Gee Won Yoo : intégrer les jeunes grâce au football
Gee Won Yoo, jeune leader du CIO originaire de Corée du Sud, a créé le projet Dream Cup qui permet aux jeunes issus de communautés défavorisées de pratiquer un sport. À travers ce projet, et grâce à sa passion pour le sport et l'Olympisme, Gee Won espère encourager la prochaine génération d'enfants à s'amuser et à apprendre par le sport.
Parlez-nous un peu de vous et expliquez-nous comment vous avez rejoint le programme des jeunes leaders du CIO.
Je m'appelle Gee Won, et l'intégration des minorités – en particulier des jeunes – ainsi que leur représentation dans la société coréenne sont deux sujets qui me passionnent. Je viens d'obtenir mon diplôme et je travaille actuellement dans l'administration du sport international. J'ai commencé mon parcours au sein du mouvement sportif lors des épreuves tests pour les Jeux Olympiques d'hiver de PyeongChang 2018. Après avoir travaillé pour le comité d'organisation de PyeongChang, je me suis tournée vers le Mouvement olympique. À la suite des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires 2018, j'ai rejoint les jeunes artisans du changement [programme rebaptisé depuis "jeunes leaders du CIO"] en tant que représentante de la Corée. Je travaille actuellement au Ministère des Affaires étrangères de la République de Corée, où je prépare l'édition 2021 du Sommet P4G (Partnership for Green Growth and Global Goals).
Présentez-nous votre projet, ses objectifs et les activités proposées.
Le projet Dream Cup est un projet conçu "pour les jeunes par les jeunes". Il a pour ambition de faciliter l'accès des participants à la pratique sportive et de sensibiliser le public aux questions d'intégration en lien avec les populations marginalisées. Sont notamment concernés les jeunes défavorisés issus de minorités ethniques en Corée du Sud, lesquels doivent surmonter bien des obstacles pour pouvoir prendre part aux programmes sportifs proposés à l'heure actuelle par les pouvoirs publics.
Le projet s'articule autour de trois volets, à savoir : des stages de football hebdomadaires, le tournoi de football Dream Cup et des activités de développement professionnel. Les stages de football hebdomadaires sont animés par des athlètes-étudiants de l'Université de Corée qui se sont portés volontaires comme entraîneurs.
Les participants sont des jeunes qui n'ont pas pu s'inscrire dans d'autres clubs sportifs. Les stages hebdomadaires les préparent au tournoi Dream Cup, où ils doivent affronter d'autres équipes juniors.
La Dream Cup est un tournoi de football ouvert aux jeunes auquel participent des équipes juniors multiculturelles venues de toute la Corée du Sud. La compétition est organisée en partenariat avec HopeKids et Amitie, un groupe de bénévoles composé de joueurs professionnels et d'entraîneurs de la Ligue sud-coréenne de football.
Le dernier volet du projet comprend des activités de développement professionnel destinées aux athlètes-étudiants qui ont pris part aux autres composantes du programme. Les athlètes-étudiants bénéficient de conseils et d'une aide à la relecture de la part d'étudiants de dernière année. Quelques participants ont assisté aux séminaires Athlete365 animés par le CIO.
Parlez-nous de l'impact de votre projet Dream Cup.
Au total, 20 jeunes ont participé aux stages de football hebdomadaires qui ont précédé le tournoi Dream Cup. Ils ont été encadrés et soutenus par une équipe de sept athlètes-étudiants.
Le tournoi Dream Cup a été le point d'orgue de ce projet ; il a réuni 80 enfants originaires de sept régions de la Corée du Sud et mobilisé 20 professionnels de la Fédération sud-coréenne de football, notamment des arbitres, des entraîneurs et du personnel administratif.
Le tournoi a plu aux jeunes et une enquête a révélé que plus de 80 % d'entre eux avaient trouvé l'expérience incroyablement enrichissante, ce qui les a encouragés à faire du sport plus régulièrement. En outre, plus de la moitié d'entre eux ont indiqué qu'ils aimeraient participer à nouveau au projet et qu'ils s'étaient fait bien plus d'amis grâce à cette expérience.
De quoi êtes-vous la plus fière concernant votre projet ?
En plus d'offrir des opportunités aux jeunes qui ont des difficultés à pratiquer un sport, j'ai voulu axer mon projet sur le développement professionnel des athlètes-étudiants. En formant un groupe de bénévoles et en préparant les stages hebdomadaires, j'ai offert aux athlètes-étudiants bénévoles des possibilités de développement personnel en dehors du sport d'élite. Je suis particulièrement fière du fait que tous les bénévoles, qu'ils soient athlètes-étudiants ou étudiants de dernière année, aient tiré le meilleur parti de cette expérience et aient réussi à faire carrière dans l'éducation [physique].
