Le Brésil a une nouvelle occasion de prouver aux sceptiques qu'ils ont tort

Un an après les Jeux Olympiques de Rio 2016, nous avons demandé au membre du CIO, Luis Alberto Moreno, de partager avec nous son point de vue sur la manifestation. Journaliste primé, ancien responsable d’un service d’information et président de la Banque interaméricaine de développement, Luis Alberto Moreno a un regard unique sur les Jeux Olympiques.

Le Brésil a une nouvelle occasion de prouver aux sceptiques qu'ils ont tort
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Pour le premier anniversaire des Jeux Olympiques de Rio 2016, je ne peux m'empêcher de repenser aux formidables exploits sportifs dont nous avons tous été les témoins durant ces 16 merveilleux jours de compétition en août dernier. Cela étant, c'est aussi le moment où les médias chercheront à évaluer l'impact des Jeux sur la ville hôte.

En tant qu'ancien responsable d'un service d'information, membre du Comité International Olympique (CIO) et actuel président de la Banque interaméricaine de développement, j'ai ma propre opinion – je suis persuadé que Rio de Janeiro se trouve maintenant dans une situation bien plus favorable grâce à son expérience olympique.

Lorsque le CIO a accepté en 2009 de confier pour la première fois l'organisation des Jeux Olympiques à l'Amérique du Sud, le Brésil était alors la région la plus prospère sur le plan économique. Quelques années plus tard malheureusement, le pays s'est enfoncé dans une récession sans commune mesure, aggravée par une crise politique et sociale sans précédent qui perdure aujourd'hui.

Les Jeux Olympiques ne sont pas à l'origine des problèmes actuels du Brésil; ils ne vont pas les résoudre non plus. Toutefois, l'accueil de la manifestation olympique a permis au pays de connaître une embellie dans un contexte pour le reste difficile.

Avant la cérémonie d'ouverture déjà, les Jeux avaient créé, directement ou indirectement, des milliers d'emplois dont le Brésil avait cruellement besoin. Il est ressorti d'une étude menée avant les Jeux par la respectée Fondation brésilienne Getulio Vargas que le revenu par habitant à Rio de Janeiro avait augmenté de plus de 30 % entre 2009 et 2016, soit la croissance économique la plus importante et la plus équitable de tout le Brésil.

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Mille micro- et petites entreprises au moins ont bénéficié d'une initiative visant à les associer à des projets en lien avec les Jeux Olympiques. Ces entreprises naissantes ont ainsi profité de débouchés commerciaux plus nombreux, d'une expertise complémentaire et d'une notoriété accrue. Ce programme est toujours mené par Sebrae, le service d'aide aux micro- et petites entreprises brésiliennes qui s'appuie sur son expérience olympique pour aider les petites sociétés à intégrer la chaîne d'approvisionnement des plus grandes.

L'un des legs les plus importants des Jeux est le recours aux partenariats publics-privés pour les projets d'infrastructure. Des organismes privés ont financé près de 57 % des installations olympiques, ce qui a permis à chaque réal brésilien investi par les autorités de se traduire par des gains supplémentaires pour la ville de Rio.

Les Jeux ont par ailleurs accéléré les investissements publics créateurs d'emplois dans le secteur des transports, investissements qui ont déjà offert aux Cariocas plus de 170 kilomètres supplémentaires de lignes de métro, train léger et bus. Ces projets continuent de profiter chaque jour aux usagers et visiteurs de Rio.

Des ressources privées ont également été massivement investies dans les infrastructures de télécommunication qui bénéficieront aux entreprises, écoles, foyers et agences gouvernementales de Rio pendant de nombreuses années encore.

Le secteur du tourisme, essentiel pour le Brésil, a engrangé d'énormes bénéfices. D'après le Ministère brésilien du Tourisme, les Jeux ont été le moteur essentiel de la hausse record du nombre de visiteurs l'an passé, soit 6,2 milliards de dollars américains de recettes directement injectées dans l'économie.

Certes, en matière d'héritage, les progrès dans certains domaines ont été plus lents que d'aucuns l'escomptaient. Les problèmes économiques et politiques du Brésil ne sont pas étrangers en effet au retard accumulé dans les plans post-olympiques de certains sites, en particulier ceux qui dépendent des investissements du secteur privé. Toutefois, plusieurs projets avancent malgré les défis.

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Cinq bassins d'entraînement olympique temporaires ont été démontés pour être réutilisés ailleurs. L'un d'entre eux a d'ores et déjà été réinstallé à l'École militaire d'éducation physique dans le quartier d'Urca à Rio. D'autres villes brésiliennes vont accueillir les quatre autres bassins.

Les terrains d'entraînement en hockey ont été remis à une université de la région, laquelle les met à la disposition de ses étudiants et de clubs pour des tournois locaux. La Rio Olympic Arena, le terrain de golf, le site des compétitions de tennis, le vélodrome et la Carioca Arena 3 ont tous accueilli de nouvelles activités et autres événements sportifs depuis les Jeux.

Et ce n'est pas tout. Le programme éducatif de Rio 2016 baptisé "Transforma", lequel a assuré la promotion du respect mutuel, de la non-discrimination et des autres valeurs olympiques auprès de huit millions d'élèves dans 16 000 écoles du Brésil, sera de nouveau proposé en août avec le soutien financier du Comité International Olympique.

Bien évidemment, il reste encore beaucoup à faire afin de veiller à ce que Rio de Janeiro et le Brésil tirent un maximum d'avantages de leur expérience olympique. Il convient de rappeler ici que le parc olympique des Jeux de Londres 2012 n'a pas rouvert au public avant 2014 et qu'il est aujourd'hui l'un des quartiers les plus dynamiques de la ville.

Il convient aussi de rappeler que d'aucuns doutaient de la capacité du Brésil à accueillir une édition réussie des Jeux Olympiques. Or, le Brésil a surmonté de nombreux obstacles et a su prouver aux sceptiques qu'ils avaient tort, les Jeux ayant non seulement offert des compétitions spectaculaires, mais aussi mis en exergue le merveilleux état d'esprit de la population brésilienne.

Il faudra du temps et une volonté sans faille, mais je suis intimement convaincu que le Brésil saura à nouveau confondre les sceptiques.