Le pionnier du tir en Inde, Abhinav Bindra, développe le sport au niveau local
Un des meilleurs tireurs de sa génération, Abhinav Bindra est devenu, aux Jeux de Beijing 2008, le premier athlète indien à décrocher une médaille d’or olympique dans une épreuve individuelle. Il a aussi remporté de multiples médailles aux Jeux de Commonwealth et aux Jeux asiatiques. Depuis 2010, il consacre beaucoup de temps à développer le sport dans la société indienne, en construisant de nouvelles installations dans des communautés défavorisées et en créant des centres de sport d’élite dans les grandes villes grâce à la fondation qui porte son nom.
Abhinav Bindra s’est rendu compte de l’impact que le sport pouvait avoir sur les communautés lorsqu’il est rentré en Inde après avoir décroché l’or olympique dans l’épreuve masculine de la carabine à air comprimé 10m aux Jeux de Beijing. “J’étais très surpris par la réaction de mon pays”, se souvient-il. “Une des plus grandes leçons que j’ai tirées de cette victoire était que ce n’était pas qu’une ambition personnelle. Cela revêtait aussi une grande importance pour bon nombre de gens. Et c’est là que l’idée a vraiment germé. Je voulais donner quelque chose en retour à la société, au développement du sport au niveau local.”
Abhinav Bindra est un sportif de haut niveau qui a également remporté dans sa catégorie des médailles d’or aux Championnats du monde et aux Jeux du Commonwealth. Il est membre de la commission des athlètes du CIO et participera au Forum international des athlètes qui se tiendra du 13 au 15 avril à Lausanne, Suisse.
Pendant longtemps, il était frustré par l’absence d’installations d’entraînement de haute qualité dans son pays. Il avait le sentiment que de nombreux jeunes athlètes indiens qui n’avaient pas les moyens d’aller s’entraîner à l’étranger rataient l’occasion d’atteindre le niveau olympique. “L’entraînement en Inde était toujours un plan B pour moi, mais pour progresser nous devons avoir des installations dans notre pays, le plan A pour nos athlètes”, dit-il.
Au départ, les projets d’Abhinav Bindra étaient entièrement autofinancés, et à ce jour il estime avoir dépensé près d’un demi-million de dollars américains de son argent à lui pour développer l’infrastructure dans son pays. Il a commencé par construire de nouvelles installations – ou améliorer les structures existantes – pour des sports tels que le football, le volleyball et le basketball dans plusieurs villages situés dans des zones rurales parmi les plus défavorisées d’Inde.
“Ces communautés n’ont pas accès à bon nombre de choses essentielles dans la vie”, dit-il. “Aussi avons-nous financé la construction de terrains de sport et fourni l’équipement de base. Nous voulions vraiment nous assurer que ces jeunes avaient accès au sport – afin qu’ils puissent acquérir de précieuses compétences de vie et pratiquer des activités physiques pour rester en bonne santé – et informer tant les enfants que leurs parents des bienfaits du sport.”
Depuis, avec l’aide d’un certain nombre de grandes sociétés, la fondation Abhinav Bindra a pu aller plus loin, en créant dans des grandes villes une série d’installations de classe mondiale consacrées à la science du sport. Ces centres, qu’Abhinav Bindra appelle STEAM (science, technologie, engineering, analyse et médicine), offrent diverses prestations allant du suivi du sommeil à la cryothérapie, et sont accessibles à des centaines d’athlètes, qu’il s’agisse de médaillés mondiaux ou d’enfants ayant de grands rêves.
“C’est vraiment au cours des deux dernières années que nous avons mis en place une infrastructure de pointe”, explique Abhinav Bindra. “Une de nos installations est au cœur d’une ville et travaille en étroite collaboration avec un hôpital. Ainsi, s’il faut traiter une blessure, l’hôpital est directement accessible aux athlètes.”
Les centres recourent également à la science du sport pour identifier et former des athlètes de tous horizons montrant un potentiel, alors qu’autrement ils seraient peut-être passés entre les mailles du filet. “Nous pratiquons toute une série de tests, par exemple si nous recherchons des talents en tir, nous procédons à divers tests de stabilité afin de voir qui a le talent le plus naturel pour cela”, explique Abhinav Bindra. “Nous leur faisons également passer un entretien. Nous y accordons une grande importance car ce que nous cherchons à voir chez ces jeunes, c’est leur aptitude mentale, leur engagement et leur détermination.”
Abhinav Bindra pense qu’il est particulièrement important pour un athlète en devenir d’apprendre à connaître son corps dès le plus jeune âge grâce à la science du sport. Cette formation le plus tôt possible est essentielle à une carrière longue et couronnée de succès. “Il est important pour eux d’avoir les meilleures bases en place afin qu’ils soient bien équipés une fois qu’ils affronteront les rigueurs de la compétition et qu’ils voyageront constamment”, ajoute-t-il.
La fondation a déjà fait une différence considérable pour le sport en Inde. Bon nombre d’athlètes qui utilisent ces centres de science du sport dans le cadre de leur entraînement ont remporté par la suite des médailles aux Championnats du monde ou aux Jeux du Commonwealth l’année dernière en Australie. Mais à 36 ans, Abhinav Bindra a des rêves encore plus grands : mettre la science et la technologie du sport à la portée de tous en proposant des centres mobiles qui se déplacent dans tout le pays.
“L’idée est que ces installations soient accessibles à tous”, dit-il. “Je suis convaincu que pour développer le sport en Inde, il faut une approche du bas vers le haut, qui fasse connaître aux athlètes et entraîneurs au niveau local les meilleures pratiques mondiales en termes de détection des talents, d’entraînement et de gestion des blessures.
“Aujourd’hui, nos centres sont situés à divers endroits, mais nous voulons pouvoir les rapprocher des gens, dans différentes régions du pays. Je crois vraiment aux talents que nous produisons. Nous avons tant de jeunes qui ont besoin de conseils de base. C’est pourquoi nous voulons leur apporter ces connaissances et avoir ainsi un impact sur eux.”