Mais le rôle central de la neige ne se limite pas au domaine de la création. Sur l'aire de compétition également, de nombreux sports olympiques d'hiver en dépendent pour leurs épreuves.
Avec l'accélération des effets du changement climatique, les conditions d'enneigement dans de nombreuses régions du monde varient considérablement d'une année à l'autre. C'est pourquoi la neige, et en particulier l'utilisation de la neige artificielle, est un sujet de discussion depuis de nombreuses éditions des Jeux.
Lors d'un récent point de presse, Bernhard Russi, président du comité du ski alpin de la Fédération Internationale de Ski (FIS), s'est exprimé sur le recours à la neige artificielle :
"Ce n'est pas nouveau. Déjà, ces dix dernières années, nous n'avons skié que sur de la neige artificielle. Parfois, c'est un mélange avec de la neige naturelle, mais pour avoir un parcours parfait pour les courses de ski alpin, il faut de la neige artificielle afin d'obtenir la bonne qualité nécessaire."
Lors du même point de presse, Wei Qinghua, responsable des opérations de montagne au sein du noyau de Guyangshu à Zhangjiakou pour les Jeux de Beijing, a insisté sur les mesures prises par les organisateurs des Jeux afin de limiter l'impact sur l'environnement de leur production de neige artificielle.
Ainsi qu'il l'a déclaré : "Dans l'ensemble du noyau de Zhangjiakou, l'eau utilisée pour la fabrication de la neige provient principalement des précipitations et du ruissellement de surface, et l'eau peut être recyclée. S'agissant de l'eau provenant de la fonte des neiges, nous disposons d'un réservoir et de deux lacs qui peuvent la stocker afin qu'elle puisse ensuite être utilisée pour l'agriculture, l'irrigation, le tourisme et les aménagements paysagers."
La neige artificielle jouant un rôle de plus en plus important dans les sports de neige en raison du changement climatique, voici neuf questions et réponses qui vous permettront de mieux comprendre de quelle manière la neige artificielle est utilisée aux Jeux de Beijing 2022, et ce que fait le Comité International Olympique (CIO) afin d'aider à lutter contre le changement climatique.
1. L'édition des Jeux de Beijing 2022 est-elle la première édition des Jeux Olympiques d'hiver à avoir recours à la neige artificielle ?
Non, les événements sportifs dans toutes les régions du monde – y compris les Jeux Olympiques et les courses de Coupe du monde organisées par la FIS – ont recours à la neige artificielle depuis des dizaines d'années. La neige artificielle, plus dense, garantit la qualité des parcours et est largement utilisée dans les compétitions de haut niveau.
Elle a été utilisée lors des précédents Jeux Olympiques d'hiver. Les éditions de Vancouver 2010, Sotchi 2014 et PyeongChang 2018 reposaient en effet en partie sur la neige de culture.
La neige artificielle est également largement utilisée pour le ski de loisir en Europe, sur le continent américain, en Océanie et dans les pays d'Asie où le ski est un sport d'hiver populaire depuis des années.
2. L'édition des Jeux de Beijing 2022 aura-t-elle intégralement recours à la neige artificielle?
Il est tombé environ 30 cm de neige cette année dans le noyau Guyangshu à Zhangjiakou, ce qui signifie qu'environ 10 % de la neige utilisée pour les compétitions des Jeux de Beijing 2022 est naturelle. Cette neige naturelle a été récupérée et est réutilisée.
Le pourcentage de neige artificielle utilisée à Yanqing est proche de 100.
3. Quel est l'impact sur l'environnement de l'utilisation de neige artificielle pendant les Jeux ?
Tous les efforts ont été déployés afin de limiter au maximum l'impact sur l'environnement.
L'équipement servant à fabriquer la neige artificielle pour les Jeux de Beijing 2022 utilise 100 % d'énergie renouvelable dès le début du processus.
Plusieurs mesures de conservation et de recyclage de l'eau ont été mises en place afin d'optimiser l'utilisation de l'eau pour la fabrication de la neige.