Sang Eun Lee, qui a été retenue pour la promotion 2021-2024 du programme des jeunes leaders du CIO, a participé en tant que bénévole au tournoi Dream Cup. Apprendre que la Dream Cup l'a encouragée à postuler au programme des jeunes leaders du CIO et à perpétuer l'héritage des jeunes leaders en Corée me remplit de joie et de fierté.
Que vous a enseigné votre participation au programme des jeunes leaders du CIO ?
Tout d'abord, en découvrant l'entrepreneuriat social, j'ai appris que la réussite, que ce soit celle d'une personne ou d'une entreprise, ne doit pas nécessairement se faire aux dépens d'autrui. On peut réussir et faire le bien en même temps, et c'est ce à quoi nous devons aspirer.
Lorsque j'ai postulé pour la première fois au programme des jeunes leaders du CIO, j'étais motivée par mon amour des Jeux, mais je ne savais pas grand-chose des différents enjeux auxquels notre génération devait faire face, que ce soit l'exclusion sociale, l'apprentissage par le sport ou la durabilité dans le sport. Grâce au programme et en observant la démarche et les projets de mes camarades, j'en ai appris davantage non seulement sur les nombreux défis à relever, mais aussi sur les solutions qui existent.
Enfin, j'ai appris que les jeunes dépassent leurs propres attentes en travaillant ensemble vers un objectif commun. Avec le soutien et les conseils appropriés, nous pouvons œuvrer au service du bien partout dans le monde !
Quels conseils donneriez-vous à la prochaine génération de jeunes leaders et à ceux qui aspirent à résoudre les grands problèmes de société ?
De nombreux jeunes leaders en devenir m'ont demandé des conseils et j'en suis très honorée. Je leur recommanderais en priorité de ne pas se précipiter dans leurs projets. Prenez tout le temps dont vous avez besoin et n'ayez pas peur de demander de l'aide. N'hésitez pas à faire part de vos idées à d'éventuels collaborateurs, même s'il ne s'agit que d'une ébauche. Mon projet a été remanié à de nombreuses reprises et a évolué par rapport à mon idée de départ. Vous pouvez assembler toutes les pièces du puzzle au fur et à mesure, alors ne vous découragez pas trop si certains de vos plans tombent à l'eau. Tout finit par se mettre en place.
Quelle importance le soutien du partenaire TOP Panasonic a-t-il eue pour votre projet ?
Le fait de bénéficier du soutien de Panasonic m'a aidée à trouver des sponsors locaux qui ne connaissaient ni le CIO ni son programme des jeunes leaders. La vaste couverture dont j'ai pu bénéficier, grâce aux articles et aux vidéos diffusés sur le site web de l'entreprise, a mis mon projet sous le feu des projecteurs. Panasonic est manifestement un partenaire olympique qui investit dans le bien-être des communautés du monde entier par le biais du sport, ce qui est en totale adéquation avec les valeurs olympiques. Je souhaiterais voir davantage de partenaires TOP se mobiliser de la même manière. J'ai apprécié le soutien que j'ai reçu de l'équipe de Panasonic et je tiens à lui exprimer toute ma gratitude !
Puisque mars est le mois de la femme, et de la parution de cet article, pouvez-vous nous dire ce que représente l'égalité des sexes pour vous et comment vous avez abordé cette problématique dans le cadre de votre projet ?
Je me considère comme une femme de couleur, aussi l'égalité des sexes est-elle bien évidemment l'une de mes deux grandes préoccupations. En outre, j'ai eu à cœur d'intégrer l'aspect "égalité des sexes" dans mon projet car, en grandissant, on m'a dissuadée de faire du sport.
À travers ce projet, je voulais m'assurer que des filles participeraient à nos stages de football. Même si nous ne sommes pas parvenus à une représentation égale des sexes, nous avons toujours encouragé les parents à amener leurs filles aux stages.
Nous nous sommes également efforcés d'associer au projet des entraîneurs et des bénévoles femmes ; à noter à cet égard que 65 % des bénévoles étaient des femmes.
Enfin, nous sommes fiers qu'une équipe de footballeuses professionnelles ait été présente lors du tournoi, car les filles qui ont pris part au projet ont ainsi eu la chance de rencontrer des femmes pratiquant ce sport au niveau professionnel.