Les premiers webinaires des FI sur l'égalité des sexes s'intéressent à la gouvernance et aux processus électoraux

Depuis 2015, le Comité International Olympique (CIO) et les Fédérations Internationales (FI) participent à un forum annuel visant à combler l'écart entre les sexes sur l'aire de compétition et en dehors de celle-ci. Le 5e Forum des FI sur l'égalité des sexes ayant été annulé en raison de la pandémie de COVID-19, une série de six séances en ligne s'est ouverte hier, les deux premières visant à accroître la représentation des femmes dans les organes directeurs et à améliorer la représentation des femmes aux postes de décision.

Les premiers webinaires des FI sur l'égalité des sexes s'intéressent à la gouvernance et aux  processus électoraux

À l'instar des quatre précédents forums sur l'égalité des sexes, forums qui ont lieu chaque année, la série de webinaires est organisée par le CIO en collaboration avec l'Association des fédérations internationales des sports olympiques d'été (ASOIF) et l'Association des fédérations internationales des sports olympiques d'hiver (AIOWF). En partageant des exemples d'initiatives concrètes, la série vise à encourager et à soutenir les FI à accueillir le changement et à mettre en œuvre des plans d'action pour favoriser l'égalité des sexes dans le sport.

Les séances virtuelles sont ouvertes aux Fédérations Internationales ainsi qu'aux fédérations nationales, et couvrent les thèmes suivants : le leadership (gouvernance, entraîneurs et officiels techniques), la protection (pratique du sport en toute sécurité), et la suppression des préjugés sexistes dans tous les aspects de la représentation.

Quelque 200 représentants de FI, tels que présidents, membres de conseil exécutif, secrétaires généraux, directeurs généraux, membres de commissions et responsables de programmes de développement, ont assisté virtuellement aux deux premières séances sur le leadership qui se sont déroulées hier.

Marisol Casado, membre du CIO et présidente du groupe de l'ASOIF sur la diversité et l'égalité des sexes, a ouvert le webinaire en déclarant : "Aujourd'hui, un appel de grande envergure est lancé en faveur d'une plus large intégration et de plus d'égalité, et nous devons saisir l'occasion offerte par la crise actuelle pour innover et relancer notre progression vers un Mouvement olympique plus inclusif, plus égalitaire et plus durable".

"Tout au long de ma carrière et dans mes différentes fonctions, j'ai constaté que le travail peut être bien meilleur lorsqu'il est réalisé en équipe. Lorsque nous travaillons ensemble, nous avons accès à différentes façons de penser et nous pouvons donc rassembler davantage d'idées".

Marisol Casado a relevé que certains objectifs fondamentaux ont déjà été réalisés : "Nous avons atteint un équilibre entre les sexes dans la participation des athlètes aux Jeux Olympiques avec un programme de compétitions beaucoup mieux réparti pour assurer une représentation égale des hommes et des femmes. Plusieurs organisations sportives, dont le CIO, ont atteint l'objectif minimal de 30 % de représentation féminine dans leurs organes directeurs, et les directives du CIO pour une représentation équilibrée des sexes ont été largement adoptées pour garantir l'égalité des chances".

Leadership – Ancrer l'égalité des sexes dans les processus électoraux

Le premier webinaire intitulé "Ancrer l'égalité des sexes dans les processus électoraux" se concentrait sur l'objectif minimal de 30 % de représentation féminine dans les organes directeurs. La recommandation 20 du projet d'analyse du CIO sur la question de l'égalité des sexes stipule que "les parties prenantes du Mouvement olympique devraient procéder à un examen de leurs procédures d'élection afin d'élaborer des stratégies pour une représentation équilibrée des sexes au sein de leurs organes de gouvernance". Deux études de cas de Fédérations Internationales ayant réussi à intégrer l'égalité des sexes dans leurs politiques et leurs statuts ont été présentées aux participants.

