Championnats du monde de tennis de table par équipes 2024 : Alexis et Félix Lebrun, aussi forts dans la tête qu’avec une raquette

Alexis et Félix Lebrun sont les nouvelles stars du tennis de table mondial.

Médailles aux Jeux européens 2023, titres sur le circuit WTT, présence dans le top 25 mondial : les deux frères impressionnent par leur précocité.

Mais rien de tout ça n'aurait été possible sans l'état d'esprit qui est le leur. De leur éducation qui leur permet de rester humbles malgré les succès à une maturité exceptionnelle pour trouver des solutions en toutes circonstances, le mental est une clé dans leur incroyable progression.

Apprenez-en plus sur les frères Lebrun et leur manière d'appréhender les grandes échéances de leur jeune carrière.

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Félix Lebrun veut s'interdire de lâcher

Félix Lebrun s'est révélé aux yeux du monde entier le 14 juillet 2022.

Ce jour-là, à seulement 15 ans, il a tenu tête à la légende Ma Long en seizièmes de finale d'un WTT Star Contender à Budapest (1-3). Féfé gardait à l'esprit que c'était possible de faire quelque chose malgré le palmarès XXL de son adversaire, quintuple médaillé d'or aux Jeux Olympiques. Même s'il n'a pas gagné, le Français s'était conditionné à un potentiel exploit et n'en est pas passé si loin.

« Quand je vais dans un match, j'y vais toujours pour gagner. Donc oui, j'y croyais. Après, j'aurais pu aussi prendre 3-0 à 10 000 à l'heure mais au final, ça s'est passé comme ça et je pense que c'est aussi parce que j'y crois au début. Je pensais pouvoir le faire », confiait-il à Olympics.com au sujet de ce match.

Dix-huit mois, une entrée dans le top 10 mondial et une médaille d'or aux Jeux européens 2023 plus tard, le pongiste de 17 ans remporte son premier WTT Star Contender après une finale épique contre Hugo Calderano (4-2). Il a gagné quatre manches consécutives après avoir perdu les deux premières pour renverser le numéro 5 mondial à Goa.

Le point commun entre ces deux matchs et tous les autres succès sur des joueurs mieux classés que lui ? L'intime conviction que c'est possible de gagner, qu'importe le pedigree de l'adversaire, qu'importe le scénario de la partie.

« C'est vraiment l'envie de gagner, l'envie de bien faire. J'ai envie de ‘m’interdire’ de lâcher. Il y a toujours une chance, même si elle est minime », explique l'actuel sixième mondial.

Il a même un moyen de ne jamais perdre la victoire de vue.

« Gratter le temps-mort, chercher à égaliser, gagner un set : je me fixe des petits objectifs qui me permettent de toujours rester au contact et après je me bats sur tous les points pour gagner le match. »

Cette manière de faire est aussi ancienne que le dessin qu'il avait fait de lui au sommet du podium olympique devant son frère à seulement six ou sept ans. Une preuve que ses certitudes ne datent pas d'hier et qu'il ne compte pas rester dans l'ombre d'Alexis.

Cela se ressent aussi dans leurs styles de jeu qui sont différents.

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Alexis Lebrun : « Quand je joue au ping, j’ai vraiment besoin de m’exprimer »

La puissance est une des principales armes d’Alexis Lebrun, et elle ne s’exprime pas que dans les échanges.

De son entrée sur le terrain à la poignée de mains à la fin du match, le jeune Français prend beaucoup de place. Il court, saute, crie, tape dans les mains au point que ses adversaires peuvent parfois être intimidés. Son attitude est toujours la même, y compris quand il défie et bat Fan Zhendong, le numéro 1 mondial, à Macao.

Le Montpelliérain est loin d'être timide à proximité d'une table et a conscience de l’avantage que cela peut lui procurer.

« Il n'y a pas forcément d'aspect mental, pour moi c'est un tout. J'essaie juste d’être moi-même dans l'aire de jeu et mettre le doute à l'adversaire, que ce soit par mon jeu, par mon physique, ou par ce que je peux dégager entre les points. Si on peut prendre un peu l'ascendant, par la technique, l'attitude ou une tactique différente, on va le faire », explique celui dont le langage corporel en match peut rappeler celui d’un Rafael Nadal.

« Wow, tu as du style ! », le chambre son petit frère à l’évocation du tennisman espagnol.

Plus qu’un avantage à prendre sur l’autre, Alexis Lebrun cherche surtout à être en phase avec lui-même. Et cela passe par ce style très vocal.

« Quand je joue au ping, j'ai vraiment besoin de beaucoup m'exprimer, de bien extérioriser mes émotions parce que sinon elles me rongent et me freinent dans mon ping. Je suis assez expressif à la table et j'ai besoin de mettre beaucoup d'énergie, de m'encourager, de beaucoup courir, ça me permet de les extérioriser et ça m'aide à bien jouer. »

Un tel comportement tranche avec le calme et le soupçon de timidité qui entourent ses réponses.

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Les frères Lebrun peuvent compter sur leur entourage pour garder la tête sur les épaules

Les deux frères ont pourtant pris l'habitude des sollicitations médiatiques. Elles se multiplient aussi vite que leurs exploits.

Et comme sur le terrain, ils font preuve d'une étonnante maturité. Alors que leur discours peut facilement faire oublier qu'ils n'ont que 20 et 17 ans, c'est parfois leur voix qui le rappelle.

Le mental joue aussi un rôle important dans ce domaine. Malgré l'attention qui les entoure, la performance sportive reste au centre de leur projet.

Alors que les frères Lebrun sont devenus de véritables stars, être bien dans sa tête est capital pour garder les pieds sur terre. L’entourage joue un rôle majeur pour que cela soit le cas.

« C'est un management qui doit être fin », avance leur entraîneur, Nathanaël Molin, également capitaine de l'équpe de France hommes. « C'est top qu'il y ait cet engouement, après il faut arriver à garder les pieds sur terre. Comment on fait ? Ce qui est très bien, c'est qu'ils sont très bien entourés. Ils ont reçu des valeurs d'éducation très élevées par leur famille. L'entourage, la Team Lebrun, joue un rôle très important pour avoir un cocon, une soupape au quotidien, ça fait partie du processus. »

Alexis et Félix Lebrun peuvent aussi compter sur cet entourage pour continuer de s'améliorer d'un point de vue mental. Ils ont conscience que comme dans tous les autres domaines, leur marge de progression est énorme. Le comprendre et le revendiquer en étant respectivement 21e et 6e mondial est une preuve de cette lucidité qui ne les quitte jamais.

« C’est pas mal de discussions avec toute notre team autour de nous pour essayer de toujours progresser parce qu'on n'est jamais parfaits, surtout sur ce plan mental qui est très large. Donc bon, je pense que j'ai toujours été très combatif, mais j'essaye encore de m’améliorer », détaille le cadet de la fratrie.

Les frères Lebrun sont de véritables prodiges, et ils ne s'en contentent pas.

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