De la frustration à la joie : Anita L. DeFrantz élue première vice-présidente du CIO 40 ans après le boycott des Jeux de Moscou 1980

Quarante ans après avoir manqué le rendez-vous des Jeux Olympiques de Moscou 1980, Anita L. DeFrantz a pris ses fonctions de première vice-présidente du Comité International Olympique (CIO).

De la frustration à la joie : Anita L. DeFrantz élue première vice-présidente du CIO 40 ans après le boycott des Jeux de Moscou 1980
© IOC / Greg Martin

Elle a été accueillie aujourd'hui mercredi à sa première réunion de la commission exécutive en tant que première vice-présidente, par le président du CIO, Thomas Bach. Après être devenue la première femme à occuper cette fonction durant son premier mandat de vice-présidente du CIO (1997-2001), elle occupe maintenant ce poste pour la deuxième fois.

En cette période historique, elle servira aux côtés du président Thomas Bach, un autre athlète qui a également lutté contre le boycott de cette édition des Jeux.

"Toute ma vie j'ai œuvré pour offrir des chances à tous et faire en sorte que les personnes injustement privées de ces chances puissent les saisir", a déclaré Anita L. DeFrantz.

Après avoir remporté une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Montréal 1976, Anita L. DeFrantz était prête à participer à nouveau aux Jeux de Moscou 1980, mais la décision des États-Unis de boycotter les Jeux afin de protester contre l'invasion soviétique en Afghanistan a porté un coup d'arrêt à son ambition.

Tout comme le président Thomas Bach en Allemagne de l'Ouest, où l'on se demandait s'il fallait suivre l'exemple des États-Unis, elle s'est prononcée ouvertement contre le boycott, essayant de faire comprendre aux autorités de son pays comment cette décision allait briser d'innombrables rêves olympiques. Elle a finalement fait un procès pour obtenir le droit de concourir mais l'a perdu.

Cette bataille infructueuse a donné à ces deux sportifs une force supplémentaire pour affirmer que la voix des athlètes ne devrait plus jamais être ignorée, et les a amenés à occuper les deux plus hautes fonctions du CIO.

"L'année 1980 a changé ma vie à bien des égards. Devenir membre du CIO ne m'avait jamais traversé l'esprit, mais le chemin que j'ai emprunté m'a offert cette occasion", a expliqué Anita L. DeFrantz. "Pour moi, servir aux côtés d'un autre athlète à qui on a refusé la possibilité de participer à ces Jeux signifie beaucoup. Cela signifie en effet que nous ne laisserons plus jamais un athlète se voir refuser cette opportunité. C'est une grande responsabilité."

Quatre fois finaliste et médaillée d'argent aux Championnats du monde d'aviron en 1978, Anita L. DeFrantz a finalement été décorée à Moscou en 1980 – elle y a effectivement reçu l'Ordre olympique décerné par la Session du CIO en reconnaissance de son soutien au Mouvement olympique.  

"Je taquine parfois les autres en leur disant que j'ai été la seule Américaine à avoir reçu une médaille à Moscou en 1980", plaisante-t-elle.

Anita L. DeFrantz a été élue membre du CIO en 1986 et a intégré sa commission exécutive pour la première fois en 1992. Elle a présidé la commission femme et sport du CIO pendant dix ans (de 1995 à 2014), et est devenue la première femme afro-américaine à être élue vice-présidente du CIO en 1997.

Anita L. DeFrantz voit dans son parcours un vrai signe de progrès et envisage l'avenir avec un optimisme à toute épreuve : "Le CIO a énormément évolué ces 40 dernières années. J'ai été la cinquième femme élue au CIO, et nous sommes aujourd'hui 39 sur les 104 membres que compte l'organisation. Plus que jamais, le monde comprend que nous devons nous respecter les uns les autres, c'est donc le moment idéal pour pouvoir servir le Mouvement olympique, dont l'un des piliers fondateurs est la non-discrimination."