Sydney finit en fête !
Les derniers Jeux Olympiques du XXe siècle se referment sur la plus grande fête d'adieu du monde. Quelque 10 000 athlètes, 110 000 spectateurs et des téléspectateurs partout dans le monde sont conviés à la cérémonie de clôture des Jeux à l'australienne, avant de poursuivre la fête dans les rues de Sydney jusqu'au petit matin.
C'est une fête gigantesque, "party" en version originale. Dans le stade olympique et 14 km plus loin, au cœur de Sydney, tout ce que la ville compte comme habitants s'est donné rendez-vous pour célébrer la fin des Jeux. La cérémonie de clôture, après un début très formel, se transforme rapidement en un joyeux délire. Gradins en folie, rock'n'roll et Drag Queens !
Un peu plus tôt, Michael Knight, le président du comité d'organisation, a conclu son discours par ces mots : "Jour après jour, depuis que la flamme a été allumée, la magie et l'engouement n'ont cessé de grandir dans la ville !" Des paroles reflétant la belle réussite populaire des Jeux de la XXVIIe Olympiade. Il faut donc conclure en beauté.
Patrick est l'un des 500 volontaires spécialement engagés pour la cérémonie de clôture. Il tient le rôle d''Audience Leader". Dans son sympathique uniforme, il va se placer pour aider les spectateurs à utiliser tout l'arsenal (petite lampe, claquette à mouches, ballon baudruche, lunettes en papier) que chacun a trouvé sur son siège. "Demain, c'est une journée de vacances. Après demain, je reprends le boulot. Cela va être un réveil brutal", dit-il, "une sacrée gueule de bois. Nous allions en ville avec les copains nous réunir devant les écrans géants pour suivre les compétitions. Un grand, un très grand moment !"
Après que Sydney a transmis le drapeau olympique à Athènes, organisatrice des Jeux de 2004, la jeune Nikki Webster, 13 ans, chante "We"ll be one" tout en haut des gradins, sur une plateforme qui s'élève vers la vasque où brûle encore la flamme. Un chasseur F-111 passe à ras du stade et éteint la flamme.
David est un policier de la grande ville de Nouvelle-Galles du Sud. Il a passé la quinzaine à assurer la sécurité dans le parc olympique de Homebush Bay. "Je n'ai jamais vu autant de monde en un seul endroit et c'est incroyable, il n'y a jamais eu le moindre problème. Tout le monde semblait heureux. C'était génial. J'ai fait plein de belles rencontres. On avait parlé d'un problème de transports ? Ça a été tout le contraire. Les gens n'ont pas pris leurs voitures. La circulation n'a jamais été aussi fluide à Sydney !"
Une fois la flamme éteinte, "Let's Party !" s'affiche sur les écrans géants du stade. C'est donc l'heure de faire la fête ! Tout le monde reprend avec les Midnight Oil leur tube de 1988 "Beds Are Burning". Le chanteur Peter Garrett et tous les membres du groupe se présentent habillés de noir avec sur leurs t-shirts, manches, jambes, l'inscription "SORRY", traduisant ainsi leur volonté qu'un pardon officiel soit demandé aux "générations volées" des Aborigènes australiens. Peter Garrett deviendra ministre dans le gouvernement de Phil Ruud qui présentera des excuses officielles en 2008.
La cérémonie de clôture des Jeux de Sydney bat son plein. Derrière l'une des bouches d'entrée du stade, c'est l'effervescence. Des personnages plus improbables les uns que les autres, des chariots délirants, entrent un à un sur ce qui était il y a encore quelques heures la piste d'athlétisme.
C'est Pene Quarry, la "stage manager", qui règle ce ballet. Trois HF en bandoulière mais un seul téléphone portable. Elle s'agite, donne des ordres, et perd progressivement sa voix. "Nous avons mis quatre mois à préparer la cérémonie d'ouverture, et seulement quinze jours pour la clôture. Nous n'avons jamais pu répéter ce spectacle tous ensemble !"
Le groupe INXS chante son célèbre "What You Need", mais le plus croustillant reste à venir. Alors que Kylie Minogue entonne une chanson mythique pour toute l'Australie, le "Dancing Queen" d'Abba, les icônes de l'île-continent entament leur tour de piste. La star du golf Greg Norman, surnommé "le grand requin blanc", est juché... sur un requin blanc. L'acteur Paul Hogan apparaît sur le chapeau de Crocodile Dundee, le rôle qui l'a rendu mondialement célèbre, le mannequin international Elle McPherson est pour sa part dans un appareil photo géant. Enfin, entre en scène Priscilla, la folle du désert, sur son bus argenté !
Pene Quarry n'a plus de voix, et maintenant, elle n'a plus de portable. Elle le cherche partout. "C'est ma vie !", dit-elle. Le défilé continue de plus belle, personnages en armures argentées, baigneurs de Bondi Beach, gros bonhommes bleus poussant des monstres gonflables. Et autres Drag Queens.
Gavin est le chef de la sécurité du parc olympique. Sa cellule de veille était installée dans le stade de baseball, prête à parer à toute éventualité. "Mais je n'ai rien eu à faire ! Tout s'est bien passé ! J'ai pu profiter à fond de ces Jeux magnifiques !"
Les athlètes qui quittent petit à petit la pelouse passent par l'endroit d'où entrent et sortent tous les acteurs de la cérémonie. Devant les plus drôles, ils s'arrêtent pour se faire prendre en photo avec eux.
Les athlètes qui quittent petit à petit la pelouse passent par l'endroit d'où entrent et sortent tous les acteurs de la cérémonie. Devant les plus drôles, ils s'arrêtent pour se faire prendre en photo avec eux.
Pene Quarry n'a toujours pas retrouvé son portable. Sur la pelouse, la fête bat son plein. Les Drag Queens, qui défilaient avec le chariot hommage au film culte "Priscilla, folle du désert", font fureur. Tout le monde veut sa photo en leur compagnie. Les acteurs de la cérémonie se lâchent. "Quelle atmosphère ! Je ne pensais pas que l'on aurait autant de temps pour danser," remarque James, un des gros bonhommes bleus.
Leona est une grand-mère en uniforme de volontaire qui a fait sa part de travail durant ces Jeux. "Merveilleux ! La cérémonie d'ouverture avait été nettement plus formelle ! Vous avez tous été adorables ! Revenez nous voir !"
Les Jeux de Sydney ont été une magnifique réussite et se finissent dans cette ambiance euphorique. Une dernière chanson, sans doute la plus populaire de la culture australienne, "Waltzing Matilda", interprétée à la guitare acoustique par Slim Dusty que tout le stade reprend en chœur, et c'est le début du feu d'artifice géant qui marque la fin des festivités.
Il remonte sur 14 km à partir de Homebush Bay pour exploser de partout à Harbour Bridge, au cœur de la "City". Les anneaux olympiques sur le pont s'embrasent, puis s'éteignent. Ce sont sans doute des millions de personnes qui convergent vers le centre de Sydney pour continuer la fête jusqu'au bout de la nuit. "By bye Sydney 2000, Welcome to Athens 2004". Pene Quarry, elle, cherche toujours son portable...