Paul Tergat : « Je n’oublierai jamais le 10.000m des Jeux de Sydney »
Brillant coureur kényan de fond et de cross, Paul Tergat a terminé deux fois derrière l’Ethiopien Haile Gebrselassie sur 10.000m aux Jeux Olympiques en 1996 et en 2000. Il revient sur le sprint phénoménal disputé à Sydney où il a dû s’incliner pour 9/100e de seconde au bout de 25 tours.
Paul Tergat a brillé de mille feux sur toutes les pistes d’athlétisme du monde, sur la route, et dans les cross durant sa carrière sportive dans les années 1990 et 2000. Il a régné dans les championnats du monde de cross-country, remportant le titre cinq fois consécutivement, de 1995 à 1999. Il a détenu le record du monde du 10.000m (27:26.25 à Bruxelles le 22 août 1997), du marathon (2h04’55 à Berlin en 2003) et du semi-marathon (59:17 à Milan en 1998), tout en remportant une médaille d’argent olympique sur 10.000m à Atlanta en 1996 (deuxième derrière l’Ethiopien Haile Gebrselassie) et deux autres aux championnats du monde sur la même distance en 1997 à Athènes et en 1999 à Séville avant de disputer les Jeux de Sydney en 2000.
Lorsqu’on est un athlète kényan, il faut passer par les impitoyables courses des sélections nationales pour participer aux Jeux Olympiques. Franchir ce cap est déjà un moment capital. « C’est tellement intense, et même plus que gagner une médaille aux Jeux Olympiques, car une fois que vous y êtes, vous entrez dans une nouvelle dimension. Cela change votre statut, cela vous change en tant que personne en termes d’exposition, et vous devenez différent en tant qu’Olympien. Après, vous gagnerez une médaille ou pas, mais vous êtes déjà un Olympien quand vous participez aux Jeux », explique-t-il.
Le 22 septembre 2000 dans le stade olympique de Sydney, Paul Tergat est au départ de son dernier 10.000m aux Jeux Olympiques. « Une course que je n’oublierai jamais. Je n’allais plus disputer de 10.000m de quelque sorte sur la piste, il fallait donc que je sois le meilleur possible pour être sûr de remporter l’épreuve ».
Dans le 25e et dernier tour de la finale, ils sont encore cinq coureurs regroupés à l’avant menés par Paul Tergat, quand ce dernier accélère encore. Seul Haile Gebrselassie répond à cet ultime démarrage. Le Kényan débouche en tête du dernier virage, l’Ethiopien se porte à sa hauteur dans la ligne droite, et les deux champions sprintent côte à côte vers la ligne d’arrivée. Sur les dernières foulées, Gebrselassie prend le dessus et s’impose pour 9/100e de seconde, conservant son titre olympique, alors que Tergat est à nouveau son dauphin.
« Quand j’ai perdu, je savais que c’était face à un gars meilleur que moi, qui s’était mieux entraîné, et je ne me suis pas senti mal. La seule chose est que perdre une médaille d’or olympique pour des centièmes de seconde était au bout du compte tellement douloureux, mais j’imagine que c’est ça le sport, et Haile est un très bon ami à moi », dit Paul Tergat qui ajoute : « L’émotion de monter sur le podium en sachant qu’à la maison, des millions de personnes regardent le même évènement est une expérience incroyable ». On reverra encore le champion kényan à Athènes en 2004, mais cette fois dans le marathon remporté par l’Italien Stefano Baldini et où il prend la 10e place.
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Capitaine dans l’armée de l’air kényane durant plus de 20 ans, membre des conseils d'administration de plusieurs instituts d'enseignement dans son pays, organisateur d’épreuves sportives, membre de la commission des athlètes de l’IAAF et du CNO kényan, fondateur de la Fondation Paul Tergat, ambassadeur contre la faim du Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unies, docteur honoris causa de l'université Moi,(Eldoret, Kenya) et de la faculté des sciences communautaires et de la santé de l'université du Cap-Occidental (Afrique du Sud), Paul Kibii Tergat est élu membre du Comité International Olympique lors de sa 125e session à Buenos Aires le 10 septembre 2013.