Rencontre avec Saina Nehwal, la star indienne du badminton
Saina Nehwal est la première athlète indienne à avoir été médaillée olympique en badminton, la première joueuse indienne à avoir été sacrée numéro un mondial et la première Indienne à avoir remporté trois médailles d'or en badminton aux Jeux du Commonwealth. Mais comment en est-elle venue à pratiquer ce sport ? Quels sont ses liens avec la joueuse de tennis Serena Williams ? Qu'aurait-elle fait si elle n'était pas devenue l'une des meilleures athlètes de la planète ?
En avril 2018, la joueuse de badminton Saina Nehwal clôt définitivement le chapitre "blessures" en gagnant le simple dames et l'épreuve par équipes mixtes aux Jeux du Commonwealth. La jeune femme âgée de 28 ans compte désormais une médaille olympique de bronze (Londres 2012), deux médailles remportées aux Championnats du monde (l'argent en 2015 et le bronze en 2017) et trois titres obtenus lors des Jeux du Commonwealth.
De retour auprès de son ancien entraîneur, Pullela Gopichand, après la déception de son élimination dès le premier tour du tournoi olympique aux Jeux de Rio 2016, c'est une Saina Nehwal pleine d'entrain qui nous parle d'elle alors que tous ses espoirs de victoire se portent désormais sur les Jeux de Tokyo 2020.
Confiez-nous quelque chose que peu de personnes savent sur vous!
Je suis très paresseuse (éclats de rire) et je ne sais pas du tout cuisiner. Lorsque je suis à la maison, c'est ma mère qui me prépare mon thé. Je n'aime pas non plus les boissons froides ni l'air conditionné, et j'ai peur des turbulences en avion.
Merci, c'est déjà beaucoup ! En tant que sportive professionnelle, vous voyagez énormément. Comment gérez-vous votre peur des turbulences ?
Difficilement. Si je dois aller de Delhi à Hyderabad (ville où vit Saina), je sais qu'après une heure de vol, il y aura des turbulences, alors je pose énormément de questions aux personnes qui m'accompagnent – pourquoi y a-t-il des turbulences, etc. Si je voyage avec ma mère ou mon père, je m'accroche à eux. Si je suis seule, c'est plus compliqué. Je me renseigne aussi sur Internet et j'en discute avec mes amis. Je déteste les turbulences.
Lorsque que vous rentrez chez vous après avoir remporté un tournoi, que demandez-vous à votre mère de vous cuisiner ?
J'aime l'aloo paratha, un pain plat farci d'une purée de pommes de terre, de piments verts, de cumin et de menthe, cuit avec du desi ghee (une sorte de beurre clarifié) et servi avec du lait fermenté et des pickles. Mais c'est un plaisir que je ne m'accorde plus qu'exceptionnellement maintenant car je dois surveiller mon niveau de graisse corporelle.
À présent, je dois manger des aliments pauvres en matière grasse. Pour le déjeuner, j'opte en général pour un chapati nature (un pain indien) avec des daal (des lentilles) – une bonne source de protéines – accompagné de salade, d'œufs et de légumes de saison. Le soir, je mange du poulet (d'un restaurant) avec un chapati et des légumes.
Et au restaurant, que commandez-vous habituellement ?
J'aime la cuisine maison. J'ai commencé le badminton à l'âge de neuf ans et mon père ne nous amenait jamais au restaurant. Je devais avoir 15 ans quand j'y suis allée pour la première fois. Et c'était uniquement le soir une fois par mois ou avant de partir pour des tournois internationaux.
Mon cercle d'amis se limite à des personnes évoluant dans le milieu du badminton. Nous allons parfois au restaurant, mais là encore je me contente de poulet accompagné d'un tandoori roti (une autre sorte de pain plat indien), d'un peu de salade et d'un cappuccino sans sucre.
Vous faites partie des meilleures joueuses de badminton. Pratiquez-vous d'autres sports de raquette, comme le tennis ou le squash ?
Je joue au tennis sur l'ordinateur. J'aime affronter Serena (Williams) et Maria (Sharapova). Je nage également et j'aime faire des pointes de vitesse avec mon SUV BMW X6 lorsque j'en ai l'occasion.
Depuis combien de temps le badminton occupe-t-il une place centrale dans votre vie ?
Mes parents ont longtemps joué au badminton. Je les ai toujours vus jouer. Ma mère était une bonne joueuse. Elle a participé à quelques tournois régionaux. J'étais une enfant très active. Nous avions une grande pelouse devant la maison ; c'est ce qui m'a donné envie de faire du sport.
J'ai pratiqué tous les sports que l'on pratique lorsque l'on est enfant : la natation, la course, le vélo, etc., mais ce n'est qu'à l'âge de huit ans que je me suis mise au badminton. Mon père a ensuite été promu et nous avons dû déménager du nord au sud de l'Inde, à 3 000 kilomètres de chez nous. Je ne connaissais ni la langue de la région ni les autres enfants.
Depuis cette époque, je ne regarde jamais en arrière. J'ai appris que le sport pouvait m'aider à avancer. C'est devenu mon langage.
Qu'auriez-vous fait si vous n'aviez pas joué au badminton ?
J'aurais pu être médecin. J'étais bonne élève. Ou ingénieur agronome comme mon père. Il possède un doctorat en agronomie de l'Université A&M du Texas, aux États-Unis.
Quelles personnalités sportives ou publiques vous ont le plus influencée ?
J'admire les sportifs. J'aime la détermination, l'endurance et la réussite de Roger Federer, Lin Dan, Li Xuerui, Wang Yihan et Lee Chong Wei.
Viswanathan Anand, le joueur d'échecs indien, et Sachin Tendulkar, le célèbre joueur de cricket, sont aussi une source d'inspiration pour moi par leur talent.
Quels sont vos objectifs à long terme ?
Mon entraîneur s'efforce de faire de moi une meilleure joueuse. J'aimerais participer à mes quatrièmes Jeux Olympiques (à Tokyo en 2020). Je voudrais continuer à jouer au badminton aussi longtemps que je serai en mesure de le faire physiquement parlant. Ensuite, je me verrais bien défendre les intérêts de ce sport dans mon pays.