Accordion - Sexual Abuse

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Qu'est-ce que l'homophobie ?

L’homophobie est la peur infondée des personnes lesbiennes, homosexuelles, bisexuelles et transsexuelles.

À quoi ressemble un comportement homophobe ?

Injures, plaisanteries, insultes et même violences physiques, basées sur l’orientation sexuelle perçue d'une personne.

De quelle manière l’homophobie peut-elle affecter un athlète et une équipe ?

- Elle peut provoquer une perte de confiance et provoquer des contre-performances.

- Si elle n’est pas combattue, elle peut nuire à la cohésion du groupe ou de l’équipe.

- Elle peut avoir un impact négatif sur la santé psychologique, être une cause potentielle d’anxiété, de dépression, d’abus d’alcool ou d’autres drogues ou de comportements d’automutilation.

Étude de cas « Jack »

Jack est un nageur de 18 ans en dernière année de lycée. C’est un spécialiste du papillon qui excelle dans le 200 mètres. Il détient le record national dans sa catégorie d’âge. Les nageurs plus jeunes regardent Jack avec admiration à la piscine. Jack est également un excellent élève : il est le premier de sa classe, il fait partie du conseil des élèves depuis deux ans, et chaque année il dirige un groupe d’étudiants dans un projet de bénévolat auprès des sans-abris. Il a une famille qui le soutient, qui est fière de ses exploits sportifs. Son père était un basketteur professionnel de haut niveau. Ses coéquipiers commencent à se demander pourquoi Jack n’a pas de petite amie.

En secret, Jack se bat avec son orientation sexuelle. Il se rend compte qu’il est attiré par les autres garçons. Il devient anxieux et commence à s’isoler. Un jour, au lycée, un des joueurs de l'équipe de football appelle Jack "le mec gay". Les autres élèves se moquent de lui. Il n'attend qu'une chose : rentrer chez lui pour échapper aux railleries.

Le père de Jack a déjà entendu parler par un autre parent de l’incident au lycée : il est furieux et lorsque Jack passe la porte d’entrée, il hurle qu’il fait honte à sa famille. Jack descend les escaliers en courant et claque la porte.

À l’entraînement ce soir-là, il est évident pour Jack que tout le monde a déjà entendu parler de l’incident du "mec gay" au lycée. C’est ce même soir que le capitaine de l’équipe est choisi pour la compétition nationale de la semaine suivante. Jack espère être choisi : c'est un leader né et un choix évident. Le vote de l’équipe a lieu, et à la fin de l’entraînement, le capitaine de l’équipe est annoncé : ce n’est pas Jack. Jack apprend aussi ce soir-là qu’un de ses coéquipiers a dit à l’entraîneur qu’il ne voulait pas partager la même chambre que lui lors de la compétition la semaine suivante. Aucun des garçons de l’équipe ne sera volontaire pour être son compagnon de chambre.

Actions

Qu’est-ce qui pourrait aider Jack ?

- Savoir qu'il a le droit d'être protégé
- Avoir conscience qu'il n'est pas en faute
- Savoir qu'il n'est pas tout seul et que des gens sont là pour l'écouter
- Se confier à un adulte en qui il a confiance (membre de l'assistance sociale, médecin de l'équipe, responsable de l'équipe, infirmière, parent, frère/sœur plus âgé(e), ami ou professeur)
- Contacter un numéro d’assistance

Que peuvent faire les coéquipiers de Jack s’ils s’inquiètent pour lui ?

- Parler de leurs inquiétudes à des adultes de confiance
- Chercher de l'aide pour comprendre ce qu'ils ressentent
- Chercher de l’aide s’ils pensent être homophobes

Que peut-on faire pour se protéger de l’homophobie dans le sport ?

- Suivre les procédures de son organisation, s'il en existe
- Apprendre à connaître ses droits et responsabilités
- Savoir comment agir pour empêcher et signaler des faits inquiétants
- Veiller les uns sur les autres
- S’opposer aux comportements déplacés de certains
- Discuter de ses inquiétudes avec d'autres personnes

Étude de cas entraîneur « Kurt »

Kurt est l’entraîneur principal de l’équipe nationale de football des moins de 17 ans. C’est un entraîneur intransigeant, mais il est réputé pour les résultats obtenus par ses équipes. Il applique une discipline stricte et est fier de ses succès. Kurt exige de son équipe de football le même niveau de respect, d’obéissance et d’éthique du travail. Il fait travailler l’équipe dur et pousse les joueurs au maximum de leurs limites. Ses séances d’entraînement sont dirigées avec une précision militaire.

Ryk est un excellent gardien de but de 17 ans, et il est l’un des joueurs préférés de Kurt. Ryk travaille dur et a d’excellents résultats – aussi bien sur le terrain qu’à l’école. C’est un jeune homme poli et obéissant.

