Voyage au pays des mascottes des Jeux d'hiver

Des animaux, des personnages imaginaires, des humains : ce sont les différentes mascottes des Jeux d'hiver, déclinées en images fixes ou animées, en peluches, en grandeur réelle pour le bonheur des fans olympiques de 7 à 77 ans. Alors que Beijing 2022 va présenter sa ou ses mascottes, voici un panorama des mascottes créées pour les éditions de neige et de glace des Jeux Olympiques.

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Voyage au pays des mascottes des Jeux d'hiver
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Personnages imaginaires

Il se nomme "Shuss", petit bonhomme sur des skis dans la position à laquelle son nom fait allusion. Au sommet de son imposante tête bicolore, posée sur un pied unique en forme d'éclair zigzaguant, figurent les anneaux olympiques. Shuss est historiquement la première mascotte des Jeux d'hiver, créée pour ceux de Grenoble en 1968 par Aline Lafargue, qui n'a disposé que d'une nuit début 1967 pour l'imaginer et le proposer au comité d'organisation. À l’époque, on ne parle pas encore de "mascotte", mais plutôt de "personnage", et celui-ci se décline en porte-clés, épinglettes, aimants, horloges et même une version gonflable.

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S'il n'y a pas de mascotte à Sapporo en 1972, la tradition est véritablement lancée à Innsbruck en 1976 avec Schneemandl, tout simplement "bonhomme de neige". Il porte un chapeau tyrolien rouge typique de la région qui accueille les Jeux d'hiver pour la deuxième fois. On le voit sur des t-shirts, en peluches et, en grandeur réelle, des personnes costumées jouent le rôle de « mascottes vivantes » lors d'événements promotionnels. Il existe aussi des objets avec Schneemandl tenant une canne de hockey ou chaussé de skis. Cette pratique de représenter la mascotte dans différentes poses et pratiquant de multiples sports est devenue habituelle.

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À Albertville en 1992, voici "Magique". Une sorte de lutin en forme étoilée qui symbolise le rêve et l'imagination avec un bonnet rouge pointu prolongé par un pompon. Il est aux couleurs du drapeau français. Cette sympathique mascotte est investie d’un rôle pédagogique : dans le but d’informer les 7 924 volontaires des Jeux, le COJO a opté pour un programme d’enseignement assisté par ordinateur. Magique apparaissait dans les différents modules d’enseignement ainsi que dans des jeux.

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Sur le thème de la neige et de la glace, Neve et Gliz (Neve veut dire neige en italien, et gliz est une contraction de "ghiaccio", la glace) sont les mascottes des Jeux de Turin 2006. Ainsi, Neve est rouge, avec une tête en forme de boule de neige, et Gliz est bleu avec une bouille carrée qui rappelle un cube de glace. Ensemble, ils représentent les deux éléments fondamentaux au bon déroulement des Jeux d’hiver et personnifient les sports d’hiver. Un dessin animé de 52 épisodes, d’une durée d’une minute chacun, a été diffusé sur les chaînes de télévision italiennes RAI 2 et RAI 3 d'octobre 2005 à février 2006. Chaque épisode traitait d’un sujet lié à l’Olympisme : valeurs, territoire, sport, etc.

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Pour Vancouver en 2010, ce sont des animaux imaginaires et mythiques qui ont été choisis : Quatchi, un Sasquatch (ou Bigfoot), personnage populaire des légendes locales dont l’habitat est la forêt, recouvert d’une épaisse toison et portant des bottes ainsi qu’un cache-oreilles, et Miga une ourse des mers, animal mythique en partie épaulard et en partie ours Kermode. Quatchi et Miga avaient un ami du nom de Mukmuk, qui s’est révélé très populaire, même s’il n’était pas une mascotte officielle. Mukmuk tirait son inspiration d’une espèce rare et menacée de marmotte vivant uniquement sur l’île de Vancouver. Alors qu’il n’avait au début qu’une existence virtuelle et sur papier, il a lui aussi eu droit à sa gamme de produits.

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Humains

Lillehammer 1994 présente une exception : les mascottes sont des enfants. Leurs noms font référence à des personnages historiques du XIIIe siècle dont le destin est étroitement lié à la Norvège ainsi qu’à la région de Lillehammer : Håkon IV Håkonson, roi de Norvège de 1217 à 1263, et la princesse Kristin, sa tante. Håkon et Kristin ont été conçus par Kari et Werner Grossman : "Il était important que ces mascottes aient une connotation norvégienne ou nordique et que ce soit des enfants", a expliqué Kari Grossman. "Elles devaient représenter non seulement les Jeux Olympiques, mais aussi introduire les questions d'égalité, d'environnement, la culture de la jeunesse norvégienne, le comportement, le fair-play, etc." Des couples d'enfants déguisés en Håkon et Kristin ont fait fureur sur le théâtre de plusieurs épreuves sportives lors de ces Jeux.

