En décembre 2017, Albert DEMCHENKO de la Fédération de Russie, concourant dans les épreuves simple hommes et relais par équipes mixte en luge, dans lesquelles il s'est classé 2e, et avait gagné les médailles d'argent, a été disqualifié des XXIIes Jeux Olympiques d'hiver en 2014 à Sotchi par la commission disciplinaire du CIO présidée par M. Oswald. Veuillez noter que cette décision peut faire l'objet d'un recours auprès du Tribunal Arbitral du Sport (TAS).
Pensez-vous dès lors que la fougue de la jeunesse est la clé du succès ? Erreur. A Sotchi, nous avons vu des performances remarquables produites par des soi-disant « vétérans ». Hommage à ces plus que trentenaires et quadragénaires qui ont remporté des médailles et battu des records à Sotchi.
Bode Miller, 36 ans (ski alpin)
Selon ses propres standards, les Jeux de Sotchi ne resteront pas comme les meilleurs du légendaire skieur américain. Mais pour sa cinquième apparition sur la scène olympique, le quadruple champion du monde a réussi à laisser sa trace. A 36 ans et 4 mois il est devenu le plus vieux médaillé olympique en ski alpin, en prenant le bronze à l’arrivée du Super-G, portant par ailleurs son total de médailles à six.
Albert Demchenko, 42 ans, et Armin Zöggeler, 40 ans (luge)
Le lugeur russe, qui participait à ses 7e Jeux, n’a pas déçu tous les supporters massés autour de la piste Sanki. 22 ans après sa première médaille, il a foncé en quatre manches vers le titre de vice-champion olympique dans l’épreuve de simple, avant de remettre çaavec ses coéquipiers du relais russe pour une nouvelle breloque du même métal, les deux fois derrière Felix Loch et ses partenaires allemands. Bref, les meilleurs Jeux de sa longue et prolifique carrière !
Médaillé de bronze à Lillehammer en 1994, d’argent à Nagano en 1998, double champion olympique 2002 (Salt Lake City) et 2006 (Turin), en bronze à Vancouver en 2010, l'italien Armin Zöggeler est encore à 40 ans un des meilleurs lugeurs au monde, naturellement présent dans la sélection italienne à Sotchi et porte-drapeau de sa délégation lors de la Cérémonie d’ouverture. « Un couronnement pour ma carrière » di-il, mais ce n’est que le début. Lors de la compétition sur la piste Sanki, il se classe 3e derrière Loch et Demchenko, et devient le seul sportif à avoir remporté six médailles dans six éditons des Jeux d’hiver. Un magnifique accomplissement qui fait définitivement entrer dans la légende celui qui dit, « Cette fois, ce sont mes derniers… »
Noriaki Kasai, 41 ans (saut à ski)
Et voici l’indomptable Noriaki, véritable jeune premier qui, tout comme Demchenko, a disputé ses premiers Jeux Olympiques à Albertville en 1992, et qui obtient ses meilleurs résultats à Sotchi en 2014 ! 20 ans après sa médaille d’argent par équipes à Lillehammer, il dispute jusqu’au bout la médaille d’or sur grand tremplin au Polonais Kamil Stoch, et s’incline finalement d’une misère, 1,3 point ! Non content d’égaler le record du plus grand écart entre deux médailles aux Jeux Olympiques d’hiver, il remporte encorele bronze par équipes avec ses jeunes coéquipiers japonais. « Etre présent aux Jeux, cela veut dire être parmi les meilleurs mondiaux, et cela me pousse à continuer. Je me sens comme si j’avais 32 ans ». Rendez-vous à PyeongChang en 2018 !
