Léon Marchand : « Nous pouvons changer la natation »
Après des Championnats universitaires d'anthologie, le nageur français a révélé comment il pouvait nager encore plus vite, pourquoi son mental s’était amélioré et comment il gère la pression supplémentaire avec les Jeux Olympiques de Paris 2024 qui arrivent.
La mission de Léon Marchand : révolutionner la natation.
Pour la deuxième année consécutive, il a représenté l’Université de l’État d’Arizona lors des finales des Championnats universitaires américains (NCAA) le mois dernier. Et une fois de plus, le Français a écrit l’histoire lors de quasiment toutes ses sorties.
D'une part, il a établi de nouveaux records NCAA et de l'US Open en défendant ses couronnes sur le 200 yards brasse (1 min 46 s 91) et le 200 yards quatre nages (1 min 36 s 34).
Mais le jeune homme de 20 ans a également battu son propre record NCAA sur 400 yards quatre nages, de près de trois secondes. Il est devenu le premier nageur de l’histoire à passer en dessous de la barre des 3 min 30 s avec un chrono de 3 min 28 s 82.
Enfin, Marchand a établi les temps de passage de relais les plus rapides de tous les temps en 50 y brasse (22,27 s), 100 y brasse (49,23 s) et 200 y nage libre (1 min 28 s 42) avant de réaliser un 100 y nage libre incroyablement rapide de 40,55 s.
Cette performance spectaculaire permet au Français de surfer sur une incroyable série : 26 victoires en 26 courses individuelles disputées depuis septembre 2022.
« C’était cool, on peut changer la natation comme ça. Nous sommes même capables de le faire plus rapidement que ce que nous pensons », a-t-il déclaré à SwimSwam.com après ses performances aux États-Unis.
Léon Marchand : « Il n’y a pas de limite »
Une telle constance sur un large éventail d'épreuves nécessite à la fois une force physique et mentale.
C'est un domaine dans lequel Léon Marchand a travaillé très fort lors de ses entraînements aux États-Unis.
« Avant, j'avais peur de ne pas le terminer (le 200 yards quatre nages), mais on construit cette confiance en s'entraînant dur », a-t-il poursuivi.
« Vous y allez 50 m par 50 m sans penser au reste, c’est ce qui aide mentalement à se lancer et c’est ce que j’ai fait. »
Marchand a également averti ses rivaux qu'il y avait de nombreux domaines dans lesquels il souhaitait s'améliorer.
« Depuis les Mondiaux, j’ai changé ma manière de travailler dans l’eau. Même aujourd’hui, il y a eu des erreurs sur lesquelles je peux m’améliorer pour la prochaine fois, et la prochaine fois on tentera d’aller encore plus vite et je ne pense pas qu’il y ait de limite à ça. »
« L'un des nageurs que je regarde beaucoup est Caeleb Dressel. Je veux me concentrer sur ma nage sous l'eau (pour être plus) comme lui. »
Léon MARCHAND
L’effet Bob Bowman et l’esquive des réseaux sociaux
Ces changements se sont opérés sous le regard attentif du coach légendaire de Marchand : Bob Bowman, qui a suivi la légende Michael Phelps pendant ses plus belles heures.
« Je me sens vraiment en confiance avec Bob parce que l’entraînement que nous faisons est très dur. C’est beaucoup plus dur que ce que nous faisons maintenant (pendant les courses) », indique Marchand.
« Une fois l’entraînement terminé, nous apprécions simplement les choses, c'est ce que j'ai appris de lui. »
L'ascension fulgurante du Toulousain au cours des deux dernières saisons - qui l’ont également vu être champion du monde en 200 et 400 mètres quatre nages - le place désormais parmi les plus grands nageurs du moment.
Il se retrouve maintenant avec une cible dans le dos, avec des rivaux qui attendent désespérément de le battre.
« Il s’agit bien sûr d’une position difficile parce que tout le monde parle de moi. Mais je me suis énormément amélioré et je ne regarde pas les réseaux sociaux. »
« J’ai besoin de m’améliorer pour Paris 2024 donc je me concentre que sur ça et j’y prend plaisir. »
Avec des Jeux Olympiques à domicile à l’horizon, Marchand a également dévoilé des facultés d’une importance capitale.
Après avoir fini son 200 y quatre nages, il est retourné directement à l’eau pour rejoindre le relais 800 y nage libre avec son équipe.
La capacité à nager plusieurs courses au cours d’une session va être un élément clé s'il veut décrocher des médailles sur toutes les épreuves auxquelles il participera à Paris.
« C’est ce que j’aime faire. J’ai participé à des meetings où je nagé sur six courses, donc deux ce n’est pas trop méchant pour moi », déclare-t-il.
S'il avait autant hâte de nager le relais, c'était peut-être pour se mesurer à l’Américain Carson Foster, qui est rapidement devenu son principal rival sur les relais quatre nages.
« J’étais loin de Carson mais je me disais : “Il faut que je l’attrape”, mais j’étais trop loin », raconte Léon Marchand.
« Je me sentais super bien jusqu’au dernier 50 m, mais c'est à ce moment que j’ai commencé à faiblir. La prochaine fois je ferai mieux. »