Une nouvelle épreuve spectaculaire aux Jeux : le départ groupé en ligne en patinage de vitesse
Imaginez plus de vingt concurrents ou concurrentes s'élançant de front sur un anneau de vitesse pour se disputer la victoire. C'est ce qui va se passer en patinage de vitesse aux Jeux de PyeongChang 2018, le départ groupé en ligne, qui a fait ses débuts olympiques aux JOJ de Lillehammer 2016 et aux JOJ d'Innsbruck 2012 ayant été ajouté au programme aux côtés des épreuves par paires contre-la-montre et de la poursuite par équipes.
Le départ groupé en ligne est déjà une formule très prisée et particulièrement spectaculaire aux Jeux Olympiques d'hiver, en biathlon, en ski de fond ou en patinage de vitesse sur piste courte. Elle fut également utilisée en patinage de vitesse 86 ans avant les Jeux de PyeongChang 2018, à Lake Placid en 1932. En effet, en Amérique du nord, toutes les compétitions dans la discipline avaient lieu en départ groupé, tandis que les épreuves contre-la-montre par paires restaient la formule dominante aux Jeux comme aux Championnats du monde. Le départ groupé exigeant une gestion de course et des options tactiques bien différentes, les patineurs américains avaient tout raflé à Lake Placid, avec Jack Shea vainqueur du 500 m et du 1 500 m, et Irving Jaffee, premier du 5 000 m et du 10 000 m. Les coureurs s'élançaient alors de front par groupes de six, et disputaient des séries éliminatoires et une finale.
Il faut se souvenir aussi qu'à Lake Placid 1932, des femmes disputaient également les courses de patinage de vitesse en départ groupé. Leur sport n'était alors qu'en démonstration. Pour le coup, seules des championnes américaines et canadiennes avaient concouru pour la victoire sur 500 m, 1 000 m et 1 500 m, le patinage de vitesse féminin n'étant officiellement admis aux Jeux qu'à partir de 1960 à Squaw Valley.
Une course où les options tactiques sont primordiales
Le départ groupé en patinage de vitesse, disputé pour la première fois aux Championnats du monde de l'ISU en 2015 et depuis plus longtemps en Coupe du monde, est inscrit au programme des Jeux d'hiver 2018 par le CIO le 8 juin 2015, en même temps que l'épreuve par équipes mixtes en ski alpin, le double mixte en curling et le big air en snowboard, s'inscrivant dans le droit fil des réformes engagées dans le cadre de l'Agenda olympique 2020. Cette épreuve vient s'ajouter pour les hommes et les femmes aux épreuves contre-la-montre en paires par distances du 500 m au 10 000 m et à la poursuite par équipes, soit sept épreuves hommes et sept épreuves femmes.
Le départ groupé du XXIe siècle n'a qu'un lointain rapport avec les courses disputées aux Jeux de 1932. Ils sont en effet quatre fois plus nombreux à s'aligner sur la glace des ovales pour prendre le départ. Ainsi, selon la formule actuelle, les concurrents/concurrentes sont répartis en séries éliminatoires demi-finales, et les huit premiers de chaque série se qualifient pour la finale où ils sont 24, qui s'alignent au départ par rangées de six concurrents espacées d'un mètre, et sans lignes pour la course, comme c'est le cas en paires contre-la-montre. Les places au départ sont déterminées par un tableau constitué à partir du classement de chaque concurrent.
La nature même du départ groupé est de regrouper des patineurs spécialisés en sprint et d’autres plus performants sur les longues distances, ainsi que ceux qui sont compétitifs dans les deux domaines. Savoir disposer de plusieurs options stratégiques est la clé du succès. La première partie de la course se déroule généralement en peloton groupé, puis les places deviennent chères dans les deux derniers tours.
Sprint intermédiaire
En raison du grand nombre de concurrents démarrant simultanément sur l'ovale, ces derniers doivent rivaliser de précision, notamment dans les virages. Il est interdit d'accélérer ou de dépasser durant le premier tour de la course. Un signal sonore retentit ensuite pour donner aux concurrents la liberté de se lancer à l'assaut d'une meilleure place. Tout concurrent rejeté à un tour par la tête de course doit se ranger sur le côté de la piste et immédiatement abandonner. Dans ce type de course "en paquet", d'inévitables frottements, contacts et chutes se produisent.
Par ailleurs, pour que la course de seize tours reste intense, un sprint intermédiaire la ponctue. Il accorde des points aux meilleurs. Cela peut s'avérer déterminant en cas d'arrivée serrée impliquant un/une vainqueur de ce sprint. Dans le cas contraire, large avance du vainqueur ou non-présence des coureurs ayant marqué des points parmi les premiers à l'arrivée, c'est bien son ordre qui détermine le podium.
Le départ groupé a fait ses débuts sur la scène olympique aux Jeux Olympiques de la Jeunesse d'hiver de Lillehammer en 2016. Dans la patinoire de Hamar, les jeunes athlètes sud-coréens ont remporté les deux courses. On a pu à cette occasion observer les différentes options tactiques, comme dans la course hommes où le vainqueur et son suivant, les coéquipiers Kim Min Seok et Jae Woong Chung, sont longtemps restés bien calés dans le peloton avant de jaillir à l'avant dans les derniers tours. Le vainqueur expliquera qu'il a "failli tomber" dans l'emballage final. À l'arrivée de la course féminine gagnée par Park Ji Woo, la Norvégienne Camilla Wangen Evjevik a bien résumé les débuts de l'épreuve sous le signe des cinq anneaux : "C’était mon tout premier départ groupé et j’ai tellement appris ! Ça frotte beaucoup dans le peloton, ça m’a surprise. J’essaierai d’être moins timide la prochaine fois !"