Un bref historique du tennis
Adaptation d’un sport très ancien, le jeu de paume, codifié en Angleterre dans les années 1870, le tennis est devenu un sport majeur suivi toute l’année par des millions de fans. Présent aux Jeux de 1896 à 1924, il est officiellement revenu au programme en 1988, et la grande scène olympique est devenue une étape incontournable du parcours des meilleurs joueurs et joueuses au monde.
Spectaculaire, pratiqué de nos jours sur plusieurs types de surfaces par des dizaines de millions de sportifs et sportives de tous âges, comme un loisir ou en compétition, le tennis est un sport largement répandu aux quatre coins du monde. Conçu et codifié en Angleterre dans les années 1870, il est directement issu du jeu de paume, inventé en France au XIe siècle. Les évolutions de ce sport moyenâgeux qui se pratiquait au départ à mains nues, comme l’invention de la raquette au XVIe siècle, ainsi que le comptage particulier des points (15, 30, 40, jeu), mènent directement au tennis, jusqu’à son appellation, à partir du mot français "tenez" que l’on adressait à l’adversaire au moment de servir.
La popularité du tennis en Angleterre dépasse rapidement celle du croquet. Ainsi, il ne se passe que trois ans entre la publication de "A Portable Court of Playing Tennis" par le major gallois Walter Clopton Wingfield en 1874, ouvrage connu comme celui qui a codifié le "lawn tennis" et l’organisation du premier tournoi de Wimbledon en 1877, le tournant décisif initié par Wingfield étant l’adoption de la balle de caoutchouc et de ses propriétés de rebondissement sur le gazon.
Mais les surfaces se diversifient rapidement : après le gazon, vient dès la fin du XIXe siècle la terre battue, puis le parquet, et beaucoup plus tard, le "dur" des courts en béton ou en surface acrylique. La féminisation du tennis en compétition arrive elle aussi assez vite : les femmes participent dès 1884 au tournoi de Wimbledon. Elles jouent à l’époque en robe et manches longues, corsetées, coiffées de chapeaux. C’est ainsi qu’apparaît Charlotte Cooper, qui gagne son premier titre à Wimbledon en 1895, à l’âge de 23 ans.
Alors que le tennis est inscrit au programme olympique dès les premiers Jeux de l’ère moderne à Athènes en 1896 où le Britannique John Pius Boland remporte le simple messieurs pour devenir le premier médaillé d’or de son sport, et même plus puisqu’il remporte aussi le double en compagnie de l’Allemand Friedrich Traun, les femmes sont présentes pour le tournoi des Jeux de Paris 1900 disputé sur terre battue dans le cadre bucolique de l’île de Puteaux au milieu de la Seine.
Charlotte Cooper, première championne olympique tous sports confondus
Charlotte Cooper est l'une des rares joueuses à servir en lançant la balle en hauteur avant de la frapper, quand la plupart de ses adversaires servent encore à "la cuiller". Excellente volleyeuse, elle pratique un jeu d’attaque, se ruant au filet dès que la possibilité s’offre à elle. Le 10 juillet, elle remporte la finale du double mixte avec Reginald Frank Doherty en battant la paire formée par la Française Hélène Prévost et le Britannique Harold Mahony, 6/2, 6/4. Elle mène un parcours impérial dans le simple dames, et le 11 juillet 1900, en battant la Française Hélène Prévost en finale, 6/1, 6/4, elle est la première femme à inscrire son nom au palmarès olympique dans une épreuve individuelle !
Quant à Reginald Frank Doherty, triple médaillé à Paris et de nouveau en or en double à Londres en 1908, il reste à ce jour avec quatre podiums le tennisman le plus décoré aux Jeux.
En 1913, le tennis devient de plus en plus populaire au niveau mondial. Les associations nationales de tennis décident alors, naturellement, d'unir leurs forces, pour harmoniser leurs structures. Une conférence internationale se tient à Paris, en présence de 12 pays. La Fédération internationale de tennis sur gazon (ILTF) est créée. Le tennis reste au programme olympique jusqu’en 1924, puis en disparaît à la suite d’un conflit entre la Fédération internationale qui monte en puissance et défend ses intérêts, et le Comité International Olympique qui lui adresse une fin de non-recevoir.
