Anvers 1920 : un symbole de paix et d'unité 100 ans après les Jeux
Après la Première Guerre mondiale, le Comité International Olympique (CIO) a choisi Anvers pour accueillir les Jeux Olympiques de 1920. Les organisateurs ont surmonté de nombreux obstacles pour offrir une édition des Jeux qui est toujours reconnue pour ses contributions durables au sport, à l'égalité des sexes, à l'unité et à la paix. Cent ans plus tard, alors que le monde entier lutte contre la pandémie dévastatrice de COVID-19, les Jeux Olympiques d'Anvers 1920 continuent d'exister comme un symbole de solidarité et de reconstruction après la guerre.
La Première Guerre mondiale a laissé le monde dans un état de désolation. Les combats ont fait de nombreux morts, ruiné des villes entières et paralysé les économies. L'idée que des milliers d'athlètes se rassemblent à Anvers, en Belgique, était presque inimaginable. Un rapport officiel a même déclaré que l'idée était "presque une folie".
Dans ce contexte, afin de contribuer à raviver un sentiment d'unité mondiale, de paix et de confiance, le CIO a choisi Anvers pour accueillir les Jeux de la VIIe Olympiade.
Cent ans plus tard, alors que la propagation spectaculaire de la COVID-19 perturbe notre vie quotidienne, nos communautés, nos entreprises et les Jeux Olympiques eux-mêmes, Anvers 1920 continue de nous offrir de précieux enseignements.
Ainsi que le président du CIO, Thomas Bach, l'a déclaré : "En 1920, les Jeux d'Anvers ont contribué à panser les blessures et à unifier un monde marqué par la guerre."
Et de poursuivre : "Aujourd'hui, le monde est une fois de plus confronté à des temps incertains et difficiles. L'humanité se trouve actuellement dans un tunnel obscur. Cette fois, les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 peuvent être une lumière au bout de ce tunnel, en rassemblant les peuples dans le même esprit d'unité et de paix qui a rassemblé le monde en 1920."
Surmonter les obstacles
L'ampleur du défi que devait relever Anvers était immense.
Avec seulement 16 mois de planification entre la décision du CIO et le début prévu des Jeux, le temps n'était pas du côté des organisateurs. En réfléchissant rapidement, les responsables ont décidé de réutiliser 11 sites existants, réduisant ainsi au minimum les coûts liés aux Jeux à une époque où l'économie d'après-guerre était chancelante.
Bon nombre des 2 626 athlètes en lice, originaires de 29 pays, ont dû dormir sur des lits de camp pendant toute la durée des Jeux. Ils ont toutefois remporté d'importants succès sportifs, devenant de véritables sources d'inspiration pour une nouvelle génération d'athlètes et jetant les bases du sport de demain en Belgique et partout ailleurs.
La nageuse américaine Ethelda Bleibtrey a remporté des médailles d'or dans toutes les épreuves inscrites au programme de natation féminine lors des Jeux de 1920, battant au passage trois records du monde. En dehors des bassins, son influence se révélera encore plus grande : on lui attribue le mérite d'avoir inspiré des générations d'athlètes féminines américaines, son succès annonçant également un changement radical en matière d'égalité des sexes dans tout le pays. Quant à Paavo Nurmi, surnommé le "Finlandais volant", il a gagné trois médailles d'or et une médaille d'argent, débutant sa carrière comme l'un des athlètes masculins les plus titrés de l'histoire olympique. Le tireur suédois de 72 ans, Oscar Swahn, lequel a décroché une médaille d'argent en tir, est pour sa part toujours l'athlète le plus âgé à avoir remporté une médaille olympique.
Des symboles olympiques durables : unité, fair-play et paix
Le message d'unité qu'Anvers 1920 a envoyé au monde est encore plus important que les exploits individuels. C'est la première fois que le drapeau olympique a été hissé aux Jeux, la première fois que le serment olympique a été prêté et la première fois que des colombes ont été lâchées en symbole de paix.
Conçu par le baron Pierre de Coubertin, fondateur du CIO, en 1913, l'emblématique drapeau à cinq anneaux est un symbole d'unité. Il est toujours hissé lors de la cérémonie d'ouverture et remis au maire de la prochaine ville hôte de la manifestation lors de la clôture des Jeux.
Lors de la cérémonie d'ouverture d'Anvers 1920, l'athlète belge Victor Boin est devenu le premier athlète à lire le serment olympique, une tradition qui s'est poursuivie à toutes les éditions des Jeux depuis.
Le fait le plus marquant a sans doute été le lâcher de colombes, symbole de paix mis en valeur jusqu'à aujourd'hui par chaque édition des Jeux Olympiques. Aux Jeux d'hiver de PyeongChang 2018, par exemple, les participants à la cérémonie d'ouverture se sont réunis pour former une colombe symbolique de la paix, éclairant le stade et les écrans du monde entier.
Pour la Belgique, Anvers 1920 a permis la création d'une politique sportive au niveau national. La gouvernance et les systèmes de soutien sont devenus plus centralisés après les Jeux, avec l'établissement d'organes administratifs qui contribuent au succès actuel de l'équipe belge.
100 ans plus tard : faire tomber les barrières grâce au sport
Les effectifs modestes des Jeux d'Anvers 1920 ont depuis augmenté. Plus de 11 000 athlètes ont participé aux Jeux Olympiques de Rio 2016, et la moitié de la population mondiale a suivi la retransmission des Jeux. Avec une portée toujours plus grande, les Jeux Olympiques continuent de faire tomber les barrières grâce au sport.
Les Jeux continuent également de répondre aux nouveaux défis posés au niveau mondial tels que faire progresser l'égalité des sexes, créer des occasions pour que les réfugiés puissent concourir et lancer des initiatives visant à réduire les émissions de carbone et lutter contre le changement climatique.
"Cent ans après l'accueil des Jeux Olympiques par la ville d'Anvers, l'esprit des organisateurs continue de nous enseigner qu'en œuvrant de concert, nous pouvons relever d'énormes défis. Nous devrions toujours faire perdurer cet héritage d'unité, de paix et de force alors que nous sommes face à de nouveaux enjeux imprévus à l'échelle mondiale", a confié Thomas Bach.