Julyana Al Sadeq : sous son hidjab, elle combat fièrement pour inspirer les athlètes et les fans du monde entier
Pionnière et source d’inspiration pour les gens du monde entier
L’idée d’être un modèle aux yeux des autres peut intimider certains athlètes. Ce n’est pas le cas de Julyana Al Sadeq, qui se donne corps et âme pour inspirer les jeunes filles et les femmes arabes et musulmanes. Et bien au-delà.
« Je pense que mon histoire peut être une source d’inspiration pour les athlètes et les personnes passionnées de sport partout dans le monde », affirme-t-elle.
Bénéficiaire d’une bourse de la Solidarité Olympique pour les Jeux de Tokyo 2020 et de Paris 2024, Julyana Al Sadeq a déjà marqué l’histoire de son empreinte : porte-drapeau de l’équipe jordanienne à Tokyo, elle a brisé les clichés. Taekwondoïste, elle combat en portant un hidjab.
« Je suis bien évidemment très fière d’être une athlète arabe portant le hidjab », déclare-t-elle. « Notre communauté a tendance à croire que les filles ne peuvent pas concourir dans un sport comme celui-ci. J’ai l’habitude d’être confrontée à ces préjugés de la part des membres de notre communauté, et je me plais à leur prouver que non seulement nous en sommes capables, mais qu’en plus nous pouvons nous hisser au plus haut du classement mondial. »
En Jordanie, tout le monde me demande : tu peux porter un hidjab en compétition ? C’est mon identité. Je suis tellement fière et heureuse d’avoir atteint des sommets avec mon hidjab.
En Jordanie, la nom Al Sadeq est synonyme de taekwondo. Julyana et ses frères ont été entraînés par leur père, Fuad. L’aîné, Yazan, a remporté une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2010 à Singapour. Le benjamin, Anas, a participé aux championnats du monde l’année dernière. « Je suis très fière de mes frères », dit-elle.
Julyana pensait qu’elle serait en lice aux Jeux de Rio 2016. Mais elle n’a pas réussi à se qualifier. Une déception dont elle a mis plusieurs mois à se remettre, avant de reprendre le taekwondo. La bourse de la Solidarité Olympique a fait à ses yeux une grande différence pour sa préparation aux Jeux de Tokyo : « J’ai toujours rêvé de participer aux Jeux Olympiques.
Lorsque j’ai découvert le programme de la Solidarité Olympique, j’ai tout de suite compris que c’était le meilleur moyen de réaliser mon rêve. Grâce au soutien financier qu’il apporte, ce programme a complètement changé la donne pour moi.
Il m’a permis de me concentrer sur mon entraînement sans avoir à me préoccuper des considérations financières. J’ai ainsi pu nettement améliorer mes compétences et mes performances. Je suis maintenant plus forte et plus confiante, mais aussi plus déterminée et plus disciplinée sur le plan sportif. » À Tokyo, Julyana a été éliminée au premier tour. Ce n’est pas ce qu’elle avait espéré. Avec le recul, elle dit aujourd’hui : « je suis déjà très heureuse d’avoir eu l’occasion de vivre cette expérience. »
Depuis, elle a gravi les marches jusqu’au Sommet du classement mondial. En décembre 2022, avec sa victoire au Grand Prix d’Arabie saoudite, elle est devenue la première Jordanienne et la première femme arabe à entrer dans le top 3 mondial du taekwondo. En route vers Paris, elle s’est hissée au 2e rang mondial avec une médaille d’argent remportée lors des championnats du monde de 2023 dans la catégorie des femmes de moins de 67 kg.
Aujourd’hui, forte de ce succès et alors qu’elle s’apprête à participer à ses deuxièmes Jeux, la bourse olympique revêt pour Julyana une signification différente, mais tout aussi importante : « J’ai toujours été passionnée par mon sport et la compétition. Je veux être la meilleure au monde... Ce programme m’a apporté tant de choses. Lorsque j’ai besoin d’un équipement, je ne réfléchis même pas. Je l’achète ! »
À Paris, elle arrivera comme l’une des meilleures au monde dans son sport : « J’ai travaillé d’arrache-pied pour atteindre cet objectif. »
Elle sait qu’elle sera sous le feu des projecteurs. Elle s’en réjouit : « C’est pour moi un honneur d’être reconnue pour avoir surmonté les stéréotypes sexistes qui sévissent dans le monde des sports de combat. »
Pour Julyana Al Sadeq, Paris est également une opportunité de remercier à sa manière celles et ceux qui ont toujours cru en elle, comme la Solidarité Olympique.
« J’ai vraiment le sentiment qu’ils ont cru en moi, donc je dois aussi croire en moi-même. Je veux concourir et prouver à la Solidarité, à moi-même, et au monde entier que je mérite de faire partie de ce programme, que je mérite tout ce qu’il m’a apporté. »