L'histoire de la Trêve olympique
Instaurée dès les premiers Jeux Olympiques antiques en 776 avant J.-C., relancée par le Comité International Olympique au début des années 1990 avec l'appui des Nations Unies, la Trêve olympique, qui appelle à cesser tous les conflits dans le monde durant les Jeux, est un moment fort renouvelé tous les deux ans. Voici son histoire.
La genèse de la Trêve olympique remonte à l'origine même des Jeux, avec le Roi d'Élide (Péloponnèse), Iphitos. Il entend briser le cycle incessant des conflits armés en les remplaçant par des compétitions sportives pacifiques qui auront lieu tous les quatre ans. La légende raconte qu'il aurait été consulter l'Oracle de Delphes, et que la Pythie lui aurait conseillé d'instaurer les Jeux Olympiques, dont la première édition a lieu en 776 avant notre ère. Iphitos est soutenu par deux autres souverains, Lycurgue de Sparte et Cléosthènes de Pise et tous trois signent un traité qui appelle à la trêve, connue sous le nom d'"Ekecheiria".
Ainsi, tous les quatre ans, lorsque les Jeux ont lieu à Olympie, les différents conflits régionaux cessent, en commençant sept jours avant l'évènement, pour s'achever sept jours plus tard. Durant la trêve, les athlètes, les artistes, leurs familles et tous les pèlerins peuvent voyager en toute sécurité pour participer aux Jeux ou y assister. Lorsqu'approche le début des Jeux Olympiques, l'Ekecheiria est proclamée et annoncée par les citoyens d'Élide qui voyagent à travers la Grèce pour porter le message.
Juan Antonio Samaranch lance la Trêve olympique à Lillehammer en 1994
Les Jeux Olympiques sont rétablis par le Baron Pierre de Coubertin le 23 juin 1894 à Paris, et la première édition des Jeux modernes se tient à Athènes en avril 1896. Au XXe siècle, les Jeux prennent de l'ampleur, pour devenir le rassemblement sportif le plus important et le plus suivi du monde.
Mais ce n'est qu'environ 100 ans plus tard, précisément en 1992, que le Comité International Olympique prend l'initiative de faire revivre la trêve olympique en lançant un appel planétaire pour qu'elle soit à nouveau observée. Il négocie ainsi avec les Nations Unies pour permettre aux athlètes de l'ancienne Yougoslavie de participer aux Jeux d'été de 1992 à Barcelone sous la bannière olympique. En 1993, durant sa 48e session, l'Assemblée générale de l'ONU presse ses pays membres d'observer la trêve lors des prochaines éditions des Jeux. Ainsi, la Trêve olympique est proclamée pour la première fois dans l'histoire moderne aux Jeux d'hiver de 1994 à Lillehammer.
Cela donne l'occasion au président du CIO, Juan Antonio Samaranch, de prononcer un discours d'une grande puissance lors de la cérémonie d'ouverture devant le public du stade olympique Lysgårdsbakken et les centaines de millions de téléspectateurs. Il rappelle que les Jeux d'hiver de Sarajevo se sont déroulés tout juste dix ans auparavant, et que la ville bosniaque subit en cet hiver 1994 un siège meurtrier. Il dit alors avec force "S'il vous plaît, arrêtez de vous battre, arrêtez les tueries, lâchez vos armes !". Un appel qui résonne bien au-delà de la petite localité de l'Oppland norvégien.
Des initiatives dans le monde entier
Une résolution aujourd'hui intitulée "Pour l'édification d'un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l'idéal olympique" est présentée à l'Assemblée générale des Nations Unies, qui l'adopte cette même année 1994 et la renouvelle depuis lors à chaque édition des Jeux.
En novembre 2003, alors que les Jeux Olympiques vont revenir aux origines à Athènes en 2004, la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU "Demande à tous les États membres de coopérer avec le Comité International Olympique dans ses efforts visant à utiliser la Trêve olympique comme un instrument pouvant promouvoir la paix, le dialogue et la réconciliation dans les zones de conflit pendant et après la période des Jeux Olympiques, et "Demande au secrétaire général de promouvoir l'observation de la Trêve olympique parmi les États membres ainsi que l'appui apporté aux initiatives de développement humain grâce au sport, et de coopérer avec le Comité International Olympique à la réalisation de ces objectifs".
Toutefois, la présentation et l'adoption bisannuelle de cette résolution de l'ONU est loin d'être le seul soutien international apporté à la Trêve olympique, avant et pendant les Jeux. L'action de personnalités de tous les pays aide ainsi à élever et à porter plus loin la contribution des Jeux et du sport à la résolution des conflits et à la promotion des valeurs olympiques d'amitié et de respect.
Les objectifs prioritaires du CIO pour la Trêve olympique sont de mobiliser la jeunesse pour la promotion des idéaux olympiques, d'utiliser le sport pour jeter des ponts entre les communautés en conflit, et plus généralement, d'ouvrir de nouvelles perspectives de dialogue et de réconciliation. Les différents comités d'organisation des Jeux contribuent pleinement à la promotion de ces thèmes, et les engagements du CIO s'étendent au-delà de la période des Jeux, ce qui a conduit à la mise en œuvre de nombreuses activités sur le thème du sport pour la paix par l'intermédiaire de ses plus de 200 Comités Nationaux Olympiques.