La fabuleuse épopée d’un volontaire olympique
La Journée internationale des volontaires, qui a lieu chaque année le 5 décembre, est l’occasion de se rappeler que les Jeux Olympiques ne pourraient pas fonctionner sans ces bénévoles. Dans les domaines d’expertise les plus variés, ils sont tous les deux ans (Jeux d’hiver et d’été) plusieurs dizaines de milliers venus de tous les horizons à mettre leurs compétences au service de l’organisation, auprès des spectateurs, des délégations et durant les compétitions elles-mêmes. On dit souvent que ce sont les volontaires qui « font les Jeux ».
Guidé par sa passion, le Londonien Paul Wignall a été deux fois volontaire aux Jeux Olympiques. En 2012 dans sa ville, où il a participé à l’organisation en tant que chauffeur officiel, et en 2016 à Rio, dans un rôle totalement différent. Il nous raconte son expérience.
Pourquoi avez-vous voulu devenir un volontaire ?
J’ai toujours adoré les Jeux Olympiques. Ils m’ont inspiré depuis ma plus tendre enfance. J’ai 63 ans aujourd’hui, je me souviens des Jeux de Rome en 1960 et de ceux de Tokyo en 1964 (j’avais 11 ans) à la télévision, en décalage horaire. Je suis un fana de sport, je pratique l’athlétisme en spécialiste du sprint, mais je suis aussi entraîneur pour les coureurs longue distance, je leur apprends à améliorer leur vitesse dans leurs épreuves d’endurance. Lorsque Londres a eu les Jeux en 2005, j’ai vu sur le site du comité d’organisation qu’ils lançaient un programme de volontariat. J’ai postulé sans ne m’attendre à rien.
J’étais un candidat âgé. Qu’avais-je à offrir ? Je suis un conducteur expérimenté, je connais très bien ma ville. Le comité d’organisation recherchait des gens motivés, avec la bonne attitude, la bonne éthique de travail. Parmi mes atouts, il y avait le fait que j’étais un entraîneur. Et j’ai été accepté pour être un des 50 000 volontaires sur, sans doute, plus d’un quart de million de candidatures.
Comment s’est passée cette première expérience ?
Il y a tout d’abord eu une incroyable période d’entraînement, générale puis spécifique. Mes qualités de chauffeur ont été testées, mon sens de l’anticipation, ma capacité d’adaptation aux voitures du comité d’organisation. Puis, en juillet 2012, c’était parti. J’ai eu mon planning, je convoyais athlètes, officiels, membres de la famille olympique d’un site à l’autre. J’ai adoré ça. J’étais si fier d’être impliqué dans ces Jeux à la maison ! Je savais que cela n’arriverait plus jamais.
Qu’en avez-vous retiré ?
Les Jeux de Londres ont été fantastiques. Tout s’est bien passé. Même la météo s’est mise de la partie. J’ai apporté ma petite contribution, j’ai fait partie de ce grand succès pour ma ville et pour mon pays. L’ambiance était extraordinaire, au milieu de ces 50 000 volontaires tellement passionnés, tellement décidés à s’impliquer. J’ai été triste quand cela s’est achevé, mais en même temps, cela m’a rendu encore plus enthousiaste. Je me suis dit que je pouvais le refaire !
Plus on y met de soi-même, plus on en retire !
Comment avez-vous fait pour revivre cette expérience à Rio ?
J’ai pu mettre une alerte en place sur leur site officiel, tout de suite après les Jeux de Londres. Il fallait être patient. Et en 2014, j’ai pu poster ma candidature. Il y a eu une interview en ligne sur Skype avec un petit groupe de personnes venues du monde entier. On nous a donné 10 minutes pour trouver la façon de synthétiser ce que représentaient les Jeux. On a travaillé en groupe pour confronter nos idées. C’était très stimulant ! En novembre 2015, j’ai reçu une réponse. J’étais accepté. J’étais si excité, tellement ravi ! J’allais à Rio, mais pour y tenir un rôle totalement différent…
Quel rôle ?
À Rio, j’ai travaillé au tableau de marque des matches de basketball féminins. C’était vraiment très intéressant. Cela concernait la partie « statistiques », rebonds, tirs à 2 et 3 points, lancers francs, interceptions, etc. etc. Une expérience extraordinaire. Je me souviens du match Canada-Turquie, dans une ambiance de feu, l’arrivée des équipes, leur échauffement, la musique à fond, et il fallait ensuite donner les informations en temps réel, dans ce bruit et cette fureur, un véritable challenge, car il ne fallait surtout pas se tromper !
Dans quelle ambiance avez-vous évolué ?
Rio est une ville remarquable. Ils ont fait un boulot fantastique. On avait parlé de difficultés pour leur organisation, mais ces Jeux ont marché parfaitement. Les gens étaient particulièrement amicaux. Dès qu’ils voyaient nos uniformes, ils voulaient nous aider. Les Brésiliens étaient très chaleureux avec les volontaires.
Bilan de cette nouvelle expérience ?
Sur le site du basketball, j’ai travaillé avec des salariés du comité d’organisation, et avec d’autres du chronométreur officiel, des gens venus du monde entier. C’est si précieux. C’est imbattable. J’ai aussi eu la chance d’avoir du temps libre. J’ai pu profiter de cette ville merveilleuse. Et puis, au final, on n’est qu’une toute petite part d’un énorme ensemble, mais en additionnant toutes ces petites parts, on fait une vraie différence.
Quel conseil donneriez-vous à quiconque veut devenir un volontaire olympique ?
Vous devez toujours avoir la bonne attitude, vous devez être très motivé, et bien sûr vous devez être passionné par les Jeux et avoir le Mouvement olympique dans votre cœur. Il n’y a aucune place pour le cynisme. Il y a toujours des critiques, mais on veut en faire un succès car on y croit. On devient alors une toute petite part de l’événement et cela apporte une immense satisfaction. « The More You Put Into It, The More You'll Get Out Of It » (Plus on y met de soi-même, plus on en retire !).