World Athletics – Initiative baptisée "Time for change" (Le temps du changement)

Stephanie Hightower, présidente du groupe de travail sur le leadership en matière d'égalité des sexes de la Fédération mondiale d'athlétisme, a joué un rôle essentiel dans l'élaboration et à la mise en œuvre de l'initiative "Time for Change", qui a permis à World Athletics d'inscrire dans ses statuts  des objectifs progressifs en matière d'égalité des sexes afin de parvenir à une représentation égale des deux sexes d'ici à 2027.

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Stephanie Hightower a démontré comment, par le biais de séminaires et de symposiums mondiaux et régionaux sur le leadership et le rôle des femmes dans l'administration sportive, World Athletics a pu constituer une solide réserve de candidates éligibles, à disposition pour les élections aux fonctions dirigeantes, ce qui a permis à la fédération d'atteindre ses objectifs.

"En 2017, World Athletics a nommé un groupe de travail sur l'égalité des sexes qui a élaboré un "cadre pour le changement" visant à promouvoir un changement culturel et à intégrer les objectifs et les principes de l'égalité des sexes dans la mission de la fédération et dans sa restructuration générale. Ce travail a conduit à la définition d'une stratégie et d'actions claires en matière d'égalité des sexes à entreprendre par World Athletics", a-t-elle expliqué.

FISA – Prêcher par l'exemple

Tricia Smith, vice-présidente de la Fédération Internationale des Sociétés d'Aviron (FISA), a expliqué comment la fédération encourageait une participation égale dans l'ensemble de ses politiques, procédures et programmes, les fédérations membres étant par exemple invitées à proposer des candidats des deux sexes pour les activités de développement organisées par la fédération.

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La FISA fait ainsi figure d'exemple avec 40 % de femmes parmi les membres de son comité exécutif.

Tricia Smith a souligné : "La FISA adopte une approche durable pour ancrer l'égalité des sexes, la diversité et l'inclusion dans les procédures et statuts, en encourageant un changement culturel pour relever les défis historiques. Cet engagement a débuté en 2012, lorsque la FISA a accepté de prendre des mesures pour augmenter le nombre de femmes dans le sport de l'aviron en général et pour atteindre à terme l'égalité en termes de nombre de participants et d'épreuves aux Jeux Olympiques et aux championnats du monde. Nous avons également pris conscience du fait que les femmes avaient besoin d'un coup de pouce supplémentaire dans certains domaines, nous avons donc élaboré des programmes pour combler ces lacunes, et nous contrôlons constamment les progrès réalisés grâce à un suivi régulier et une analyse systématique".

Leadership – Élargir le vivier de candidates aux postes de direction

En dehors de l'aire de compétition, les organisations ont un défi de longue date à relever : identifier et recruter des femmes désireuses de s'investir dans des fonctions dirigeantes. La deuxième séance en ligne avait pour but de donner des conseils pratiques aux FI ; elle a présenté des initiatives et des mécanismes visant à améliorer la représentation des femmes aux postes à responsabilités, à travers des programmes de parrainage et des réseaux de femmes notamment

Deux études de cas axées sur des mécanismes mis en place par des FI ont été présentées aux participants.

FIS – Offrir des possibilités de réseautage aux femmes

Ainsi que l'a expliqué la secrétaire générale de la Fédération Internationale de Ski (FIS), Sarah Lewis, la FIS s'est fixé des objectifs en matière d'égalité des sexes au sein de ses comités, donnant ainsi aux femmes la possibilité d'accéder aux réseaux dont elles ont besoin pour se présenter aux élections. Qui plus est, les ateliers destinés aux nouvelles dirigeantes sont un moyen de renforcer leur autonomie et d'encourager la création d'un réseau de femmes partageant les mêmes idées au sein de l'organisation.

Sarah Lewis a par ailleurs souligné que si la FIS se distinguait sur l'aire de compétition avec un équilibre hommes/femmes et une couverture médiatique relativement équitable axée sur la performance des athlètes, ce n'était malheureusement pas le cas "autour des tables de réunion" où des améliorations étaient encore possibles.