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Animaux

Les animaux des étendues glacées et des montagnes sont en fait les principales mascottes des Jeux d'hiver. Et cela commence avec Lake Placid 1980 et Roni le raton laveur. Ce sont les écoliers de Lake Placid qui ont choisi son nom, dérivé de son appellation en langue iroquoise. Le raton laveur est un animal familier de la région montagneuse des Adirondaks où se trouve Lake Placid. L’aspect du visage du raton laveur et le masque noir et blanc qui encadre ses yeux rappellent les lunettes et le bonnet des compétiteurs. On retrouve les cinq couleurs des anneaux olympiques dans certaines versions de Roni.

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Les Jeux de Sarajevo 1984 se déroulent en compagnie de Vučko le loup. De par ses mimiques tantôt souriantes, tantôt effrayées ou encore sérieuses, Vučko donne au loup une apparence plutôt sympathique et a même contribué à faire changer l’image habituellement féroce de cet animal. Le loup est une figure très présente dans les fables yougoslaves : il y incarne le courage et la force, et symbolise l’hiver. Vučko a été le héros d’une bande dessinée créée par Nedeljko Dragic, publiée dans plusieurs quotidiens et hebdomadaires yougoslaves.

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Un animal que l'on retrouvera souvent en tant que mascotte est l'ours. À Calgary en 1988, les adorables Hidy et Howdy symbolisent l'hospitalité de l'Alberta. Le nom Hidy est une extension de l’interjection « hi » et Howdy, la forme abrégée de « how do you do », formule de salutation typique de l’Ouest américain. Les deux ours sont coiffés d'un chapeau et habillés façon western. L'ours polaire s’est imposé à Calgary car il illustre bien la saison froide et il est actif en hiver puisqu’il n’hiberne pas. Howdy et sa sœur Hidy constituent le premier duo de mascottes.

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Nagano 1998 présente les "Snowlets". Ils sont quatre hiboux, Sukki, Nokki, Lekki et Tsukki. Chacun d’eux représente respectivement le feu (Sukki), l’air (Nokki), la terre (Lekki) et l’eau (Tsukki). Le choix de quatre mascottes se réfère aux quatre années qui constituent une Olympiade. Leur nom générique, "Snowlets", forme un jeu de mots avec "Owlets", jeunes hiboux en anglais. Les enfants adorent les quatre petites peluches multicolores des Jeux de Nagano !

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Quatre ans plus tard, les animaux des montagnes de l'Utah sont à l'honneur pour Salt Lake City 2002 : Powder le lièvre d'Amérique, Copper le coyote et Coal l'ours noir. Par ailleurs, les noms de poudre, cuivre et charbon sont une allusion aux ressources naturelles de l’Utah, à sa neige et à son sol et les trois animaux sont souvent des protagonistes majeurs des légendes amérindiennes qui se sont transmises de génération en génération. Avec les peluches viennent des petits livres illustrés qui racontent les aventures de Powder, Coal et Copper dans les étendues enneigées des montagnes Rocheuses. Copper dévale les pentes à skis, Power est muni de skis de fond, Coal glisse sur des patins. Et l'imagination peut galoper…

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Trois mascottes sont retenues pour les Jeux de Sotchi 2014, comme les trois marches du podium. La femelle lapin Silviya Petrova, l'ours polaire Oleg Seredechniy et le léopard des neiges Vadim Pak. Lors de la cérémonie de clôture, ces mascottes en version géante s'approcheront de la vasque olympique et c'est l'ours Oleg qui l'éteindra en soufflant dessus. Sur la nouvelle pièce de 25 roubles introduite en 2012 figurent les mascottes des Jeux de Sotchi.

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Enfin, voici le tigre blanc Soohorang, la dynamique mascotte qui a accompagné les Jeux de PyeongChang 2018. Un an plus tôt, un dessin animé vu plus d'un million de fois sur les sites de partage vidéo le montre en train de disputer chacun des quinze sports olympiques. "Sooho" veut dire protection en coréen et "Rang" dérive du mot "ho-rang-i", le tigre. Soohorang protège donc les athlètes, les spectateurs et tous les participants aux Jeux Olympiques. En peluches, il se vend comme des petits pains. En grandeur réelle et géante, il est sur les sites de compétition une des vedettes de ces Jeux !

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