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Les Jeux Olympiques de Grenoble 1968 ont également été le terrain de grandes avancées technologiques et sportives.

Une caméra de télévision enregistre l'épreuve de descente féminine à (lieu) pendant les Jeux Olympiques d'hiver de 1968 ; 6 févr. 1968.
© 1968 / Comité International Olympique (CIO) – Tous droits réservés - Une caméra de télévision enregistre l'épreuve de descente féminine pendant les Jeux Olympiques d'hiver de 1968 ; 6 févr. 1968.

C’est la première fois que les athlètes sont soumis, dans le cadre de Jeux Olympiques, à des contrôles antidopage et des tests de féminité, deux pratiques étendues aux futures éditions des Jeux Olympiques. Le Comité International Olympique (CIO) se charge de ces contrôles pour ces Jeux, sept ans après avoir fondé sa commission médicale dans le but de lutter contre l'utilisation de substances interdites. En tout, 86 contrôles sont effectués lors de cette Xᵉ édition des Jeux Olympiques, tous négatifs. Les années 60 voient le tout début des contrôles antidopage qui ont depuis fait beaucoup de chemin. Par exemple, aux Jeux Olympiques de Rio 2016, 4 913 échantillons ont été analysés et 29 se sont révélés positifs.

Les Jeux de 1968 marquent le début d'une période controversée de régulation de l'éligibilité pour les catégories féminines. En effet, le CIO a recours à un test de chromosome appelé test du corpuscule de Barr dans le but d'identifier les hommes athlètes se faisant passer pour des femmes. Toutefois, en pratique, les femmes présentant des variations chromatiques naturelles se retrouvaient exclues de la compétition. Parmi elles, la skieuse spécialiste de la descente, l'Autrichienne Erika Schinegger, médaillée d'or en descente aux Championnats du monde de ski alpin de la FIS de 1966. La skieuse a « échoué » au test et n'a pas eu le droit de concourir à Grenoble. Les décennies suivantes, toutes les femmes athlètes qualifiées pour les Jeux Olympiques doivent prouver qu'elles ont effectué le test du corpuscule de Barr. Si la pratique a été modifiée au fil des ans, elle a néanmoins été largement critiquée par la communauté scientifique qui lui reproche d'être imprécise et de poser un « avantage déloyal ». Elle a finalement été abandonnée après les Jeux Olympiques d'Atlanta en 1996. La position du CIO n'a cessé d'évoluer depuis, avec notamment la création du cadre pour l'équité, l'inclusion et la non-discrimination sur la base de l'identité sexuelle et de l'intersexuation de 2021 reconnaissant l'importance de protéger les athlètes contre les pratiques de vérification du sexe intrusives.

En outre, les Jeux Olympiques d'hiver de Grenoble 1968 représentent un véritable tournant pour la diffusion télévisuelle, avec plus de 90 heures de retransmission en couleurs à une audience de 600 millions de téléspectateurs dans le monde, malgré quelques difficultés d'ordre logistique du côté du diffuseur local causées par la distance entre certains des sites. La diffusion des Jeux Olympiques d'hiver s'est développée de manière exponentielle depuis. Par exemple, les J.O. de PyeongChang 2018 ont été diffusés à un public international de 1,92 milliard de téléspectateurs, soit plus d'un quart de la population mondiale. Ils sont également les premiers Jeux Olympiques d'hiver les plus suivis en ligne.

Grenoble 1968 innove également dans le chronométrage des sports, une technologie aujourd'hui indissociable des Jeux Olympiques. Pour les épreuves de ski de fond et de patinage de vitesse, les temps de tour et les temps finaux sont pour la première fois affichés à la télévision et sur les tableaux d'affichage sur place. Ces temps sont alors retransmis aux juges grâce à des machines d'imprimerie. Les chronomètres utilisés à ces Jeux sont précis au millième de seconde, tandis qu'un nouvel enregistreur de vitesse calcule le classement en fonction des temps de tour et des temps finaux. Le chronométrage a depuis bien évolué. À Rio 2016, Omega, le chronométreur officiel des Jeux Olympiques, dévoile une toute nouvelle technologie : une caméra photo-finish capable d'enregistrer 10 000 images par seconde.

Pour les tournois de patinage artistique, les juges saisissaient individuellement leur score sur un clavier, puis tous les scores étaient affichés simultanément sur un tableau d'affichage électronique.

Inaugurés aux Jeux Olympiques de Tokyo 1964, les pictogrammes font leur retour à Grenoble 1968 pour représenter les sports et disciplines inscrits au programme. De nouvelles illustrations sont utilisées pour les Xᵉ Jeux Olympiques d'hiver dans le but de refléter les caractéristiques uniques des sports d'hiver et inspirer les artistes des futures éditions. Le « bonhomme bâton » demeure aujourd'hui l'élément principal et le plus distinctif des visuels des Jeux Olympiques d'été et d'hiver.

Grenoble 1968 est également la première édition des Jeux à avoir sa mascotte olympique, Schuss. Il demeure toutefois une mascotte non officielle jusqu'en 2019. Ce bonhomme en forme de zigzag, doté d'une tête rouge et d'un corps bleu et blanc, rend hommage au drapeau français. Schuss était disponible à l'achat sous forme de porte-clé, de pin's, d'aimant et de montre. Il existait même un ballon gonflable à son effigie. Aujourd'hui, les mascottes jouent un rôle important dans la représentation visuelle des Jeux et leur image de marque. Elles participent à créer une atmosphère festive et incarnent les valeurs olympiques aux yeux des petits et grands. Elles reflètent également l'identité géographique, historique ou culturelle de la ville hôte.