Alla Tsuper, 34 ans (saut acrobatique)
La skieuse biélorusse va offrir un des moments les plus poignants des Jeux d’hiver 2014 en donnant une leçon de persévérance et de volonté. Quand elle remporte le titre le 14 février sur le tremplin de Rosa Khutor, elle met fin à une quête de 16 années à la poursuite d’une médaille olympique. Adolescente, elle avait disputé ses premiers Jeux à Nagano en 1998, puis était revenue en 2002, 2006 et 2010 à Vancouver où elle avait fini 5e. Elle s’est ensuite arrêtée deux ans pour fonder une famille. Décidée à reprendre la compétition elle arrive à Sotchi classée 13e mondiale, se faufile en finale par la plus faible des marges… puis réalise la performance de sa vie pour l’emporter. « Cette fois, j’ai décidé de prendre Sotchi comme mes premiers Jeux. Et ça a marché : je n’étais pas nerveuse du tout ! »
Winston Watts, 46 ans (bobsleigh)
Le pilote jamaïcain peut bien ne pas avoir gagné de médaille en se trouvant loin du podium à Sotchi, mais à 46 ans, il a le triple de l’âge de la princesse russe du patinage artistique Julia Liptinskaia. Watts a démontré ce niveau d’implication, de persévérance et de passion qui forme l’ADN de tout véritable olympien. Son seul objectif est de créer un héritage, pour que les athlètes de son île développent leur immense potentiel pour cette discipline. « Notre but, c’est de former des jeune pilotes pour qu’ils rêvent à leur tour de disputer les Jeux à PyeongChang en 2018. Je vais encore continuer, peut-être un an ou deux, pour passer le relais à de plus jeunes champions » dit-il.
Teemu Selanne, 43 ans (hockey sur glace)
Le vétéran du hockey finlandais a battu un record historique de points marqués aux Jeux Olympiques quand il a inscrit un des buts de son équipe qui a éliminé la Russie chez elle en quarts de finale. Après avoir mené sa formation en demi-finale, il n’en a pas encore terminé de son aventure à Sotchi. Selanne a disputé ses premiers Jeux à Albertville en 1992, et joue ici au hockey pour la 6e fois sur la scène olympique. « J’ai 43 ans et j’évolue sur la même ligne que des gars qui ont 19 ans ou se trouvent dans la vingtaine. C’est une bonne chose, et de toutes façons, nous ne portons que des numéros. D’un point de vue mental, je sens que nous avons le même âge. Je suis très fier d’avoir pu jouer depuis si longtemps, et ma passion pour le jeu est ma principale motivation pour continuer. Bien sûr, les choses ne sont pas si faciles à mon âge. Mais j’essaye d’évoluer à mon meilleur niveau pour aider l’équipe. Savoir que je dispute mes derniers Jeux, c’est une bonne chose. Je vois les choses d’une autre manière et je savoure » explique-t-il.
Hanna-Riikka Valila, 40 ans (hockey féminin)
La compatriote de Selanne, mère de trois enfants, est revenue au plus haut niveau sur les terrains de glace en 2013 après une décennie entière d’arrêt. Son grand talent et un travail acharné lui ont permis de gagner sa sélection en équipe de Finlande pour les Jeux de Sotchi. « Je n’étais pas décidée à revenir dans un premier temps. Après tout, je pourrais être la mère de plusieurs de mes coéquipières. Mais je m’éclate à jouer avec elles, et elle me permettent de me sentir plus jeune ».
Ole Einar Bjørndalen, 40 ans (biathlon)
Et pour finir, « last but not least », voici l’homme qui à 40 ans, vient de réécrire l’histoire des Jeux d’hiver. Le 19 février, le légendaire biathlète norvégien remporte la médaille d’or du relais mixte, auquel il a apporté un concours décisif. C’est sa treizième médaille depuis 1998 et il dépasse son compatriote fondeur Bjorn Daehlie pour devenir le sportif le plus médaillé des Jeux Olympiques d’hiver. Pour lui, l'âge n’est qu’un chiffre. « La vie est trop courte pour renoncer. Il faut avancer, toujours avancer ». Cette devise peut s’appliquer à ces formidables « vétérans » qui ont tous participé à faire de Sotchi 2014, et bien sûr de toutes les éditions des Jeux Olympiques d’hiver, un évènement si exceptionnel.