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De rapides progrès ont cependant été accomplis depuis la création en 2018 du groupe de travail sur l'égalité des sexes, lequel a pour mission d'aborder la question de l'équilibre hommes/femmes, de revoir les politiques, règles et règlements de la FIS, et enfin de mettre en lumière les domaines dans lesquels il convient de promouvoir l'égalité des sexes.

Le groupe de travail s'est fixé cinq objectifs qu'il souhaite atteindre en cinq ans. Sarah Lewis a attiré l'attention des participants sur l'un de ces objectifs, qui est essentiel si l'on veut parvenir à la parité hommes/femmes : "arrêter des objectifs réalistes et définir des buts pratiques".

La FIS souhaite devenir un exemple à suivre grâce à ses initiatives et activités en faveur d'un équilibre entre les sexes. Cet objectif consiste en partie à travailler de concert avec les fédérations nationales afin de les inciter à jouer un rôle actif dans le domaine de l'égalité des sexes et de leur apporter l'aide dont elles ont besoin. Sarah Lewis a rappelé en conclusion qu'il incombait aux FI de donner les outils nécessaires à leurs fédérations membres et de les encourager.

FIBA – Programme de transition de carrière "Time-Out Europe"

Elisabeth Cebrian-Scheurer, responsable de la commission des femmes dans le basketball et des projets spéciaux à la Fédération Internationale de Basketball (FIBA), et Radmila Turner, responsable pour le bureau Europe des fédérations nationales et du sport ainsi que de la jeunesse et de la lutte contre le dopage, ont présenté "Time-Out Europe", un programme de leadership axé sur l'intégration des basketteurs et basketteuses de haut niveau sur le marché du travail.

Le programme a pour but d'aider les athlètes proches de la retraite à acquérir des compétences et à développer leur confiance en eux, leur offrant ainsi des possibilités de réseautage, tout en encourageant les femmes à rester présentes dans le sport une fois leur carrière terminée. Ainsi que Radmila Turner l'a expliqué, "à travers ce programme, nous espérons fidéliser les athlètes".

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La FIBA a demandé à ses fédérations nationales de procéder à une première sélection des joueurs et des joueuses. Le programme est ouvert à une femme et à un homme de chaque fédération membre en Europe.

Des initiatives visant à développer les programmes d'aide destinés aux joueurs et aux joueuses sont en cours au sein de la FIBA, laquelle travaille en collaboration avec ses fédérations nationales afin d'ouvrir le dialogue sur le sujet, lancer des projets et apporter son soutien.

Continuer la conversation

Chaque étude de cas a été très bien accueillie par l'auditoire et a donné lieu à des discussions passionnantes. Les participants sont invités à poursuivre leurs échanges via le groupe LinkedIn du CIO consacré à l'égalité entre hommes et femmes. Ce groupe comprend déjà quelque 800 membres partageant les mêmes idées et œuvrant pour l'égalité des sexes dans le sport.

Les prochains webinaires auront lieu le 14 et le 23 septembre ("Leadership – Développer un réseau d'entraîneurs et d'officiels techniques" pour le premier et "Pratique du sport en toute sécurité et représentation des sexes" pour le second).

L’engagement du CIO à promouvoir l'égalité hommes/femmes

Avec 39 femmes actuellement membres du CIO – soit 37,5 % des membres contre 21,3 % en 2013, le CIO atteste de son engagement à promouvoir l'égalité hommes/femmes au sein de ses instances dirigeantes. Ce fait tangible résulte de la mise en œuvre de la recommandation sur la gouvernance formulée dans le cadre du projet d'analyse de la question de l'égalité des sexes. Il y a quelques mois, le CIO annonçait la composition de ses commissions pour 2020, avec 47,7 % des sièges occupés par des femmes, un résultat concret découlant des réformes engagées à la suite de l'adoption de l'Agenda olympique 2020.