Un jour, profitant de la plage au Cap, Kurt voit Ryk assis sur un banc du parc, se tenant par la main avec un autre jeune homme. Ils sont de toute évidence heureux d’être ensemble. Ils vont se cacher derrière un arbre et Kurt voit Ryk embrasser le jeune homme sur la joue.

Le jour suivant à l’entraînement, Ryk reçoit un accueil glacial. Devant toute l’équipe, Kurt hurle sur Ryk et l’insulte avec mépris. Il lui demande même de quitter le terrain.

En tant qu’entraîneur, que pourrait faire Kurt ?

- Reconnaître que les athlètes sont libres de choisir leur orientation sexuelle – ce qui est un droit de l’homme fondamental – et ne peuvent être persécutés pour cela
- Ne pas faire de discrimination envers les athlètes sur la base de leur orientation sexuelle
- Éviter de porter des jugements sur la vie personnelle de ses athlètes
- Lutter contre ses propres préjugés en s’engageant dans une formation professionnelle sur la diversité dans le sport
- Encourager une ambiance de respect mutuel dans l’équipe
- S’assurer que l’équipe a une politique ou une déclaration d’intention qui prouve son engagement à créer un environnement sain et respectueux et qui définit les procédures visant à protéger les droits des athlètes, favoriser leur bien-être et assurer leur protection

Qu’est-ce que l’abus sexuel ?

- L’abus sexuel est un comportement verbal, non verbal ou physique sexualisé, envers un individu ou un groupe, qui peut être délibéré ou involontaire, légal ou illégal, et est basé sur un abus de pouvoir et de confiance.
- L’abus sexuel s’applique à toute activité sexuelle pour laquelle il n’y a pas ou il ne peut pas y avoir consentement.
- L’abus sexuel implique souvent un processus de conditionnement.

Étapes du conditionnement / Processus de conditionnement dans le sport

Identification d'une victime potentielle

  • Identifier une personne vulnérable
  • Trouver des occasions pour la prendre à part et tester sa discrétion et sa fiabilité
  • Vérifier si elle est considérée comme une personne sensible
  • Installer une amitié
  • Faire preuve de gentillesse

Création d'une relation basée sur la confiance et l'amitié

  • La faire se sentir spéciale
  • Lui offrir des cadeaux et des récompenses
  • Passer du temps avec elle
  • Etre à son écoute
  • Faire preuve de cohérence
  • Installer un contexte de rencontre
  • Commencer à marchander : « Tu dois faire ça, parce que j'ai fait ci... »

Initiation du processus d'isolement et de contrôle ; Installation d'une loyauté

  • Refuser à l'enfant le droit de voir ses proches et/ou discréditer toutes les relations d'amitié et de soutien nouées dans le passé
  • Limiter l'accès ou la dépendance aux parents, tuteurs ou pairs extérieurs au milieu sportif
  • preuve d'incohérence : donner de l'espoir et de la joie à l'enfant juste avant de le punir afin d'attiser son besoin d'attention
  • Vérifier l'engagement de l'enfant en lui posant des questions et en mettant en place des petits tests

Premiers abus sexuels et protection du secret

· Franchir graduellement des frontières sexuelles ambigües
· Avancer que la victime n'a rien dit la fois précédente pour la piéger en cas de refus
· Invoquer la coopération : « tu me dois bien ça après tout ce que j'ai fait pour toi ! »
· Eveiller le sentiment de culpabilité : « regarde ce que tu as fait ! »
· Se présenter en protecteur : « je ne dirai rien à personne, c'est notre petit secret. »
· Discréditer la victime afin qu'elle n'ait pas d'autres choix que de continuer : « les autres ne comprendront pas ! », ou « personne ne te croira ! »
· Menacer la victime : « si tu en parles à qui que ce soit tu vas comprendre ta douleur / je dirai aux autres ce que tu as fait / je m'en prendrai à un de tes proches / je t'exclurai de l'équipe... »

Source : Brackenridge, C.H. (2001) Spoilsports: Understanding and preventing sexual exploitation in sport. Londres : Routledge, p. 35.

- L’agresseur installe lentement une relation de confiance et un lien de coopération avec les athlètes avant de commencer à abuser d’eux.
- Le conditionnement implique souvent la manipulation et la prise au piège de l’athlète.

La relation abusive

Types de pouvoir/sources de pouvoir

Sources : Selon French and Raven (1959), et Tomlinson and Strachan (1996)
Source : Citations extraites de Brackenridge, C.H. (2001) Spoilsports : Understanding and preventing sexual exploitation in sport., Londres : Routledge, p. 83.