Pour fabriquer la neige, l'eau – qui provient principalement des précipitations et du ruissellement de surface – est pompée dans les réservoirs et les usines de traitement de l'eau situés à proximité. À la fin de la saison, la neige fondue est récupérée afin d'être réutilisée pour la fabrication de neige, l'irrigation et d'autres usages.
Aucun produit chimique n'est utilisé dans le processus de fabrication de la neige, afin de limiter l'impact sur l'écosystème local.
Une technique de recyclage et de conservation de la neige d'une saison à l'autre appelée snowfarming est également utilisée. C'est une pratique courante dans les stations du monde entier.
Les organisateurs des Jeux de Beijing 2022 fabriquent la neige nécessaire conformément aux normes internationales et travaillent en consultation avec les experts internationaux du domaine, notamment la FIS. Ils utilisent une technologie de pointe, laquelle requiert 20 % d'eau de moins que les systèmes utilisés habituellement.
Les Jeux de Beijing 2022 se tiennent dans des régions qui bénéficient de températures hivernales constamment basses, ce qui rend la production de neige plus efficace. À Yanqing, les températures en février varient entre -9 °C et -1,1 °C. À Zhangjiakou, elles varient entre -10,8 °C et -2,2 °C.
Contrairement à de nombreuses stations de ski où les fluctuations de température font fondre la neige plusieurs fois au cours d'une saison, les basses températures dans les zones de compétition des Jeux de Beijing 2022 font qu'une production constante de neige n'est pas nécessaire.
4. Quel sera l'impact économique et social lorsque l'eau sera utilisée pour fabriquer de la neige dans la région ?
Selon le comité d'organisation des Jeux de Beijing 2022, l'utilisation de l'eau pour les Jeux n'aura pas d'incidence sur la consommation des habitants des environs ou sur les besoins agricoles.
Au contraire, Beijing 2022 utilise les Jeux comme une occasion de dynamiser de nouveaux secteurs d'activité, créant ainsi de nouveaux emplois pour de nombreuses personnes, notamment dans le tourisme et les sports d'hiver.
Zhangjiakou est déjà en passe de devenir la plus grande station de ski de Chine. En 2019, elle a accueilli plus de 86 millions de touristes et engrangé des recettes de plus de 100 milliards de RMB, soit une hausse de plus de 20 % par rapport à l'année précédente.
À Yanqing, les préparatifs des Jeux ont entraîné une croissance de 35,2 % du revenu disponible par habitant entre 2015 et 2019. Un habitant sur cinq de Chongli, une municipalité de la région de Zhangjiakou, travaille désormais dans le secteur des sports d'hiver.
5. Quelle quantité d'eau est nécessaire pour fabriquer la neige dont ont besoin les Jeux ?
Conformément au rapport sur la durabilité préalable aux Jeux de Beijing 2022, la demande totale en eau de la zone de Yanqing pendant la durée des Jeux (de novembre 2021 à mars 2022) est estimée à 890 000 mètres cubes, soit 0,4 % des ressources en eau du district de Yanqing.
Après les Jeux, la demande annuelle totale en eau de la zone de Yanqing ne dépassera pas 1,24 million de mètres cubes, soit 0,6 % des ressources en eau de Yanqing.
La demande en eau de la zone de Zhangjiakou pendant les Jeux (de novembre 2021 à mars 2022) est de 1,9 million de mètres cubes, soit 2,4 % des ressources en eau du district de Chongli. Après les Jeux, la demande annuelle en eau sera de 2,054 millions de mètres cubes, soit 2,6 % des ressources en eau de Chongli.
6. La neige artificielle rend-elle la pratique du ski plus dangereuse ?
Non. La nature plus maîtrisable et plus adaptable de la neige artificielle la rend plus appropriée que la version naturelle à l'élaboration de parcours de ski pour les courses de haut niveau. Grâce à sa densité et à son uniformité, la neige de culture offre des conditions constantes et prévisibles pour les pistes.
La neige artificielle est utilisée régulièrement lors des courses de la Coupe du monde de la FIS, ainsi que lors d'autres compétitions de haut niveau, et ne rend pas les parcours plus dangereux. Au contraire, elle crée une surface plus uniforme de haut en bas, ou du début à la fin d'une piste.
