Par Conor Ketley
Si les premières éditions des Jeux Olympiques modernes ont réuni les athlètes sur les terrains, aucun dispositif n’avait été préparé pour accueillir ceux qui se déplaçaient pour y participer.
Le premier village olympique, bâti pour Paris 1924, a remédié à cela. Pour ces Jeux, de petits baraquements en bois avaient été édifiés pour accueillir la majorité des athlètes à quelques minutes de marche du stade de Colombes, l’enceinte du nord-ouest parisien où se déroulait la majorité des épreuves. Au-delà de l’aspect pratique de loger tous les athlètes, ces maisonnettes avaient surtout pour objectif de rassembler tous les participants en un même lieu, au sein d’un petit village qui possédait son propre bureau de poste, son bureau de change, ainsi qu’un restaurant.
«Par le contact qu’ils créent entre les jeunesses de tous les pays, [les Jeux Olympiques] contribuent à développer cette atmosphère de cordialité qui apprend aux hommes à mieux se connaître d’abord, puis à mieux s’estimer, ce à quoi les Jeux de Paris, […] auront puissamment aidé.»
Ce sont les mots de Frantz Reichel, le secrétaire général du comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris 1924 dans le rapport officiel des Jeux. Par cette déclaration, il tenait à souligner combien le Mouvement olympique avait évolué depuis le Congrès olympique inaugural de 1894. Et lors du siècle qui a suivi, le village olympique a endossé un rôle encore plus important dans l’unification du Mouvement olympique.
Bien plus qu’un hébergement
Pour la plupart des villes qui accueillent les Jeux Olympiques, il serait certainement possible de loger les participants dans des hébergements privés, comme des hôtels. Cependant, le village olympique est devenu une partie si emblématique de l’expérience des Jeux pour les athlètes qu’il est désormais impossible d’imaginer une Olympiade sans lui.
Au fil du temps, le village s’est révélé être le véritable creuset des Jeux. Au total, 205 nations et l’équipe olympique des réfugiés du CIO ont été représentées à Tokyo 2020. Le village est l’endroit où les athlètes de tous les pays peuvent se rassembler, loin des projecteurs. C’est ici que naissent des amitiés qui peuvent durer toute une vie.
«Si vous supprimez le village, vous supprimez une partie des Jeux», souligne Henri Specht, directeur du projet de village olympique et paralympique à la SOLIDEO, la société de génie civil en charge des infrastructures du village. «C’est probablement le seul lieu et le seul moment sur la planète où vous avez autant de pays qui se croisent au même endroit. Je pense que l’ensemble des nations sont très attachées à ce village, et les athlètes qui y ont vécu en ressortent avec une expérience de vie assez unique.»
Le village olympique à travers le temps
L’évolution du village
L’impact social a grandi avec le temps pour ceux qui vivent au sein du village olympique, tout comme pour ceux qui vivent en dehors. Paris 2024 offre une réelle opportunité de créer aux abords de la capitale française un espace moderne prenant en compte l’accessibilité et l’impact environnemental.
La différence majeure entre Paris 1924 et Paris 2024 est que le village olympique est désormais construit en ayant en tête sa reconversion, comme cela a été le cas lors des récentes éditions des Jeux. L’objectif n’est plus de bâtir des structures temporaires vouées à être détruites après avoir logé les athlètes pendant quelques semaines: désormais, le but est de créer un impact durable aux retombées positives pour les habitants du Grand Paris.
Le village olympique sera situé à sept kilomètres au nord du centre de Paris, sur les communes de Saint-Denis, de l’Île-Saint-Denis et de Saint-Ouen, à moins de cinq minutes du Stade de France. Sept des 51 hectares qu’il couvre seront dédiés aux espaces verts, avec notamment un parc public bâti en son centre, et quelque 9 000 arbres et arbustes ont été plantés dans le village.
«Le village, c’est pour nous avant tout une opération d’aménagement et d’urbanisme», explique Henri Specht. «Le programme Héritage est notre première priorité. On profite des Jeux pour s'adresser à des publics les plus larges possible.»
Le village olympique vivra donc une première vie au cours de l’été 2024, avant de se transformer un an plus tard, lorsqu’il est prévu qu’il s’ouvre à 6 000 nouveaux habitants. S’il ne faut pas perdre de vue que les Jeux Olympiques et Paralympiques sont la raison d’être du village olympique, l’héritage qui bénéficiera à la ville hôte est dorénavant tout aussi important.
Cet article est la version modifiée de la contribution d'une tierce partie, laquelle a été publiée dans la Revue Olympique. Les articles publiés dans la Revue Olympique ne reflètent pas nécessairement l'opinion du Comité International Olympique.I