Son palmarès en dit long sur la place qu’il occupe dans la natation française, et plus largement dans le sport. Quatre médailles olympiques, dont deux en or. En tête de liste, le titre de champion olympique du 100 mètres aux Jeux de Pékin en 2008. Le premier de l’histoire pour un nageur français, le seul à ce jour.
À 41 ans, Alain Bernard a raccroché son maillot depuis près de dix ans. Mais il n’a pas quitté les bassins. Le Français sera présent aux Jeux de Paris 2024. Un événement dont il mesure l’impact sur la natation française, à court terme, mais aussi pour son avenir.
Qu’allez-vous faire pendant les Jeux de Paris 2024 ?
J’ai la chance de pouvoir les vivre de l’intérieur. Je collabore avec Eurosport comme consultant sur les épreuves de natation. Il me reviendra d’apporter une analyse technique, tenter d’expliquer pourquoi tel nageur va vite, pourquoi tel autre semble aller un peu moins bien. La deuxième semaine des Jeux, je serai présent pour des opérations de relations publiques avec un partenaire, une expérience qui sera répétée aux Jeux Paralympiques.
Consultant pour un diffuseur, est-ce un nouveau rôle ?
Non. J’ai commencé à Rio en 2016, une année après la fin de ma carrière de nageur. À Tokyo 2020, j’ai assuré les commentaires en cabine, depuis Paris. Pas l’idéal. Paris 2024 s’annonce comme une édition différente, avec un engouement que j’anticipe assez extraordinaire. J’ai eu la chance d’assister au départ du relais de la flamme olympique, à Marseille, le 8 mai. J’ai pu mesurer la ferveur du public. Le début du relais en France a lancé les Jeux de Paris 2024 pour les Français.
Avez-vous été impliqué dans la préparation des Jeux de Paris 2024 ?
Je travaille depuis plusieurs années avec une société à Montpellier, dans le sud-est de la France, Vogo Sport, spécialisée dans la vidéo au service du sport. Nous avons développé un système d’analyse du geste et de la technique, qui a été installé au Centre aquatique à Saint-Denis. Il sert notamment aux spécialistes du plongeon pour mieux analyser leurs performances. Je suis très fier d’avoir contribué, avec ce projet et cette réalisation, à faire avancer la discipline.
Les nageurs français vont vivre, pour la première fois de leur carrière, des Jeux Olympiques à domicile. Est-ce une expérience tout à fait différente ?
Ils seront très attendus. La pression sera donc un peu plus forte. Vivre l’événement dans son pays apporte un supplément d’âme. Mais un athlète de haut niveau cherche toujours à faire de son mieux, quel que soit le pays où il se trouve.
Les Jeux Olympiques sont l’aboutissement d’années de travail. Pour la natation, ils durent huit jours. C’est à la fois long et très court. Il faut savoir profiter de l’instant, vivre l’événement à fond, se laisser gagner par la ferveur, mais sans se perdre et laisser échapper sa chance. L’équilibre est délicat.
Que pensez-vous des sites de compétition choisis par le COJO de Paris 2024 pour les disciplines de la natation ?
Paris 2024 met vraiment les Jeux au coeur de la ville. Le dispositif imaginé pour les disciplines aquatiques, avec la natation course à la Défense Arena, l’eau libre dans la Seine, la natation artistique, le plongeon et une partie du water-polo au nouveau Centre aquatique, est très bien pensé. Il permet de démultiplier les lieux de compétition et d’offrir aux spectateurs des expériences différentes. La Défense Arena s’annonce comme un vrai chaudron. Le Centre aquatique aura une deuxième vie, après les Jeux, en s’ouvrant aussi à d’autres sports comme le padel et l’escalade. Quant à la Seine, les Jeux de Paris 2024 ont constitué un formidable accélérateur pour la rendre baignable. Sans eux, les travaux d’assainissement n’auraient peut-être jamais été entrepris.
Les Jeux de Paris 2024 peuvent-ils changer la natation française ?
Nous avions jusqu’à maintenant une natation très disparate sur le plan géographique, sans point de ralliement. Le Centre aquatique va jouer ce rôle. Il est déjà acquis que la France y organisera les Championnats d’Europe en 2026. Deux ans après Paris 2024, cette « deuxième couche » va redonner de la visibilité à la natation. Tout cela devrait permettre de développer la pratique. Je fais le vœu que les jeunes Français soient nombreux, après Paris 2024, à pousser la porte d’une piscine pour se mettre à la natation, sous une forme ou une autre.
Publié dans la Revue olympique 122