Sydney 2000 : 20 ans après, l’héritage de ces Jeux Olympiques apporte réconfort et espoir en ces temps troublés
Il y a vingt ans, Catherine Freeman, une athlète australienne aborigène et fière de l’être, a allumé la vasque olympique marquant la cérémonie d'ouverture de Sydney 2000, des Jeux qui célébraient non seulement les exploits sportifs mais aussi l'unité, le pardon, la résilience et l'innovation.
Deux décennies plus tard, alors que la pandémie de COVID-19 perturbe nos vies, l'héritage olympique de Sydney et les sites post-Jeux gardent cet esprit bien vivant en offrant un environnement sûr qui apporte réconfort et espoir.
Le parc olympique de 430 hectares connaît un nombre record de visiteurs. Rien qu'en avril, 336 000 personnes ont afflué dans cette vaste zone pour marcher, faire du vélo ou simplement se détendre dans le lieu qui a donné le coup d'envoi des premiers Jeux Olympiques du millénaire.
C'est ici que Catherine Freeman a envoyé un signal clair en allumant la vasque olympique : Sydney 2000 allait utiliser sa plateforme pour unir, guérir et dynamiser le pays. Et le reste du monde.
Vêtue d'une combinaison moulante verte et blanche, elle a offert une victoire sensationnelle sur une course de 400 mètres devant une foule de spectateurs enthousiastes. Ce moment emblématique est considéré par beaucoup comme le point de départ de la réconciliation nationale de son pays, qui a finalement abouti en 2008 à des excuses symboliques du Premier ministre australien Kevin Rudd aux peuples indigènes du pays.
Pour John Coates, président du Comité National Olympique d’Australie, vice-président du CIO et président de la commission de coordination des Jeux de Tokyo 2020, l'anniversaire de Sydney 2000 devrait être plus qu'une célébration de l'histoire du sport. C'est plutôt, dit-il, une occasion de réfléchir au rôle des Jeux et d'autres événements sportifs qui pourraient contribuer à unir le monde.
"Nous célébrons le 20e anniversaire des Jeux Olympiques de Sydney à un moment très difficile pour les gens du monde entier et pour la communauté sportive elle-même. J'espère que cet anniversaire nous rappellera à tous, où que nous vivions, le pouvoir qu'ont les Jeux Olympiques d'unir et de dynamiser les peuples, de surmonter les divisions et d'insuffler un changement positif pour les personnes de tous les milieux et de toutes les nationalités. C'était le rêve de Sydney et c'est aussi le rêve de Tokyo 2020 et des futures éditions des Jeux.
"Pour Tokyo, comme pour Sydney, l'athlète sera au centre de tous nos efforts.
Sydney 2000, c'était vraiment les Jeux des athlètes. Toute notre planification – le village olympique, les transports, l'aménagement des sites – a été faite en pensant aux athlètes et nous avons consulté la commission des athlètes du CIO pour nous assurer que tout était bien fait.
"En ces temps incertains, l'attention portée par Tokyo au bien-être des athlètes est formidable".
LES JEUX VERTS
Les sites de Sydney contribuent certainement à maintenir ce rêve en vie.
Le parc olympique, le plus important point de repère depuis les Jeux, a été créé en réaménageant des friches industrielles. Malgré une période difficile après les Jeux, le parc est maintenant connu pour son ensemble florissant d'installations sportives, de loisirs et d'affaires de classe mondiale.
Hébergeant 230 entreprises, le parc accueille chaque jour quelque 21 600 personnes et plus de 14 millions de visiteurs par an. Dans son plan directeur pour 2030, qui vise à dynamiser son héritage, le parc s'engage à émettre zéro émission de carbone et devrait créer plus de 30 000 emplois.
Les Jeux ont également vu la création de nouvelles installations respectueuses de l'environnement dans toute la ville ainsi que de vastes efforts de conservation qui sont une part de l'héritage de Sydney reconnue au niveau international.
