par Jacques Rogge
Comme chacun le sait, l'organisation des Jeux Olympiques requiert près d'une décennie de travail avant que le premier athlète n'entre sur l'aire de compétition. Ce que l'on sait moins en revanche, c'est que le travail se poursuit bien après la cérémonie de clôture pour les villes responsables de l'accueil des Jeux.
Ce travail permet de veiller à ce que l'héritage des Jeux Olympiques perdure d'une édition des Jeux à l'autre. L'une des opérations les plus importantes se déroulant après les Jeux est la séance bilan que le Comité International Olympique organise pour donner aux futures villes hôtes une vision complète de ce qui a bien fonctionné lors des précédentes éditions des Jeux et de ce qui pourrait être amélioré. L'objectif étant de communiquer aux organisateurs des prochaines éditions des Jeux des informations qu'ils pourront adapter et mettre ensuite en pratique dans leur propre édition, afin de perfectionner leurs opérations ou consolider leur vision des Jeux.
Cette année, c'est au tour de Vancouver de passer le relais. Des représentants de Londres 2012, de Sotchi 2014, de Rio 2016 et des villes requérantes pour les Jeux de 2018 participeront à la séance bilan sur Vancouver 2010, laquelle se déroulera la semaine prochaine à Sotchi, en Russie. Cette séance bilan sera l'occasion pour ces derniers de tirer parti de la précieuse expérience du comité d'organisation des Jeux de 2010 à Vancouver (COVAN), leur permettant ainsi d'innover s'agissant de leur propre édition des Jeux et de parfaire l'héritage qu'ils laisseront à leurs communautés respectives et au Mouvement olympique une fois les Jeux terminés.
En février dernier, Vancouver a organisé des Jeux excellents, lesquels ont laissé un héritage considérable à la ville, à la région, au pays et au Mouvement olympique. Du sentiment d'unité que les Canadiens ont ressenti d'un océan à l'autre – sentiment sans l'ombre d'un doute renforcé par le record de 14 médailles d'or en une seule édition des Jeux d'hiver – à la création d'emplois pour les habitants défavorisés et de logements sociaux, les Jeux ont non seulement écrit une page de l'histoire du Canada, mais ont également marqué à jamais l'avenir de ce pays. Le fait de partager cette expérience dans un esprit d'amitié permettra de faire perdurer cette réussite des Jeux Olympiques d'hiver de 2010.
Les leçons que Vancouver a tirées lors des séances bilan similaires organisées par ses prédécesseurs, à savoir Beijing, Turin et Athènes, sont pour une grande part dans le succès de cette édition 2010. Ce transfert de connaissances est d'une importance capitale. Cet échange permet en effet aux futures villes hôtes de jeter des bases solides sur lesquelles vont reposer leur projet olympique, et peut être une étape extrêmement rassurante lors des premières phases de préparation d'une édition des Jeux. Les villes de Londres, Sotchi et Rio savent déjà qu'elles n'auront pas à réinventer la roue à chaque étape, et le dialogue avec le COVAN et le CIO sera, pour elles, source de motivation et d'inspiration.
Tout ce processus peut offrir de réels avantages, d'une grande portée. À une époque où le monde lutte pour sortir de la récession, accueillir la plus grande manifestation sportive du monde pourrait décourager. Rien de plus normal. Néanmoins, pouvoir compter sur le savoir-faire des villes qui ont déjà vécu cette situation permet aux futures villes hôtes de mettre sur pied des projets solides du point de vue économique et d'élargir leur perspective.
La séance bilan est l'occasion idéale pour les organisateurs d'évaluer leurs progrès et de rectifier le tir le cas échéant. Elle leur permet donc de créer un produit et une expérience olympiques uniques tant pour les athlètes que pour les spectateurs. Cette expérience olympique est un facteur décisif du succès d'une édition des Jeux. Aussi la séance bilan veille-t-elle à ce que les meilleurs athlètes du monde viennent concourir et qu'ils puissent le faire dans les meilleures conditions possibles. Au CIO, nous sommes fermement convaincus que ce partage continu des connaissances nous permet de maintenir les niveaux extrêmement hauts que les athlètes d'élite et les passionnés de l'Olympisme sont en droit d'attendre d'une édition des Jeux.
Cette sixième séance bilan s'inscrit dans le cadre d'un programme plus vaste de transfert des connaissances mis sur pied par le CIO pour aider les futures villes hôtes des Jeux Olympiques, lesquelles accueillent généralement les Jeux pour la première fois. Si la séance bilan est organisée et menée par le CIO, elle n'est en aucun cas un mode de communication à sens unique. Au contraire, les ateliers et séminaires ont été pensés pour qu'un dialogue concret et constructif s'instaure entre Vancouver et les futures villes hôtes de manière à ce que tous les besoins des différentes parties prenantes aux Jeux soient satisfaits.
Les Jeux Olympiques peuvent laisser un formidable héritage aux villes organisatrices et l'édition de 2010 ne déroge pas à la règle. Fortes du travail des précédentes villes hôtes, Londres, Sotchi et Rio peuvent espérer atteindre les mêmes hauts niveaux que les éditions passées et ainsi offrir au monde des Jeux inoubliables, lesquels laisseront un héritage durable à leurs communautés respectives.