Il y a 10 ans : "Les JOJ ont joué un rôle prépondérant pour moi", indique Le Clos
Alors que nous célébrons le 10e anniversaire des premiers Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ), le nageur sud-africain Chad le Clos revient sur le rôle que les JOJ ont joué dans son parcours. Ses cinq médailles décrochées à Singapour 2010 l’ont aidé à monter sur la plus haute marche du podium olympique deux ans plus tard à Londres...
Vous rendez-vous compte que 10 ans se sont écoulés depuis les JOJ de Singapour 2010 ?
"Non, c'est fou. Je n'arrive pas à y croire. C'était une grande année pour moi car je n'étais même pas champion national en avril 2010. J'ai remporté mon premier titre national le 12 avril, le jour de mon 18e anniversaire, puis j'ai gagné aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, j'ai remporté deux médailles d'or aux Jeux du Commonwealth et un titre mondial en petit bassin. C'était une période étrange. En 2011, j'avais gagné plus de médailles internationales que de médailles nationales. L'année 2010 a donc été une grande avancée pour moi, et les Jeux Olympiques de la Jeunesse ont joué un rôle prépondérant".
"C'est un événement tellement formidable. J'en parle souvent - quand je participe à des compétitions dans le monde entier et que je repense à cette époque - et je crois que cela m'a vraiment aidé à me catapulter sous les feux des projecteurs, si je peux dire. Mais aussi, cela m'a permis de découvrir comment c'est de vivre dans un village des athlètes, de faire un contrôle de dopage chaque jour, d'être dans les médias, de se réveiller, d'aller à la piscine pendant deux heures de bon matin, et toute cette effervescence. C’était une année vraiment déterminante pour moi, dans tous les domaines. Une année énorme, une année en or. Alors maintenant, 10 ans plus tard, c'est fou d’y repenser".
À l'époque, si on vous avait dit tout ce que vous alliez accomplir au cours des dix années qui ont suivi Singapour, comment auriez-vous réagi ?
"J'aurais signé tout de suite ! Même la moitié de ce que j'ai réalisé, j'aurais signé pour cela. Honnêtement, je suis très reconnaissant pour les occasions que j'ai eues dans ce sport. Les médailles, en particulier les médailles d'or que j'ai gagnées, je suis vraiment très humble devant tout cela. Pendant ce confinement [dû à la COVID-19], vous vous souvenez de tout cela parce que vous avez le temps de réfléchir. Je pensais à ces compétitions - ces victoires, ces batailles acharnées - et à tous les sacrifices que j'ai dû faire pour en arriver là. Je suis vraiment reconnaissant pour cela, honnêtement. Et j'espère vraiment que je pourrai à nouveau avoir du succès aux Jeux Olympiques"
Quels sont vos souvenirs préférés de Singapour ?
"Je me suis fait beaucoup d'amis. Je me souviens de certains gars d'Amérique. J'ai rencontré des Russes. Ce sont les gars contre lesquels je concours depuis, et nous sommes finalement devenus de bons amis. Nous pouvions faire plein d'activités culturelles, ce qui était vraiment sympa. Cela a donné à l'événement une touche différente ; c'était sérieux, mais quand même assez cool. Nous étions sérieux quand nous sommes arrivés à la piscine, mais c'était juste formidable d'être au village, et de faire partie de tout ça. C'était vraiment génial. Avoir la chance de regarder d'autres sports a aussi été très important pour moi. Faire partie d'une délégation complète, pas seulement d’une équipe de natation, c’était vraiment intéressant, parce que je n'avais jamais fait ça avant, être avec des athlètes d’autres sports".
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Qu'avez-vous pu apprendre de votre expérience aux JOJ ?
"J'ai beaucoup appris rien qu'en étant dans l'environnement des Jeux et en gérant la pression. Je crois que c'est l'une des plus grandes choses que j'ai apprises. On attendait de nous que nous gagnions des médailles, et c'est ce que nous avons fait. Il y avait beaucoup de pression".
"J'ai participé à la première compétition des Jeux, le 400m nage libre, dans laquelle j'ai obtenu l'argent. Chacun gère les environnements stressants d'une manière différente. On apprend beaucoup sur soi-même. J'ai l'impression que c'était vraiment une semaine stressante pour moi. J'étais nerveux quand je concourais. Je savais ce que je voulais faire, ce que je voulais atteindre, mais c'est toujours difficile quand on y va avec la pression qu'on s'impose".
Pensez-vous que vos expériences à Singapour vous ont été utiles depuis dans votre carrière ?
"Absolument. Je ne peux pas vraiment évoquer un moment en particulier, et je ne veux pas utiliser de clichés, mais je pense que ma carrière était un peu le fruit du destin. C'était le début d'une vie pour moi, à certains égards, sans vouloir paraître mièvre ou quoi que ce soit, mais c'était quelque chose que je voulais faire. Je voulais être ce que je suis aujourd'hui. C'est quelque chose que j'ai toujours imaginé quand j'étais jeune. J'ai toujours voulu être champion olympique. C'est ce à quoi je pensais tous les jours, même sous la douche. Certaines personnes chantent sous la douche, moi je pense aux Jeux Olympiques. Même à l'école - je me souviens qu'un professeur m'a dit un jour : "Tu ne vas rien réussir en nageant, alors tu dois étudier. Ça me fait un peu sourire maintenant."
"Certes, j'aurais probablement dû étudier un peu plus, mais c'était tout ce à quoi je pensais. Et donc, toutes les choses qui sont arrivées sont, je crois, arrivées pour une bonne raison. C'est ce qui m'a amené là où je suis maintenant. Je suis serein dans ce que je veux réaliser. Je suis une personne différente de celle que j'étais il y a quatre ans à Rio, et il y a huit ans à Londres. Je ressemble plus au garçon de Londres qu'à celui de Rio, mais je suis un enthousiaste. J'aime le défi. J'ai hâte de m'entraîner. J'attends avec impatience le côté compétitif des choses comme je le fais toujours. C'est très amusant, c'est beaucoup de travail. Mais en y repensant, ça en vaut la peine à la fin."