Chaque aspect des sites et du village olympique a été construit avec des matériaux respectueux de l'environnement, tandis que les Jeux ont servi à transformer de nombreuses zones voisines de la ville. Quelque 160 hectares de voies navigables ont été nettoyés et 180 hectares de friches industrielles ont été réhabilités.
L'énergie renouvelable a également été largement utilisée dans tout le parc et le village olympique. Le SuperDome de Sydney dispose toujours de l'un des plus grands systèmes d'énergie photovoltaïque d'Australie. La production d'énergie solaire sur place a injecté à ce jour près d'un million de kilowattheures dans le réseau, tout en alimentant le dispositif d’éclairage extérieur du parc et d'autres infrastructures.
ANALYSE DE RENTABILITÉ
La construction du parc a également permis de mettre en place le premier système de recyclage des eaux urbaines à grande échelle d’Australie, qui continue de faire économiser 850 millions de litres d'eau potable par an. Connu sous le nom de WRAMS, ce système recycle l'eau des égouts et les eaux pluviales pour alimenter les chasses d'eau, les fontaines et l'irrigation dans le parc et un quartier voisin.
Outre leur pouvoir social et intégrateur, les Jeux ont été un catalyseur de l'économie de Sydney, en positionnant la ville et le pays comme un centre touristique et commercial majeur.
C'était la première fois qu'une ville hôte utilisait les Jeux Olympiques pour faciliter les opportunités commerciales à long terme. Un nouveau programme financé par le gouvernement, le Business Club Australia (BCA), a été mis en place pour tirer parti du coup de projecteur olympique et conclure de nouveaux accords commerciaux et d'investissement.
En dépit de quelques problèmes de démarrage, le programme a généré 260 millions d'AUS (191 millions d'USD) d'investissements engagés dans le mois qui a suivi la clôture des Jeux de Sydney 2000.
Et au moment des Jeux Olympiques de Beijing 2008, le BCA avait généré un total de 1,7 milliard d'AUS (1,3 milliard d’USD) en accords commerciaux et d'investissement. Il avait organisé 270 événements dans le monde entier, établi de nouvelles relations commerciales entre l'Australie et des pays étrangers et sensibilisé l'opinion à la diversité et aux capacités de l'industrie australienne.
Au cours de la décennie suivante, l'Australie a maintes fois repris la formule lors d'autres événements sportifs tels que la Coupe du monde de rugby en 2003 et les Jeux du Commonwealth en 2006 à Melbourne. Elle a également fait la promotion du savoir-faire australien auprès des entreprises chinoises lors des Jeux Olympiques de Beijing 2008.
Le lien avec la société était un autre élément essentiel des Jeux Olympiques de Sydney. Quelque 40 000 volontaires sont devenus une "force des Jeux" et leurs noms ont été conservés sur les poteaux des volontaires dans le stade olympique de Sydney. Bon nombre de ces personnes ont travaillé par la suite dans d'autres événements sportifs, tels que les Jeux du Commonwealth à Melbourne (2006) et à Gold Coast (2018).
Leur engagement garantit une bonne participation aux célébrations de l'anniversaire de Sydney. En 2010, quelque 18 millions de personnes avaient célébré le 10e anniversaire des Jeux. Et pour célébrer le 20e cette année, le Comité National Olympique d’Australie a lancé la campagne #MySydney2000 sur les médias sociaux en demandant au public de partager des souvenirs de l'événement ainsi que des photos et des réflexions sur ce qu’il représente pour lui aujourd'hui. Les amitiés, les liens et l'esprit social restent bien vivants.
Et alors que le monde se prépare pour Tokyo 2020, des Jeux qui se dérouleront dans des circonstances extraordinairement complexes en raison de la pandémie de coronavirus, l'héritage de Sydney rappellera que l'aspect le plus important des Jeux est bien leur esprit.
"La pandémie pourrait exiger que les Jeux de Tokyo 2020 soient plus simples", indique M. Coates. "Mais lorsqu'il s'agira de surmonter l'adversité et de célébrer l'humanité, Tokyo sera l'une des plus grandes éditions des Jeux jamais organisées".