Un nouveau modèle de leadership féminin dans le sport

Le premier principe de l'initiative "Sport pour la Génération égalité", lancée le 9 mars par ONU Femmes en partenariat avec le Comité International Olympique (CIO) entend promouvoir le leadership féminin et l'égalité des sexes dans les modèles de gouvernance. L'un des exemples phares de cet effort est le projet mis sur pied par Birgitta Kervinen, lauréate de l'un des Trophées "Femme et Sport" du CIO en 2017.

Un nouveau modèle de leadership féminin dans le sport
© IOC / Greg Martin

Cette innovatrice d'origine finlandaise a en effet mis en place un projet d'héritage pour changer le visage du leadership sportif à l'échelle internationale. "On peut créer un changement, mais un grand nombre de personnes peuvent générer un mouvement et établir des normes pour la nouvelle normalité." C'est le discours ambitieux qu'avait tenu Birgitta Kervinen en 2017. Depuis, cette dernière n'a eu de cesse de prouver que ces affirmations sont vraies.

Birgitta Kervinen est une ancienne entraîneure qui a remporté le prix du CIO grâce à son travail sans relâche pour augmenter le nombre de femmes entraîneurs. Elle a depuis mis sur pied son propre projet d'héritage : le programme des nouveaux dirigeants, un cadre visant à établir une nouvelle normalité en matière d'égalité des sexes dans le sport.

Ainsi qu'elle l'a déclaré après avoir remporté le trophée : "J'ai compris que j'aimerais changer l'encadrement international parce que celui-ci ne donne pas la bonne image de la vraie sportive. L'encadrement est encore dominé par les hommes, il est démodé et souvent la moyenne d'âge est élevée."

"Je n'ai pas eu beaucoup de soutien pour ma carrière de dirigeante sportive – il n'y avait pas beaucoup de mentorat disponible – alors j'ai appris à la dure, ou en faisant des erreurs."

© IOC / Greg Martin

Dans le cadre de ce programme, un effort conjoint entre le CIO et les Comités Olympiques Européens, dirigé par le Comité National Olympique (CNO) finlandais, 30 "acteurs du changement" européens – 19 femmes et 11 hommes originaires de 26 pays – ont été choisis. Le groupe a été encadré par des dirigeants sportifs en activité. Parmi les partenaires, citons les CNO de Lituanie, d'Irlande et d'Azerbaïdjan.

Grâce à des projets éducatifs, trois ateliers et une conférence de clôture, ces acteurs du changement ont été encouragés à "Conduire le changement – Être le changement". Le programme visait à les doter d'outils solides pour agir et contribuer à transformer le monde du sport. En échangeant des idées, en mettant en pratique leurs compétences et en s'inspirant mutuellement, ils peuvent apprendre à mettre en œuvre le changement.

Des sujets tels que le leadership stratégique, la communication, le lobbying et la gestion des conflits ont été abordés, présentés sous l'angle de l'égalité, de la durabilité, des droits de l'homme et de l'éthique. Un élément clé est l'intégration des recommandations du projet d'analyse de la question de l'égalité des sexes du CIO.

Chaque acteur du changement élaborera un plan d'action concret, au niveau personnel et organisationnel, pour aider à créer une culture du changement en Europe. Il est à espérer que cela pourra être le premier pas vers un réseau mondial.

Au Forum des nouveaux dirigeants organisé en 2019 à Helsinki, Finlande, le président du CIO, Thomas Bach, avait décrit le programme comme "les meilleures pratiques en action". Il avait participé à cet événement de deux jours, qui avait réuni environ 200 participants. "Nous avons ici 30 jeunes leaders qui se sont engagés à ouvrir la voie vers l'égalité des sexes", avait déclaré le président du CIO. "C'est exactement le genre d'action dont nous avons besoin."  

Le Programme des nouveaux dirigeants est en adéquation avec les principes du "Sport pour la Génération égalité". La coalition a identifié la nécessité d'entreprendre des efforts systématiques pour promouvoir le leadership féminin et l'égalité des sexes dans les modèles de gouvernance.

L'initiative "Sport pour la Génération égalité" est née du mouvement mondial Génération Égalité dirigé par ONU Femmes, lequel a pour ambition de redynamiser le programme d’action historique de Beijing (convenu il y a 25 ans) et de faire de l’égalité des sexes une réalité vécue en intégrant de nouveaux partenaires et une nouvelle génération. Les parties prenantes au sport telles que les gouvernements, les fédérations, les ligues et les équipes ont un rôle important à jouer à cet égard.

C'est Birgitta Kervinen elle-même qui l'explique encore le mieux. "Le rêve d'un monde sportif plus égalitaire a été notre moteur", a-t-elle déclaré. "Aujourd'hui, la culture du sport offre plus de possibilités aux filles et aux femmes que jamais auparavant. Toutefois, la promotion de l'égalité n'est pas terminée. En fait, le travail n'a fait que commencer."

Et de conclure : "Chaque CNO, chaque association continentale olympique et chaque organisation internationale doit faire de la question de l'égalité des sexes sa priorité. Ce n'est pas une question réservée aux femmes, c'est notre problème à tous, et ce problème, nous pouvons le résoudre."