Le parcours inspirant de la nageuse réfugiée Yusra Mardini à l'honneur du long métrage Les Nageuses

Yusra Mardini est entrée dans l'histoire en tant que membre de la première équipe olympique des réfugiés formée par le Comité International Olympique (CIO). Aujourd'hui, le film Les Nageuses, présenté en avant-première lors de l'édition 2022 du Festival international du film de Toronto, retrace son périple inspirant jusqu'aux Jeux Olympiques de Rio 2016.

Le parcours inspirant de la nageuse réfugiée Yusra Mardini à l'honneur du long métrage Les Nageuses
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Le parcours hors du commun de Yusra Mardini, qui l'a conduite d'une Syrie en proie à la guerre jusqu'aux Jeux Olympiques de Rio 2016, a toujours été digne d'un scénario : une championne de natation qui, alors qu'elle fuit pour l'Europe, sauve ses compagnons d'infortune du naufrage, pour réaliser en fin de compte son rêve olympique. Aujourd'hui, Hollywood s'est emparé de son histoire pour en faire un long métrage produit par Working Title Films – à qui l'on doit notamment les superproductions EverestCoup de foudre à Notting Hill et Love Actually.

Intitulé Les Nageuses, le film a été présenté en avant-première mondiale au Festival international du film de Toronto le 8 septembre ; il sera ensuite projeté le 22 septembre pour l'ouverture du Festival du film de Zurich.

"Ce film est extrêmement important pour ma sœur et pour moi, car nous voulons partager notre histoire avec le reste du monde et montrer que les réfugiés ont toujours des rêves et qu'ils peuvent atteindre leurs objectifs même s'ils traversent des épreuves difficiles", a confié Yusra Mardini. "Grâce à ce film, je vais pouvoir continuer à sensibiliser les citoyens aux difficultés et aux dangers auxquels sont confrontés les réfugiés et leur faire comprendre qu'on ne devient pas réfugié par choix."

Le courage de Yusra Mardini a fait la une de l'actualité lorsqu'elle a participé aux Jeux Olympiques de Rio 2016 au sein de la toute première équipe olympique des réfugiés formée par le CIO. Fuyant Damas avec sa sœur aînée Sara afin de trouver refuge en Europe pour y commencer une nouvelle vie, Yusra – une nageuse de talent qui avait participé pour la Syrie aux Championnats du monde de 2012 – s'est retrouvée sur un canot pneumatique bondé en mer Égée.

Lorsque le moteur est tombé en panne au cours de cette traversée périlleuse et que leur embarcation a commencé à prendre l'eau, Yusra et sa sœur ont plongé dans les eaux glaciales pour tirer le canot et permettre à leurs compagnons d'atteindre la terre ferme sur l'île grecque de Lesbos.

"Le sport ne nous a pas seulement sauvé la vie", souligne Yusra Mardini. "Le sport m'a appris à travailler sans relâche pour atteindre mes objectifs, à être patiente, à être résiliente. C'est ainsi que nous avons été élevées : ne jamais abandonner, toujours donner le meilleur de soi-même."

Son incroyable périple a finalement pris fin à Berlin (Allemagne), où elle a pu reprendre la natation, avant de rejoindre l'équipe olympique des réfugiés formée par le CIO pour Rio 2016.

C'est en effet aux Jeux Olympiques de Rio 2016 qu'a concouru pour la première fois l'équipe olympique des réfugiés du CIO, dont la création avait été annoncée par le président de l'instance olympique, Thomas Bach, lors de l'Assemblée générale des Nations Unies en octobre 2015 en réponse à la crise mondiale des réfugiés qui forçait des millions de personnes dans le monde à se déplacer.

Yusra Mardini rejoignait ainsi neuf autres athlètes, originaires d'Éthiopie, du Soudan du Sud, de Syrie et de la République démocratique du Congo, pour participer aux Jeux au Brésil aux côtés des autres concurrents, envoyant un message d'espoir et d'intégration à des millions de personnes déplacées de force partout dans le monde et inspirant la planète par leur force de caractère.

"Faire partie de l'équipe olympique des réfugiés formée par le CIO m'a ouvert les yeux", explique Yusra Mardini. "J'ai compris que nous tous, dans l'équipe, avions notre mot à dire, que nous pouvions représenter les millions de réfugiés à travers le monde et leur redonner espoir."

En octobre 2018, la Session du CIO décidait qu'une équipe olympique des réfugiés participerait également aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Ce sont donc 56 athlètes réfugiés prometteurs, originaires de 13 pays, qui ont bénéficié des "bourses olympiques pour athlètes réfugiés", un programme lancé par la Solidarité Olympique après Rio 2016. L'équipe olympique des réfugiés qui a pris part aux Jeux de Tokyo 2020 était composée de 29 athlètes qui ont concouru dans 12 sports.

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Renforcer le soutien apporté aux réfugiés et aux populations déplacées reste une priorité pour le CIO et fait partie de l'Agenda olympique 2020+5, la nouvelle feuille de route stratégique du CIO et du Mouvement olympique jusqu'en 2025. Pour cela, non seulement le CIO formera une équipe olympique des réfugiés pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 et les Jeux Olympiques de la Jeunesse de Dakar 2026, mais un meilleur accès au sport pour les jeunes déplacés est d'ores et déjà assuré 365 jours par an grâce à l'action de l’Olympic Refuge Foundation.

Après avoir fait partie de l'équipe olympique des réfugiés du CIO aux Jeux de Rio 2016, Yusra Mardini est devenue la plus jeune ambassadrice de bonne volonté du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ; aux Jeux de Tokyo 2020, elle a fait son retour sur la scène olympique aux côtés de 28 autres athlètes réfugiés qui ont concouru dans 12 sports.

Le public va maintenant découvrir l'incroyable histoire de Yusra Mardini grâce au long métrage Les Nageuses, réalisé par Sally El Hosaini, lauréate d'un BAFTA, à qui l'on doit notamment BabylonMy Brother the Devil et The Fifth Bowl. Les rôles de Yusra et de sa sœur Sara sont interprétés par les actrices libanaises Nathalie et Manal Issa, sœurs à l'écran comme à la ville. L'acteur allemand Matthias Schweighöfer incarne l'entraîneur de Yusra, Sven Spannenkrebs.