Atlanta 1996 ou le renouveau de la ville
Qu’on les aborde sous le prisme des investissements internationaux qu’ils ont attirés ou du coup de pouce donné à l’aménagement du centre de la ville, les Jeux Olympiques du centenaire d'Atlanta 1996 ont joué un rôle décisif dans la conversion de la ville, devenue une véritable destination sur la carte du monde.
La tradition bien ancrée dans la ville des partenariats entre secteur public et secteur privé a permis au comité d'organisation d'Atlanta 1996, aux milieux d’affaires et à diverses entités gouvernementales de profiter de l'élan impulsé par les Jeux pour lancer la revitalisation du centre-ville d'Atlanta, en parallèle de l’ amélioration de la qualité de vie de ses habitants et l’ouverture à des possibilités nouvelles pour ses entreprises. Vingt-huit sites de compétition ont été utilisés pour les Jeux, dont neuf construits pour la circonstance et deux à titre temporaire. Sur les et dix-sept existants qui furent utilisés, quatorze furent rénovés grâce aux recettes provenant des opérations de marketing de l'événement. Vingt-deux sites sont encore en service à ce jour. Des travaux de modernisation d’envergure ont été réalisés sur des installations publiques à vocation artistiques, ce dont se félicitent de nombreux responsables locaux qui saluent l'héritage toujours grandissant des derniers Jeux d'été organisés aux États-Unis.
Aménagement urbain
Atlanta 1996 a donné un coup d’accélérateur à un ensemble de projets d’aménagement urbain visant à améliorer la qualité de vie des habitants du centre-ville, où étaient regroupés la plupart des sites de compétition.
À titre d'exemple, Summerhill et Techwood Clark Howell Homes, deux quartiers en proie à des difficultés adjacents aux sites olympiques, ont bénéficié d'investissements considérables. Dans le cadre d'un programme de réaménagement de l'Atlanta Housing Authority et de l'Atlanta Development Authority dans le contexte des Jeux, près de 150 nouveaux logements sortirent de terre à Summerhill et plus de 780 furent achevés à Techwood Clark Howell Homes, rebaptisé Centennial Place en 1997, qui reste aujourd'hui un quartier prospère où vivent des ménages à revenus mixtes.
Par ailleurs, trois parcs du centre-ville furent remis en état ; plus de 10 000 arbres plantés et plus de 500 millions d’USD consacrés à l’aménagement de nouvelles places et promenades paysagées. Même si la priorité est allée aux transports pendant les Jeux, des améliorations furent apportées au réseau au sens large. Un système régional de gestion du trafic a été intégré dans le centre-ville, deux ponts ont été reconstruits et les accès piétonniers entre les liaisons de transport et les sites sportifs améliorés.
Toutefois, même si certaines communautés du centre-ville bénéficièrent des programmes de réaménagement urbain, d'autres subirent des conséquences négatives. Ce fut le cas pour notamment pour des personnes qui ont été relogées au nord-ouest de la ville ; d’autres ont estimé que la valeur d'usage de leur bien et de leur quartier avait diminué suite à la transformation de la zone et d’autres encore se sont senties pénalisées par le phénomène de gentrification.
Parc Olympique du Centenaire
Les Jeux Olympiques se sont principalement déroulés dans le centre-ville d'Atlanta, à l'intérieur de l'anneau olympique Dans ses 8 km de diamètre, ce périmètre compact englobait la capitale de l'État, les centres de congrès de la ville et de nombreuses zones résidentielles regroupant des ménages à bas revenus du centre-ville, dont plusieurs furent désignées pour être revitalisées.
Au centre de cet anneau olympique, se dresse le Parc Olympique du Centenaire, qui a permis la transformation d’une zone urbaine autrefois en déshérence en un centre, tout neuf et pérenne, dédié aux loisirs, aux rassemblements publics et aux fêtes familiales en plein cœur de la ville d'Atlanta. Ce parc constituait en outre un magnifique corridor de verdure pour effectuer la liaison entre les hôtels du centre et les installations sportives et de congrès.
Sur 8,5 km² en plein centre d'Atlanta, ce parc était, au moment des Jeux, le plus grand espace vert urbain créé aux États-Unis en 25 ans. Depuis les Jeux, il a servi de catalyseur au développement économique du centre-ville, attirant plus de 3,2 milliards d’USD d'investissements le long de son périmètre et dans ses environs. Outre le CNN Center, du côté sud-ouest, le parc est désormais entouré par le Georgia Aquarium, le musée World of Coca-Cola, le College Football Hall of Fame et le National Center for Civil and Human Rights, inauguré en 2014.
En plus de ces lieux d’intérêt public, l’aménagement de ce parc a incité construire neuf nouveaux hôtels et de sept tours résidentielles dans le centre. Ces équipements ont contribué à inverser le déclin de la population au cœur de la ville. Avant les Jeux, moins de 5 000 personnes vivaient dans le centre d'Atlanta. Dix ans après les Jeux, on en comptait 10 000 et aujourd'hui, plus de 15 000.