L’évolution du tennis au XXe siècle
Durant son absence du programme olympique, le tennis connaît plusieurs évolutions majeures, comme la naissance de la notion de "Grand Chelem" dans les années 1930, désignant la possibilité de gagner les quatre tournois bientôt appelés "Majeurs" que sont l’Open d’Australie, Roland Garros, Wimbledon et l’US Open. Et surtout, la fin de l’amateurisme en 1968, le début de l’ère Open où le sport devient professionnel. En 1973, naissent les classements mondiaux et hebdomadaires de l’ATP et de la WTA. Les raquettes connaissent aussi une importante évolution.
Elles sont d’abord en bois, utilisées jusqu’aux années 1980, d’où l’expression "faire un bois" lorsque la balle frappe le cadre. Puis de nouveaux matériaux, apportant plus de légèreté et de puissance, tels le graphite, le titane, le carbone, l’acier, etc. prennent le pas. Dans les années 1970, on invente aussi le "tie break" afin que les sets ne durent pas indéfiniment. À six jeux partout, la manche se gagne au premier qui atteint sept points. Seul le tournoi de Wimbledon a conservé le "set décisif" (c’est-à-dire le cinquième) sans tie break, ce qui a pu donner un record de 70 jeux à 68 en faveur de l’Américain John Isner face au Français Nicolas Mahut, après 11 heures et 5 minutes de jeu, dont 8 h 11 en deux jours pour le seul 5e set, au premier tour en 2010 !
Le Grand Chelem doré, objectif suprême !
Le tennis est de retour aux Jeux Olympiques de 1968 à Mexico, mais seulement en démonstration, et à nouveau en 1984 à Los Angeles où s’impose une joueuse allemande de 15 ans du nom de Steffi Graf. Le vrai retour au programme officiel a lieu aux Jeux de Séoul en 1988. Steffi Graf y remporte le simple dames l’année où elle gagne aussi les quatre tournois majeurs. Elle signe le seul "Grand Chelem doré" jamais réalisé sur une saison, hommes et femmes confondus.
Participer aux Jeux Olympiques devient dès lors une étape incontournable du parcours des meilleurs joueurs et joueuses du monde. Certains, comme le Chilien Nicolas Massu, y atteignent le sommet de leur carrière. Après avoir gagné deux médailles d’or à Athènes en 2004 (le simple et le double messieurs), il expliquera : "J’étais tellement heureux, car cela restera le meilleur souvenir de ma carrière sportive. Si je regarde en arrière dans dix ans, et dans dix ans encore après, c’est cela que je retiendrai, et je serai encore très heureux."
D’autres, comme le Britannique Andy Murray voient leur parcours véritablement décoller à partir d’un triomphe olympique : médaillé d’or à Londres en 2012, il est cinq ans plus tard n°1 mondial, vainqueur de trois tournois du Grand Chelem et de la Coupe Davis, et surtout, le seul en 120 ans d’histoire a avoir réussi à conserver son titre, en 2016 à Rio.
D’autres encore, comme Roger Federer, l'un des plus grands joueurs de tous les temps, ont fait des Jeux un objectif prioritaire de carrière, et son bonheur de gagner la médaille d’or en double avec Stan Wawrinka à Beijing en 2008, comme celui exprimé après sa médaille d’argent en simple à Londres en 2012 contrastent avec sa déception extrême de "n’avoir pas pu représenter la Suisse à Rio 2016" pour cause de blessure.
Réaliser le Grand Chelem doré, même si il est effectué "en carrière", c’est-à-dire sur plusieurs années, devient un exploit particulièrement prisé des plus grands joueurs. L’Américain André Agassi, vainqueur à Atlanta en 1996, l’Espagnol Rafael Nadal, médaillé d’or à Beijing en 2008 et l’Américaine Serena Williams, championne olympique du simple dames à Londres en 2012, l’ont accompli. Avec sa sœur Venus, Serena Williams s’est constitué un palmarès de quatre médailles d’or olympiques, et son aînée a fait encore mieux en prenant la médaille d’argent du double mixte à Rio en 2016, pour devenir l’olympienne comptant le plus de podiums tennistiques : cinq. Le tennis continue à écrire sa si belle histoire olympique, et de grandes heures ainsi que des joutes spectaculaires sont encore à venir !