Anna Korakaki : un "exemple vivant" de la manière dont faire d'une déception aux JOJ un succès olympique

La spécialiste grecque du tir s'apprête à raconter aux jeunes athlètes de Buenos Aires 2018 comment elle a réussi à transformer sa déception de Nanjing 2014 en deux médailles à Rio en 2016.

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Anna Korakaki : un "exemple vivant" de la manière dont faire d'une déception aux JOJ un succès olympique
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Si un jeune athlète a l'impression que son monde s'écroule après un raté ou un vrai désastre lors des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) l'année prochaine à Buenos Aires, il pourra se consoler en repensant à l'histoire d'Anna Korakaki. La spécialiste grecque du tir, laquelle jouera les athlètes modèles à Buenos Aires 2018, connaît en effet très bien cette déception, et plus important encore, elle sait comment la transformer en or olympique.

Après avoir terminé quatrième dans l'épreuve du pistolet à air comprimé 10 m aux Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2014 à Nanjing, Anna Korakaki était inconsolable. Deux ans plus tard à Rio de Janeiro, elle est devenue la première Grecque à remporter deux médailles olympiques dans une même édition des Jeux.

"Ma déception à Nanjing était … Je n'ai pas de mots pour la décrire. Aujourd'hui encore, alors que j'ai gagné deux médailles olympiques lors des 'grands' Jeux, je me souviens encore de ce sentiment. C'est encore frais", confie la jeune femme de 21 ans au site olympic.org.

C'est une athlète modèle qui a sorti Anna Korakaki de sa tristesse à Nanjing, même si dans les moments qui ont suivi l'échec si près de la médaille, ses mots n'ont pas suffi.

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"Elle tirait à la carabine (la Serbe Ivana Maksimovic) et elle est venue me voir juste après la finale, lorsque j'étais au plus mal et sur le point de fondre en larmes", confie Anna Korakaki. "Elle m'a dit 'Ne t'inquiète pas, tu es très talentueuse et tu vas aller aux Jeux Olympiques, j'en suis convaincue. Crois en toi et travaille pour atteindre cet objectif'."

"À ce moment précis, c'était encore trop frais, donc je l'ai remerciée et lui ai dit qu'elle était très encourageante mais je pensais que ces mots étaient juste du réconfort, rien de plus, je n'y croyais pas. Je ne savais même pas encore si je serai qualifiée, comment je pourrai participer aux Jeux dans deux ans ?"

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"Deux ans plus tard, j'avais deux médailles autour du cou suite à mes premiers Jeux Olympiques."

"J'y repense encore parfois. Lorsque j'ai quitté Nanjing, dans l'avion, je me suis dit, oui, elle a raison."

"C'est pourquoi je pense que je peux vraiment motiver les athlètes qui n'atteindront pas le podium (à Buenos Aires). Pour eux, c'est une catastrophe, et à cet âge, ils sont très sensibles. Je sais parfaitement comment ils se sentent et je pourrai les aider un peu et les guider sur le chemin d'un bon mental. Je serai un exemple vivant pour eux."

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Anna Korakaki, qui a décroché l'or dans le 25 m à air comprimé et le bronze dans le 10 m à air comprimé à Rio, a dit que sa première réaction lorsqu'on lui a demandé de devenir athlète modèle à son tour a été "ouah". Elle sait combien ce rôle peut avoir une incidence sur les athlètes et elle sait très bien de quelle manière les Jeux Olympiques de la Jeunesse peuvent préparer les athlètes pour la plus grande de toutes les arènes sportives.

"Nanjing a été la première fois où je voyais quelque chose de cette ampleur – le village olympique, tout était comme dans de vrais Jeux, donc j'étais un peu sous le choc. Les installations, les sites, les restaurants. J'étais un peu perdue."

"Mais lorsque je suis allée à Rio deux ans plus tard, c'était comme me dire 'ok, je connais et je sais comment agir et quoi faire.' Le niveau est évidemment différent, mais j'étais à l'aise."

L'un des plus grands conseils d'Anna Korakaki aux athlètes qui se préparent pour Buenos Aires 2018 est de réfléchir attentivement à ce qu'ils souhaitent exposer d'eux-mêmes dans le monde numérique d'aujourd'hui.

"Je dirais qu'un mois avant les Jeux, ils ne devraient pas suivre ce qui est écrit sur eux dans leur pays et sur les sites consacrés aux sports, car cela met énormément de pression."

"Je pense la même chose à propos des médias sociaux. Six mois avant Rio, j'ai supprimé mon compte Facebook et trois mois avant j'ai arrêté d'utiliser Instagram. Facebook, Twitter et les autres réseaux sociaux peuvent causer des problèmes, vous pouvez y avoir quelque chose qui vous blesse, vous rend triste ou vous contrarie."

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"Peut-être qu'en faisant défiler le fil, vous allez voir une photo de votre ex avec quelqu'un d'autre et cela va vous ennuyer. Les adultes ont parfois du mal à gérer cette situation, alors imaginez des adolescents."

Anna Korakaki étudie à l'université pour devenir enseignante pour les personnes qui souffrent de handicap et elle semble avoir un instinct naturel pour aider les autres à réaliser pleinement leur potentiel. Jouer les mentors pour un athlète à Buenos Aires qui pourrait ensuite devenir un concurrent pour décrocher une médaille aux Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo ne l'inquiète pas du tout.

"Je serai ravie si je sais que j'ai pu contribuer à une petite partie de son succès. Cela me donne des frissons rien que d'y penser. J'en pleurerais", nous confie-t-elle.