Le givrage et la densité des surfaces dépendent des besoins des compétitions en question et de la préparation du parcours, et non de la provenance de la neige.
7. Compte tenu de son enneigement peu fiable, pourquoi Beijing a-t-elle été choisie pour accueillir les Jeux ?
Les données météorologiques sont analysées dans le cadre du processus de sélection de tout hôte olympique. Pour les Jeux Olympiques d'hiver, une région hôte doit présenter des températures suffisamment basses pendant une période suffisamment longue.
L'objectif clé des Jeux de Beijing 2022 est de convertir 300 millions de personnes aux sports d'hiver. Cela changera à jamais les sports d'hiver dans le monde et c'est l'une des principales raisons pour lesquelles les Jeux ont été attribués à Beijing. L'objectif du comité d'organisation a d'ores et déjà été dépassé, apportant une série d'avantages socio-économiques aux trois zones de compétition des Jeux de Beijing 2022.
Lorsqu'ils organisent les Jeux, les hôtes et le CIO évaluent l'impact environnemental en fonction des avantages et des opportunités. Dans le cas des Jeux de Beijing 2022, les opportunités économiques et sociales créées par les Jeux ont déjà contribué à réduire les inégalités entre les zones rurales et urbaines. Elles ont stimulé les économies au niveau local et amélioré les moyens de subsistance de nombreuses personnes.
8. De quelle manière le changement climatique affectera-t-il le choix des hôtes des prochaines éditions des Jeux Olympiques d'hiver ?
Dans le cadre de la nouvelle approche adoptée par le CIO pour le choix des hôtes olympiques, deux commissions de futurs hôtes permanentes, représentant toutes les parties prenantes du Mouvement olympique, ont été mises sur pied afin de superviser l'ensemble du processus. Les commissions ont une double fonction, à savoir :
- examiner, suivre et encourager l'intérêt manifesté pour l'accueil des Jeux Olympiques, des Jeux Olympiques d'hiver et des Jeux Olympiques de la Jeunesse, et adresser des recommandations stratégiques à la commission exécutive du CIO ; et
- étudier les possibilités et les défis à long terme liés à l'organisation des Jeux, y compris le changement climatique.
Les deux commissions étudient actuellement ce défi.
Tous les hôtes potentiels des Jeux Olympiques et des Jeux Olympiques d'hiver doivent démontrer que leur projet olympique s'aligne sur leurs plans de développement socio-économique à long terme, et ce afin d'améliorer les conditions de vie dans la région pour la population concernée.
9. Que fait le CIO pour lutter contre le changement climatique ?
Le CIO reconnaît qu'il est de plus en plus important et urgent de s'attaquer à la crise climatique, et n'a de cesse de relever ses ambitions à cet égard.
Le changement climatique ayant un impact sur les températures dans le monde entier, le sport – comme de nombreux autres secteurs – est de plus en plus touché par ce phénomène, en hiver comme en été.
Si toutes les prochaines éditions des Jeux doivent être neutres en carbone, à partir de 2030, le CIO ira plus loin en exigeant que tous les Jeux aient un "impact positif sur le climat". Les organisateurs seront en effet tenus de réduire les émissions directes et indirectes des Jeux, de compenser davantage que leurs émissions résiduelles, et de créer des solutions durables à zéro émission de carbone pour les Jeux et après.
Le comité d'organisation des Jeux de Paris 2024 s'est engagé à atteindre cet objectif en 2024.
Le CIO lui-même réduira de moitié ses émissions d'ici à 2030 et créera une forêt olympique afin d'avoir une contribution positive pour le climat en 2024.
Le CIO use également de son influence afin d'encourager les autres acteurs du monde du sport à prendre des mesures contre le changement climatique. En 2018, le CIO a lancé, de concert avec ONU Changements climatiques, l'accord-cadre des Nations Unies "Le sport au service de l'action climatique", lequel entend élaborer un programme d'action pour le climat dans le sport. Le CIO travaille en étroite collaboration avec les Fédérations Internationales de sport et les Comités Nationaux Olympiques pour mettre en œuvre cet accord-cadre.