Le Massachusetts, terre natale du basketball et du volleyball à cinq ans d'écart !
Saviez-vous que ce sont deux professeurs d'éducation physique, l'un enseignant au collège de Springfield, l'autre à celui d'Holyoke, deux établissements distants de 16 kilomètres dans le petit État américain du Massachusetts, et travaillant tous deux pour la Young Men's Christian Association (YMCA) qui ont inventé respectivement en 1891 et 1895 les deux sports d'équipe olympiques et universels que sont le basketball et le volley ? Voici leur histoire…
James A. Naismith est né le 6 novembre 1861 à Almonte dans l'Ontario, au Canada. ll étudie la théologie et excelle dans de nombreux sports lors de ses jeunes années à l'Université McGill à Montréal (gymnastique, crosse, football canadien) avant d'être nommé responsable du département d'éducation physique de la Young Men's Christian Association de la ville de Springfield dans le Massachusetts.
Il cherche alors à occuper ses étudiants durant les longues périodes hivernales, à remplacer le football américain et le baseball en imaginant un sport en salle. Après divers tâtonnements et essais variés, il instaure pour commencer cinq principes fondamentaux :
1. On joue uniquement avec les mains sans pouvoir dissimuler le ballon qui doit être gros et léger,
2. Il est interdit de courir avec le ballon en raison de l’exiguïté des gymnases et du contrôle de soi recherché,
3. Les contacts chocs sont interdits,
4. Tout joueur peut obtenir le ballon à n’importe quel moment,
5. Le but est horizontal et élevé.
James A. Naismith est encore loin de se douter de la dimension planétaire que prendra son sport !
Quelques mois avant sa mort, en 1939, il raconte à la radio le premier match disputé en décembre 1891 : "J'ai montré à mes étudiants deux paniers de pêche que j'avais cloués à chaque extrémité de la salle de gym, et je leur ai dit que l'idée était de jeter le ballon dans le panier de l'équipe adverse. J'ai donné un coup de sifflet, et le premier match de basketball a démarré." Mais, précise-t-il, "les garçons ont commencé à se tacler, à donner des coups de pieds et de poings, à s'accrocher. Ils ont terminé en mêlée au milieu du terrain."
Plusieurs d'entre-eux sont même blessés. James A. Naismith cherchera alors à préciser et à affiner les règles. "Le plus important était qu'il était hors de question de courir avec le ballon. Cela a mis fin aux coups. Nous avons ressayé avec les nouvelles règles et il n'y a pas eu de blessure". Ces "nouvelles règles" sont au nombre de treize, elles sont publiées dans le journal officiel du Springfield College le 15 janvier 1892, elles sont pérennes, et définissent le basketball tel qu'on le connaît aujourd'hui.
À 75 ans, James A. Naismith assiste aux débuts de son sport sur la scène olympique à Berlin en 1936, où il donne le coup d'envoi de la première rencontre qui oppose la France à l'Estonie, puis remet les médailles aux vainqueurs du tournoi exceptionnellement disputé en extérieur : l'équipe des États-Unis, qui a battu le Canada 19-8 les pieds dans la boue. La suite fait partie de l'histoire du sport et des Jeux.
Le championnat professionnel américain (la NBA) est créé en 1946, Les premiers Championnats du monde de la FIBA ont lieu en 1950 pour les hommes et 1953 pour les femmes. Les États-Unis dominent toutes les éditions olympiques jusqu'en 1968 à Mexico, puis c'est au tour de l'URSS, mais aussi de la Yougoslavie. En 1992 à Barcelone, les joueurs professionnels sont admis et la Dream Team américaine éblouit le monde entier.
Le basketball féminin arrive à Montréal en 1976; l'URSS remporte les deux premières médailles d'or (1976, 1980) et l'"équipe Unifiée" qui lui succède temporairement, s'impose à Barcelone en 1992. Les Américaines s'adjugent tous les autres titres olympiques et sont invaincues depuis les Jeux d'Atlanta en 1996.
Le sport continue à expérimenter de nouveaux formats excitants, et la variante, appelée "basket 3x3" devient olympique aux Jeux de la Jeunesse d'été de Singapour 2010 avant d'entrer au programme officiel à Tokyo en 2020 !
William G. Morgan, inspiré par James A. Naismith !
