L'Olympic Refuge Foundation met le sport au service de la santé mentale des réfugiés et des personnes déplacées
Alors que la Journée mondiale des réfugiés attire l'attention de la planète sur le sort des millions de personnes déplacées dans le monde, l'Olympic Refuge Foundation (ORF) s'emploie à aider les personnes en situation de crise afin qu'elles aient accès à un environnement sûr et accueillant lorsqu'elles pratiquent une activité sportive. L'ORF a été fondée par le Comité International Olympique (CIO) en 2017.
Depuis fin 2022, l'ORF dirige une initiative pilote ayant pour ambition d'améliorer les compétences psychosociales fondamentales des entraîneurs, des joueurs, des administrateurs et de toute personne travaillant dans le monde du sport. La formation s'appuie sur les principes et le conditionnement des premiers secours psychologiques, adaptés aux contextes et scénarios sportifs, et sur un coaching sportif qui tient compte des traumatismes. Dans le même temps, des professionnels en matière de santé mentale ont été sensibilisés aux données probantes sur le sport et à ses bienfaits pour la santé mentale et le bien-être psychosocial, et encouragés à envisager les possibilités d'établir des liens avec le secteur du sport dans leurs contextes respectifs.
Le nombre de réfugiés et de personnes déplacées dans le monde continue d'augmenter. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a récemment annoncé que l'on estimait à 110 millions le nombre de personnes contraintes de fuir leur foyer en raison de la guerre, des persécutions, de la violence et des violations des droits humains. Les déplacements forcés se traduisent souvent par des expériences stressantes et traumatisantes pour ceux qui ont dû tout laisser derrière eux, ce qui peut avoir un impact négatif sur leur capacité à apprendre, à s'adapter et à nouer des relations. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que plus d'une personne sur cinq touchée par un conflit souffre d'un problème de santé mentale tel que la dépression, l'anxiété ou un trouble de stress post-traumatique (TSPT).
Dans le même temps, il est de plus en plus évident que le sport et l'activité physique peuvent jouer un rôle positif dans la santé mentale et le bien-être psychosocial. Pour que les bienfaits du sport se concrétisent pleinement, il est important que le sport et l'activité physique soient pratiqués correctement, en particulier lorsque l'on travaille avec des personnes qui ont été soumises à de graves facteurs de stress ou qui ont subi des traumatismes. Les entraîneurs sportifs et les professeurs d'éducation physique doivent être sensibilisés au vécu des réfugiés et des personnes déplacées afin de veiller à ce que les activités physiques soutiennent efficacement leur santé mentale et combattent leur sentiment de stigmatisation et de discrimination.
Le sport comme moyen d'accès au soutien
Afin de répondre à ce besoin croissant de soutien en matière de santé mentale, l'ORF a relevé la position unique qu'occupent les entraîneurs et les animateurs d'activités physiques pour proposer des activités sportives sûres, positives et axées sur le processus de guérison. Lorsque les personnes déplacées commencent à s'installer dans leur pays d'accueil, bon nombre d'entre elles s'inscrivent dans des clubs et installations sportives au niveau local, qui peuvent servir de point d'entrée vers d'autres services de santé mentale et de soutien psychosocial dont elles sont susceptibles d'avoir besoin.
Le Dr Leslie Snider, membre du groupe de réflexion de l'ORF qui a travaillé de concert avec la fondation à l'élaboration et à la mise en œuvre du programme pilote, a déclaré : "Les avantages d'associer santé mentale, soutien psychosocial et sport sont nombreux. D'une part, le sport est un point d'accès important pour atteindre les jeunes qui peuvent avoir besoin de soutien, mais qui ne connaissent peut-être pas les services de santé mentale ou ne se sentent pas à l'aise pour y accéder. Le sport est une activité que les jeunes valorisent et souhaitent pratiquer, et ils sont donc plus susceptibles de s'y engager sans craindre d'être stigmatisés. D'autre part, le sport proposé par des entraîneurs qualifiés offre la possibilité d'un mentorat adulte qui peut apporter protection, stabilité et modèle positif aux jeunes. Et enfin, dernier point non négligeable, le sport offre aux jeunes la possibilité de participer à des activités bénéfiques non seulement pour leur santé physique, mais aussi pour leur santé mentale, leurs relations et l'acquisition de compétences de vie telles que la coopération et le fair-play."
Travailler en partenariat afin d'obtenir des résultats à grande échelle
En étroite collaboration avec des partenaires tels que le Comité National Olympique de Moldova, le ministère polonais des Sports et l'OMS, l'ORF a assuré la formation de 65 entraîneurs sportifs et professeurs d'éducation physique, et de 25 professionnels en matière de santé mentale.
D'abord testée à Paris, l'initiative est maintenant déployée en République de Moldova et en Pologne, pays qui ont connu un afflux important de personnes déplacées en provenance du pays voisin, l'Ukraine. Bien que l'initiative n'en soit qu'à ses prémices, la phase pilote a démontré son important potentiel de transposition à plus grande échelle. Les 35 entraîneurs sportifs et professeurs d'éducation physique formés en Pologne ont à leur tour formé 510 autres professionnels qui font pratiquer un sport à plus de 50 000 jeunes, ce qui prouve qu'un programme bien conçu peut toucher un très grand nombre de personnes.
Ainsi que le Dr Leslie Snider l'a confié : "Il était surprenant de voir la transformation des professionnels spécialisés dans la santé mentale, lesquels ne considéraient pas le sport comme une pratique qu'ils pouvaient utiliser dans leur travail, finalement l'adopter sans réserve comme un outil important et ayant un impact. Nous avons également été surpris de constater à quel point les entraîneurs, dans tous les pays où nous avons dispensé la formation, étaient avides d'informations sur la santé mentale et sur la manière dont ils pouvaient travailler avec les jeunes et les soutenir en assumant leur rôle d'entraîneur."
À l'avenir, l'ORF travaillera en partenariat avec d'autres organisations afin de veiller à ce que la mise en œuvre de ce modèle – lequel associe éducation, entraînement sportif et compétences psychosociales fondamentales – bénéficie aux personnes déplacées, et ce à grande échelle.