 - Il existe une différence de pouvoir dans la relation des athlètes avec les membres de leur entourage (entraîneurs, personnel scientifique et médical, administrateurs, etc.). Les athlètes dépendent de ces experts et leur font généralement entièrement confiance. Si cette différence de pouvoir est mal utilisée, elle peut mener à des relations sexuelles d’exploitation avec les athlètes.
- Les relations entraîneur-athlète au niveau de l’élite des sports de compétition exigent de passer beaucoup de temps ensemble dans un environnement émotionnel intense. Cette situation risque fort de mettre l’athlète en situation d’isolement, coincé dans une relation de contrôle où son pouvoir et son droit à prendre des décisions sont étouffés.
- Dans certains cas, les co-équipiers ou d’autres jeunes athlètes peuvent être des agresseurs sexuels.

Le risque d’abus sexuel est plus élevé lorsqu’il y a :

- Un manque de protection (comme des politiques et procédures de protection de l’enfance, une éducation et une formation adéquates).
- Une motivation élevée de l’agresseur.
- Un niveau élevé de vulnérabilité de l’athlète (en particulier en lien avec le jeune âge et la maturité).

Le harcèlement et les abus sexuels se produisent dans tous les sports, et à tous les niveaux. Mais la prévalence semble être plus élevée dans le sport de haut niveau. Les membres de l'entourage d'un athlète ou les athlètes pairs qui occupent une place de pouvoir et d'autorité se révèlent être les principaux agresseurs, les hommes sont plus souvent cités que les femmes comme agresseurs et, enfin, les victimes sont aussi bien des filles que des garçons.

De quelle manière l’abus sexuel affecte-t-il la santé physique et psychologique ?

- Les victimes peuvent se sentir blessées, humiliées, bouleversées, ou perdre le contrôle.
- Elles peuvent connaître des problèmes de sommeil, un manque de concentration et des mauvaises performances, voire complètement décrocher.
- Maladies psychosomatiques, anxiété, dépression, abus d’alcool ou d’autres drogues, automutilation et suicide font partie des conséquences les plus graves de l'abus sexuel.
- Enfin, l'abus sexuel nuit également aux relations, notamment de confiance, avec les entraîneurs en général.

Quel est l’effet de l’abus sexuel sur les coéquipiers ?

- L’abus sexuel peut ébranler la cohésion de l’équipe : un favoritisme apparent crée des jalousies, ce qui a des effets négatifs sur les performances.
- Les coéquipiers qui sont conscients du problème et se sentent impuissants souffrent souvent de stress psychologique et décrochent tôt de leur sport.

Étude de cas « Sheila »

Sheila est une jeune fille de 17 ans. C’est une coureuse de 1500 m talentueuse qui espère faire partie de l’équipe olympique cette année. Elle est sélectionnée pour le groupe de qualification et quitte sa ville pour s’installer près de son site d’entraînement et de son entraîneur, Tom. Tom fait l’éloge des performances de Sheila, lui assurant que ses rêves deviendront réalité si elle suit ses consignes. Il est évident que l’entraîneur aime bien Sheila : il l’encourage et la félicite. Au départ, elle est heureuse de cette relation avec son entraîneur. Mais peu à peu Tom lui accorde une attention si particulière que ses coéquipiers finissent par le remarquer et faire des commentaires ...

Sheila n’a pas de bons résultats à l’école. Un jour, Tom lui propose de l’aider dans ses devoirs après l’entraînement, dans son bureau. Il la reconduit chez elle après la séance de tutorat et lui achète un dîner en route. Après quelques semaines, Tom décide de faire les séances chez lui, et non plus dans son bureau d’entraîneur, le soir. 

Le soir précédant la course de qualification pour le 1500 m, Tom appelle Sheila dans sa chambre d’hôtel pour une « discussion spéciale d’avant compétition ». Alors qu’ils sont assis ensemble sur le lit, il l’enlace. Elle commence à se sentir mal à l’aise lorsqu’il met sa main sur sa cuisse. Il affirme que si elle lui accorde des faveurs spéciales, il garantira son succès le lendemain.

Lorsque Sheila quitte la chambre, elle passe devant le manager de l’équipe et ses coéquipiers. Bien qu’elle soit apparemment en pleurs et bouleversée, ils se détournent et continuent leur chemin.

Étude de cas « Helga »

Helga est une lanceuse de disque de 16 ans de l’équipe nationale des jeunes. Helga s’est récemment installée au centre d’entraînement national, loin de sa ville d’origine, pour un stage visant à préparer une compétition importante. Trond, 17 ans, est un lanceur de marteau, également membre de l’équipe nationale. Étant tous deux lanceurs, il est prévu qu’Helga et Trond s’entraînent ensemble dans la salle de musculation et sur le terrain. Au début, ils sont amis et elle l’accepte sur son site Facebook. Mais progressivement Helga remarque que Trond fixe sans cesse ses seins pendant la séance d’étirement, ce qui la met mal à l’aise. Puis il commence à multiplier les SMS inopportuns et à poster des commentaires sexuels à son sujet sur son site Facebook.