Le parc porte aussi en lui le souvenir tragique et malheureux de l’attentat à la bombe perpétré le dixième jour des Jeux. L’attaque fit deux victimes, une personne tuée directement par l'explosion et une autre décédée d'une crise cardiaque, et 110 blessés. Le parc fut ensuite fermé pendant trois jours, alors que les Jeux se sont poursuivis. La tragédie réunit la population dans un appel universel à poursuivre les Jeux Olympiques dans l'esprit ayant présidé à leur création. Le parc rouvrit ses portes à l'occasion d'une messe de commémoration suivie d'une cérémonie de réouverture. Les 40 000 personnes qui participèrent à la réouverture du parc, dans un contexte émotionnel chargé, affichèrent un soutien indéfectible à la célébration des Jeux Olympiques.
Aujourd'hui, le parc reste une pièce maîtresse sur l’échiquier du centre de la ville où se tiennent des concerts, des festivals populaires et des célébrations annuelles. Début 2019, les dernières touches d'un programme de rénovation à grande échelle lui ont été apportées. Certains attributs emblématiques comme la Fontaine des anneaux ont été remis à neuf. Le parc lui-même a été agrandi, avec l’ajout d’espaces verts à l'un des héritages les plus durables des Jeux.
Arts et culture
La préservation, la restauration et la promotion de l'art public constituent un puissant héritage d'Atlanta 1996.
De la conversion de la bibliothèque Clark Atlanta en ruines en un musée d'art dynamique, le Clark Atlanta University Art Museum, à la restauration du Folk Art Park en 2017, les retombées culturelles des Jeux se font encore sentir dans toute la ville.
Le fonds Atlanta Public Arts Legacy (APAL) a été créé en 1997dans le but d’entretenir l'art public hérité de l’olympiade sur les 19 sites du centre-ville. Entre 1997 et 2016, ce fonds a distribué plus de 175 bourses. En parallèle, le bureau des affaires culturelles d'Atlanta emploie toujours du personnel à plein temps pour superviser, restaurer et préserver les œuvres d'art héritées des Jeux.
Avantages sur le plan économique
Les Jeux donnèrent le coup d'envoi d'un changement majeur au niveau de la réputation d'Atlanta, tant aux États-Unis que sur la scène internationale.
Selon une rétrospective sur un an, publiée dans le journal de l'American Planning Association en 1997, dans les milieux d’affaires internationaux, avant les Jeux, on confondait régulièrement Atlanta avec Atlantic City. Néanmoins, à partir de 1997, la ville était communément appelée Atlanta, voire simplement désignée par son code d'aéroport, ATL.
Ce changement d'attitude, conjugué à l'amélioration des infrastructures, des transports, de l'hébergement et des télécommunications, contribua à la création d’opportunités d'investissement favorables. En 2012, Kasim Reed, alors maire de la ville, déclara, sur Olympic.org que les Jeux Olympiques “avaient eu un impact économique direct d'au moins 5 milliards d’USD et qu’ils avaient fait connaître Atlanta dans le reste du monde comme une ville de premier plan pour les affaires, à vivre et visiter”.
Précédemment connue comme une plaque tournante du transport aux États-Unis, Atlanta est devenue un centre d'affaires à la renommée internationale et un hôte bien connu d'événements sportifs.
Infrastructures sportives
Les structures encore visibles des Jeux Olympiques d'Atlanta 1996 sont dispersées dans toute la ville. Alors que dix-sept sites existaient déjà avant les Jeux, neuf furent construits à cet effet et deux à titre temporaire. Huit de ces installations nouvelles sont encore largement utilisées.
Deux des principales universités de la ville, Georgia State University et Georgia Tech (Georgia Institute of Technology), continuent de profiter directement des sites olympiques. Construit pour les Jeux Olympiques, le Georgia Tech Aquatic Centre est resté un pôle d’activité sportive de niveau olympique. Il est même devenu un atout prospère pour la communauté, où sont dispensés des cours et qui héberge des clubs ouverts au public tous les jours.
Parallèlement, le Centennial Olympic Stadium est le terrain de jeu de l'équipe de football universitaire de Georgia State University depuis 2016. Auparavant, le stade a accueilli les Atlanta Braves de la Major League Baseball (MLB) pendant près de 20 ans, après avoir été reconfiguré à cet effet à l’issue des Jeux de 1996.
Le Georgia International Horse Park, qui existait avant les Jeux Olympiques, a continué à sur sa lancée depuis qu'il avait accueilli toutes les épreuves olympiques d’équitation, de VTT et les deux dernières étapes du pentathlon moderne en 1996. Sa popularité en tant qu'atout pour la communauté s'est manifestée en 2019 lorsqu'il a été élu meilleur site extérieur de Géorgie par l'émission de télévision Official Best of America.
Trois sites des Jeux d'Atlanta 1996 n'ont pas laissé un héritage significatif. Le Atlanta Fulton County Stadium, où se déroulèrent les épreuves de baseball, a été démoli en 1997 faute d'une utilisation viable de ses installations. Le Stone Mountain Park Tennis Centre, construit pour les Jeux, n'a pas réussi à séduire la population. Il a fini par être fermé en 2007, avant d’être démoli. Enfin, les propriétaires de l’Alonzo Herndon Stadium, qui avait accueilli les épreuves de hockey, déposèrent le bilan en 2012t. L'enceinte reste depuis désespérément vide.