Kazuki Yazawa - Le kayakiste slalomeur qui partage son temps entre la pagaie et la prière

Le quotidien du champion japonais de canoë slalom Kazuki Yazawa, c'est quitter son travail à 15h, conduire sa camionnette vers la rivière Sagawa, et changer sa toge noire pour sa combinaison étanche. Car lorsqu'il n'est pas à l'entraînement ou en compétition, Yazawa est un prêtre bouddhiste.

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Kazuki Yazawa - Le kayakiste slalomeur qui partage son temps entre la pagaie et la prière
© 2016 Getty Images

L'athlète de 29 ans s'est mis au kayak après avoir vu son père pagayer sur une rivière locale, et il s'est tout de suite fixé comme objectif d'atteindre les Jeux Olympiques. Un but partagé, et même atteint, par sa soeur Aki, ayant elle aussi disputé les Jeux en kayak slalom.

Il explique qu'il apprécie particulièrement la sérénité de ce sport : "Quand je suis sur l'eau dans mon kayak, je me sens en sécurité, je peux vraiment être moi-même", plaisante-t-il. Il aime aussi les défis du grand air. "La partie la plus agréable, c'est pagayer dans les forts courants, on se sent comme sur des montagnes russes naturelles".

Participant aux compétitions internationales depuis 2006, Kazuki a déjà disputé trois éditions des Jeux d'été. À Beijing, en 2008, il est éliminé en qualifications du K1, puis à Londres en 2012, il se qualifie pour la finale et se classe 9e, meilleure place jamais atteinte par un pagayeur japonais. Enfin, à Rio en 2016, il termine au 11e rang.

Une nouvelle vie

N'ayant pas la possibilité de subvenir à ses besoins en tant que sportif à plein temps, et malgré ses impressionnantes performances sur la scène olympique et mondiale, il a décidé d'embrasser une nouvelle carrière. Son changement de direction radical lui a été inspiré par l'ancien président de l'association de canoë-kayak de Nagano, Kenei Koyama. "Je me suis dit, 'Je veux devenir comme lui, quelqu'un qui peut aider les gens'. Il était moine au monastère de Zenko-ji, alors j'ai pensé  'Je veux devenir un moine là-bas aussi' ", explique-t-il.

Ainsi, à l'âge de 27 ans, il fait ses voeux perpétuels et commence sa nouvelle vie, en tant que Kyoei Yazawa. Chaque jour, il se lève avant l'aube pour effectuer ses tâches durant la journée. Notamment réciter des prières, et écrire des bénédictions pour les visiteurs. Il compare la création de la calligraphie des bénédictions avec le canoë-kayak : "Vous recommencez encore et encore, et cela devient une partie de vous. Tout dépend de l'effort que vous y mettez".

© Getty Images

En fait, Kazuki Yazawa n'a jamais pensé à continuer son sport en compétition, une fois qu'il a démarré sa vie de moine à plein temps. "Je n'ai jamais eu l'intention de me partager entre les deux", explique-t-il. "Quand j'ai débuté en tant que prêtre bouddhiste, j'ai décidé de m'y consacrer à temps plein, et que ma vie de kayakiste continuerait pendant mon temps libre". Il a cependant remporté le titre national en kayak slalom en 2015, puis il a été sélectionné dans l'équipe japonaise pour les Jeux de Rio 2016. Cela signifiait que sa carrière sportive allait plus que jamais continuer, et qu'elle nécessiterait six jours d'entraînement par semaine, et il adapta ce régime avec ses devoirs monastiques.

Kazuki Yazawa a maintenant le désir de gagner la médaille d'or quand le Japon va être l'hôte des Jeux d'été, à Tokyo en 2020. Et ce but entraîne une décision difficile. Puisqu'il n'y a pas d'installations pour pratiquer le slalom à Nagano, et ayant toujours besoin de financer sa carrière sportive sans aucun sponsor, il a décidé de quitter le monastère de Daikanjin. Il s'est vu offrir un travail par la municipalité d'Aomori, proche des installations où il va pouvoir s'entraîner. "Cela va me permettre de me concentrer sur mon sport et d'apaiser mon esprit", explique-t-il.