Hugues Fabrice Zango : faire rêver l’Afrique, saut après saut

Le triple sauteur burkinabé espère que ses victoires personnelles deviendront un exemple à suivre

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© Getty Images / L’idéal olympique personnifié en la personne du Burkinabé Hugues Fabrice Zango : champion du monde de triple saut, visant l’or à Paris 2024 et docteur en génie électrique.

Après avoir obtenu son doctorat et été sacré champion du monde en 2023, la question évidente qui se pose pour Hugues Fabrice Zango, véritable phénomène du triple saut, est la suivante : quelle est la prochaine étape ?

2023 restera pour toujours une année exceptionnelle dans la mémoire du Burkinabé, détenteur d’une bourse de la Solidarité Olympique. En effet, durant cette même année, il a obtenu son doctorat en génie électrique à l’Université de Reims, en France, et s’est hissé sur la première marche du podium lors des Championnats du monde d'athlétisme, tenus à Budapest.

Désormais, l’athlète se concentre exclusivement sur les Jeux de Paris 2024, dans l’espoir de transformer en or la médaille de bronze qu’il a gagnée à Tokyo 2020, seule médaille olympique remportée par son pays à ce jour. Ses aspirations, notamment en tant qu’individu, n’en reste pas moins plurielles et ne se cantonnent pas à la capitale française. Elles vont bien au-delà.

« Je sais que l'Afrique suit mon parcours, et je fais tout mon possible pour être un modèle aux yeux des jeunes Africains qui évoluent dans des conditions similaires aux miennes », affirme Hugues Fabrice Zango. « J’ai déjà atteint l’un de mes plus grands objectifs : convaincre les habitants du Burkina Faso qu'eux aussi ont le droit de rêver de décrocher des médailles aux compétitions les plus relevées au monde. Je ferai tout pour rester au plus haut niveau suffisamment longtemps pour que cela soit ancré dans leur esprit à jamais. »

Il est d’ailleurs en bonne voie pour y parvenir. Avant de remporter l’or aux Championnats du monde d'athlétisme (une première pour un Burkinabé), Zango avait déjà un palmarès sportif impressionnant, ayant notamment décroché le bronze en 2019 et l’argent en 2021 lors des championnats du monde. Il est également détenteur du record du monde en salle, avec un saut de 18,07 mètres réalisé en 2021.

Selon Zango, la bourse dont il a bénéficié a joué un rôle déterminant dans sa carrière, aussi bien sur l’aire de compétition qu’en dehors. « Dans les pays où le sport n’est que très peu soutenu par des fonds publics, comme le Burkina Faso, les bourses de la Solidarité Olympique nous permettent de voir grand et de réaliser nos rêves », déclare-t-il. « Dans mon cas, ces bourses m’ont notamment permis de voyager à Reims et à Paris pour pratiquer mon sport dans des centres d’entraînement de haut niveau. C’est en m’entraînant dans ces centres que mon niveau a explosé et je suis devenu l'un des meilleurs au monde. Sans ces bourses, il serait de toute évidence difficile de prendre les risques [...] nécessaires pour atteindre nos objectifs. »

Ce financement a également donné à Zango le courage de contacter l’une de ses idoles, le spécialiste du triple saut devenu entraîneur, Teddy Tamgho, qui a joué un rôle crucial dans l’essor de la carrière sportive de son protégé ces quelques dernières années. Teddy Tamgho, qui détenait le record du triple saut en salle (17,92 m) depuis 2011 jusqu’à ce que Zango le lui ravisse en 2021, a tout de suite décelé le potentiel de son jeune prodige, et l’a invité à s’entraîner à Paris tout en poursuivant en parallèle son doctorat dans le nord de la France. Un emploi du temps éreintant, certes, mais une opportunité immanquable aux yeux de Zango. « Recevoir cet argent m’a mis en confiance pour prendre davantage de risques. Il m’a vraiment motivé à me lancer dans cette aventure. À contacter [Teddy]. Parce que j’avais un budget. »

Manifestement, sa prise en charge par Tamgho a porté ses fruits. Zango se rendra à Paris 2024 en tant que favori dans sa discipline, devant de féroces rivaux, tels que le Cubain Lázaro Martínez et l’Italien Andy Díaz Hernández.

Alors qu'il continue d’accumuler les nouveaux titres (docteur, champion du monde, médaillé olympique), celui de champion olympique pourrait-il s’ajouter à la liste ? Décrocher l’or à Paris 2024 serait sans conteste le couronnement de sa carrière sportive, mais pour Zango, c’est l’effet qu’une telle victoire pourrait produire qui nourrit clairement ses ambitions olympiques.

« Je veux montrer à la terre entière que nous pouvons tous, et en particulier les Africains, atteindre notre plein potentiel lorsque les infrastructures et le soutien nécessaires sont mis à notre disposition », déclare-t-il. « Et je veux que mes réussites servent à encourager les décideurs politiques de toute l’Afrique à investir dans les infrastructures nécessaires pour faire émerger des champions localement, au pays ». Des propos qui, comme toujours, sont ceux d’un authentique champion.