Un jour, en passant devant elle sur le chemin de la salle de musculation, Trond lance : « Travaillons dur aujourd’hui – pour garder ce joli petit cul bien ferme ! ». Helga rougit.

Pendant les séances d’entraînement suivantes, Helga tente de garder ses distances avec Trond. Mais un soir, alors qu’elle quitte le stade pour rejoindre le métro, Trond la surprend le long d’un mur. Il l’attendait pour l’accompagner. Alors qu’Helga continue à marcher, Trond l’interpelle « Mes parents sont partis. Viens chez moi, on pourra jouer. Je sais que tu le veux ! ».

Actions

Qu’est-ce qui pourrait aider Helga ou Sheila ?

- Savoir qu'elle a le droit d’être protégée
- Avoir conscience qu'elle n'est pas en faute
- Savoir qu'elle n'est pas toute seule et que des gens sont là pour l'écouter
- Se confier à un adulte en qui elle a confiance (membre de l'assistance sociale, médecin de l'équipe, responsable de l'équipe, infirmière, parent, frère/sœur plus âgé(e), ami ou professeur)
- Contacter un numéro d'assistance.

Que peuvent faire les coéquipiers d’Helga ou Sheila s’ils s’inquiètent pour elle ?

- Comprendre que ce n’est pas leur faute, et qu’ils ne doivent pas avoir honte ni se sentir coupables
- Parler de leurs inquiétudes à des adultes de confiance
- Chercher de l'aide pour comprendre ce qu'ils ressentent

Que peut-on faire pour se protéger des abus sexuels dans le sport ?

- Apprendre à connaître ses droits et responsabilités
- Suivre les procédures de son organisation, s'il en existe
- Savoir comment agir pour empêcher et signaler des faits inquiétants
- Veiller les uns sur les autres
- S’opposer aux comportements déplacés de certains
- Discuter de ses inquiétudes avec d'autres personnes

En tant qu’entraîneur, que faire pour aider Sheila ou Helga ?

- L’écouter calmement si elle désire parler
- Lui dire qu’elle a le droit d’être protégée
- Lui dire que ce n’est pas de sa faute et qu’elle n’est pas seule
- L'avertir que vous aurez peut-être à signaler le problème à une personne qui pourra l’aider
- Apprendre où et comment signaler les divulgations d’abus sexuels des athlètes (contacter un chaperon d’équipe, une assistante sociale, un médecin, une infirmière ou un numéro d'aide pour l'enfance en danger)
- Dénoncer les comportements inadaptés d’autres entraîneurs ou d’athlètes
- Signaler les collègues ou athlètes que vous suspectez de maltraiter des athlètes ou dont vous savez qu’ils le font.

Il est capital d'adopter un comportement et une éthique irréprochables dans l'activité d’entraîneur

Témoignages sur la façon dont les entraîneurs conditionnent les athlètes

Maintenant, je vois que c’est un modèle … Il y avait des scènes de vestiaires où il éteignait les lumières et disait « Allez, on se déshabille tous », puis « On rallume quand on sera rhabillés ». Il nous titillait de cette façon. On trouvait ça très excitant mais c’était apparemment innocent, il n’y avait aucun contact physique ou quoi que ce soit de ce genre, et on ne pouvait pas se voir. Tout a commencé avec des petites choses comme ça. Ou tard le soir, une nuit sans lune, on se baignait et, là encore, on restait dans nos coins séparés de la piscine, puis il commençait à jouer à des jeux qui impliquaient d’enlever ses vêtements. Il nous conduisait chez nous le soir, mes deux meilleures amies et moi, et il nous laissait l’une après l’autre devant chez nous. J’étais la dernière. Et comme on était en grande conversation, on allait se garer quelque part et on parlait… Rien de plus ne s’est passé pendant ce premier été. C’est comme ça qu’il a gagné ma confiance, tâtant le terrain de façon émotionnelle, puis de façon physique. Tout ça s’est passé très lentement : il posait sa main sur ma cuisse, peut-être toutes les nuits pendant des semaines, et puis finalement il en est venu à m’embrasser. Je vois maintenant qu’il avait très peur, il avait peur de finir en prison pour viol… Il allait très doucement pour gagner ma confiance et être sûr que je n’allais pas le dénoncer à la police.

(Témoignage d’une femme victime d’abus sexuel dans le sport)