l’équipe américaine de ski acrobatique, basée à Park City, dans l’Utah, près de Salt Lake City. Enver Ablaiev était alors l’entraîneur principal de l’équipe ukrainienne, Stanislav Kravchuk étant quant à lui entraîneur adjoint. L’équipe ukrainienne avait besoin d’un endroit pour s’entraîner. Vous voyez où nous voulons en venir ?
« Cette initiative répondait à un besoin évident », a déclaré Chris Hilton, président et responsable des opérations de l’Utah Olympic Legacy Foundation, qui encadre l’utilisation des sites hérités des Jeux de 2002. La fondation a proposé à Sergii Bubka de superviser un vaste projet visant à répondre aux besoins des athlètes et du personnel sportif de l'Ukraine en 2022. « Le monde a besoin de davantage de démarches de ce type. »
En février 2022, lorsque la guerre a éclaté, le CIO a constitué un fonds de solidarité destiné à la communauté olympique ukrainienne, en collaboration avec la Solidarité Olympique, les Comités Olympiques Européens et un groupe de travail dirigé par le perchiste Sergii Bubka, membre du CIO et alors président du CNO Ukraine (poste qu'il a occupé jusqu’au 17 novembre 2022).
Ce fonds s’élève aujourd'hui à quelque 7,5 millions d’USD, dans la perspective des Jeux de Paris 2024 et de Milano Cortina 2026. 3 000 athlètes et entraîneurs ont déjà pu en bénéficier. Au total, plus de 115 demandes de financement ont abouti.
« Le président Thomas Bach et toute l’équipe ont été d’un grand soutien en ces temps troublés », a déclaré Sergii Bubka.
« C’est formidable de voir tout le travail qui est accompli pour redonner de l’espoir, résoudre certains problèmes ou encore permettre aux athlètes de concourir. »
Le fonds a soutenu des projets partout dans le monde. Par exemple : une initiative conjointe entre le CIO, World Aquatics et le CNO de Türkiye a permis à 17 nageuses artistiques et huit officiels de l’Ukraine de participer à un camp d’entraînement d’un mois complet en octobre 2022, à Antalya, en Türkiye.
En décembre, le Comité Olympique et Paralympique des États-Unis (USOPC) et la fédération USA Wrestling ont accueilli dans leur enceinte, à Colorado Springs, des Ukrainiennes membres de l’équipe de lutte libre afin qu’elles puissent participer à un camp préparatoire en amont de la Coupe du Monde de lutte libre de l’UWW, prévue quelques jours plus tard dans l’Iowa.
« L'équipe américaine nous a accueillies très chaleureusement », explique la lutteuse ukrainienne Oksana Livach, qui concourt dans la catégorie des 50 kg.
Dans l’Iowa, les Ukrainiennes ont remporté la victoire face à la Chine avec un score de 6-4, une première historique pour l’Ukraine dans une Coupe du monde féminine.
Avant les Championnats du monde d’athlétisme, qui se sont tenus à Eugene, dans l’Oregon, une multitude d’accords extrêmement complexes ont été conclus de sorte que 37 athlètes ukrainiens et près d’une douzaine de membres du personnel puissent passer deux semaines entières au centre d’entraînement officiel de l'USOPC à Chula Vista, en Californie. Le programme prévoyait, autre autres, la délivrance d’un visa américain, le logement, les repas, le transport terrestre, ainsi qu’un accès aux installations d’entraînement, aux médecins sportifs et aux thérapeutes.
« Des athlètes de huit autres pays s’entraînaient là-bas », explique George Bauernfeind, responsable des ventes et du marketing pour le centre. « J'en garde encore un souvenir très fort... Dans le restaurant, comme le reste du centre, la plupart des équipes portent leurs uniformes, et nous avons pu voir de nombreuses personnes applaudir ou étreindre les athlètes ukrainiens... Des moments vraiment riches en émotions. »
Ensuite, en mai et en juin, les équipes ukrainiennes de ski acrobatique et de curling se sont rendues dans l’Utah.
« Leur équipe [de ski acrobatique] s'est présentée au Parc olympique de l’Utah dans lequel nous avons un musée. Une photographie datant de 2002 s'y trouve, sur laquelle on peut voir Stanislav Kravchuk, l’entraîneur adjoint de l’équipe ukrainienne.
Tout le monde s’est rassemblé autour pour la regarder : Et lui de déclarer : « C’est moi. C’est moi, juste là. »
Chris Hilton se rappelle que, durant quelques semaines « nous avions l’équipe des États-Unis, avec son entraîneur russe, aux côtés de l’équipe ukrainienne, s'entraînant tous ensemble. Et tout le monde s’entendait très bien. »
Aujourd'hui, Stanislav Kravchuk est revenu avec sa femme, Andriyana, et son fils, Nazar, à Park City. Il a choisi de rejoindre l’équipe des États-Unis en tant qu’entraîneur adjoint.
Ce qui nous donne doncune équipe américaine avec un entraîneur russe et son adjoint ukrainien.
Comme le dit Chris Hilton « au beau milieu de cette guerre, le sport a le pouvoir de rassembler les gens. »