William G. Morgan nait le 23 janvier 1870 à New York. Il étudie au Springfield College où il fait la rencontre de James A. Naismith. Il devient en 1895 directeur d'éducation physique, lui aussi pour la Young Men's Christian Association à Holyoke, située à 16 km de Springfield. Comme le raconte aujourd'hui la FIVB : "Ses classes augmentant en nombre, il commença à réaliser qu'il avait besoin d'un certain type de jeu récréatif et compétitif pour varier ses programmes. Le basket commençait à se développer, il semblait convenir aux plus jeunes, mais il était souhaitable de trouver une alternative moins intense, moins violente pour les joueurs plus âgés." Lui aussi entend concevoir un sport en salle pour occuper ses étudiants en hiver.
Il s'inspire alors des travaux de James A. Naismith, mais également du tennis, pour inventer un sport d'équipe tout d'abord baptisé "Mintonette". "En cherchant un sport approprié, j'ai pensé au tennis, mais il nécessitait des raquettes, des petites balles, et d'autres équipements, je l'ai alors éliminé", a-t-il raconté. "Mais l'idée du filet me semblait être la bonne. Nous l'avons alors élevé à une hauteur de 1,98 m, juste au-dessus de la tête d'un homme de taille moyenne. Nous avions besoin d'une balle. Nous avons essayé une vessie de basket, mais elle était trop légère et trop lente. Nous avons ensuite tenté avec le ballon de basket, mais il était trop gros et trop lourd". William G. Morgan fait finalement fabriquer une balle spécifique. Elle est recouverte de cuir avec une chambre à air en caoutchouc, sa circonférence est de 63,5 à 68,6 centimètres, et elle pèse de 252 à 336 grammes.
Les dix premières règles du jeu sont écrites avec des collègues de William G. Morgan. Elles stipulent notamment que des deux côtés du filet, la balle ne doit pas toucher le sol. Début 1896, William G. Morgan est invité à faire une démonstration à la conférence des directeurs de la YMCA à Springfield. Il organise deux équipes qui s'affrontent, et explique que son sport "est destiné aux gymnases mais peut aussi être pratiqué en extérieur, qu'il peut comprendre un nombre illimité de joueurs, et que son objet est de garder la balle en mouvement d'un côté et de l'autre d'un filet élevé."
La Mintonette devient le volleyball et évolue
Après avoir assisté à la démonstration, le professeur Alfred T. Haisted remarque que la balle est jouée à la volée et propose un nouveau nom pour la "Mintonette" : Volleyball. Le sport se développe alors, connaît de nombreuses évolutions et se retrouve sport de démonstration aux Jeux Olympiques de Paris 1924, avant de définitivement intégrer le programme olympique à Tokyo en 1964. Il devient aussi dans ses différentes variantes un des sports les plus pratiqués au monde.
Parmi les principales évolutions du jeu au XXe siècle, il y a le nombre de joueurs par équipes, six, la règle des trois touches, le passage du set de 21 à 25 points, l'instauration du 5e set "tie-break" et les changements fondamentaux instaurés entre 1998 et 2000 : on ne pouvait auparavant marquer qu'après avoir obtenu le service. Désormais, dès que la balle touche le sol dans le camp adverse, le point est marqué. Est également instauré le poste spécifique du libéro, un joueur qui a un maillot différent et qui évolue en défense, sans pouvoir marquer, contrer ou servir.
Une variante du volley en salle se développe dès les années 1920 en Californie : il se joue à deux contre deux sur le sable, et connaît un bel essor. Le volleyball de plage sera finalement intégré par la FIVB en 1987 et proposé en sport de démonstration à Barcelone en 1992, avant de rejoindre officiellement le programme olympique à Atlanta en 1996. Des joueuses comme Misty May-Treanor et Kerri Walsh-Jennings ont disputé les Jeux en salle, avant de devenir triples championnes olympiques sur le sable. Quant à Karch Kiraly, il a été champion olympique en salle avec les États-Unis en 1984 et 1988, puis médaillé d'or en volleyball de plage en 1996.
Grâce à James A. Naismith et à William G. Morgan, deux sports pratiqués dans le monde entier, deux sports qui ont écrit l'histoire olympique sont donc nés au même endroit, l'un découlant en quelque sorte de l'autre. Des terrains de jeu et gymnases aux plages des quatre coins de la planète, ils font le bonheur de millions de sportifs, en loisirs ou en compétition. Quelle histoire !