Dans la tête de Léon Marchand, le phénomène de la natation avant les Jeux Olympiques de Paris 2024

Par Florian Bouhier
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 Leon Marchand of Team France 
Photo de 2023 Getty Images

Lors des épreuves de natation aux Jeux Olympiques de Paris 2024, l’immense majorité des supporters auront les yeux rivés sur lui. Chacune de ses respirations et de ses longueurs seront scrutées au plus près. À chacune de ses courses, les fans n’espéreront pas seulement être témoins d’une de ses victoires, mais d’un record du monde.

Tel est l’immense défi de Léon Marchand. À 21 ans, le Français se prépare à porter les espoirs de la natation française sur ses épaules.

Depuis les Jeux Olympiques de Tokyo 2020, Léon Marchand a changé de statut, passant de grand espoir à star incontesté de sa discipline. En battant le record de Michael Phelps sur 400 m quatre nages lors des Mondiaux de Fukuoka au Japon en 2023, le Français a commencé d'écrire sa légende. Il est désormais l’un des athlètes à ne pas rater prochains JO.

À domicile, Léon Marchand devra gérer la pression sportive et médiatique inhérente à son nouveau statut. Pour cela, cette saison, il s’est particulièrement focalisé sur le plan mental, connaissant l’importance de cet aspect sur ces performances.

Olympics.com vous plonge dans l’esprit d’un champion qui ne laisse rien au hasard, le Français Léon Marchand avant les Championnats de natation NCAA 2024 qui se déroulent du 27 au 30 mars à Indianapolis aux États-Unis d'Amérique.

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« Quand j'étais vraiment nerveux, je ne pouvais pas bien nager du tout »

Contrairement à Thierry Henry, sélectionneur de l’équipe de France espoirs de football, Léon Marchand ne s’essaye pas à la technique de visualisation. Cette projection mentale de pensées positives est utilisée notamment par la championne de tennis Iga Świątek.

« Je ne visualise pas vraiment. J'aime garder un peu de surprise. À Paris, les épreuves de natation vont s’étaler sur neuf jours. Je vais essayer de garder mon énergie jusqu'à ce que toutes mes courses soient terminées. Mais, oui, ce serait incroyable de gagner là-bas. Devant le public français, à la maison », confie-t-il lors d'une conférence de presse organisée par son université d'Arizona State à laquelle Olympics.com était convié.

Mais comment Léon Marchand se prépare, sur le plan mental, au prochain tourbillon d’émotion dans lequel il sera plongé lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 ?

« La première chose sur laquelle j'ai travaillé avec mon entraîneur mental, c'est sur la gestion de mon stress et de ma nervosité avant les compétitions, parce que quand j'étais vraiment nerveux, je ne pouvais pas bien nager du tout. J'ai donc travaillé sur ce point, essayant d'être aussi détendu que possible avant et pendant les compétitions. »

Depuis deux ans, Marchand travaille avec un préparateur mental, Thomas Sammut, qui a suivi Florent Manaudou, entre autres.

Avant cela, lors des JO de Tokyo 2020, Léon Marchand avait réussi à atteindre sa première finale olympique lors de sa première participation. Outre le résultat, une 6ᵉ place en 400 m 4 nages, le Français a acquis de l’expérience sur la gestion d’un tel évènement.

« Ça m’a rendu conscient de la manière dont je devais gérer mon énergie tout au long de la semaine. Parce que lors des Jeux Olympiques de Tokyo, comme ça sera le cas à Paris, il faut bien nager le premier jour, puis réussir à se calmer, se rendormir et enchaîner avec de nouvelles courses de natation trois ou quatre jours plus tard. »

Pour réussir à absorber toute pression, Léon Marchand utilise notamment des techniques de respiration « que je peux utiliser pour m’aider à dormir ou pour me préparer avant une course » ou encore quelques séances de méditation pour « se concentrer sur moi-même et rien d’autre ».

Pan essentiel de la récupération, et donc de la performance sportive, le sommeil est pris très sérieusement par le nageur de 21 ans. Face à l’effervescence de la compétition, la jeune star utilise une technique de respiration consistant à « respirer uniquement par le nez pendant quelques minutes. Cela m'aide à rester calme et à m’endormir ».

En compétition, il arrive à maintenir un niveau de concentration élevé grâce à une respiration proactive qu’il utilise juste avant de plonger.

« Avant la course, c'est plus une sorte de respiration dynamique, je ferme les yeux et je pense à ma nage, à ma course et à quelques mots qui me font me sentir mieux. Cela m'aide beaucoup à gérer mon énergie pour la compétition. »

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« J'essaie de me mentir à moi-même tout le temps »

Malgré son jeune âge, Léon Marchand a déjà laissé une trace dans l’histoire de la natation. Le Français a dans son palmarès 4 records universitaires et surtout un record du monde en 400 m 4 nages, qu’il a ravi à la légende américaine, Michael Phelps, son détenteur depuis 2008.

Dans quel état d’esprit se trouve Léon Marchand avant de signer un record ?

« Je ne me dis pas vraiment de choses avant, je veux juste nager aussi vite que possible. Parfois, je ne me sens pas bien, mais je me débrouille quand même bien dans l'eau. J'essaie donc de me mentir à moi-même tout le temps : 'Oui, je suis en bonne forme, je peux le faire'. »

Lors de son dernier record universitaire, le nageur français a réussi le superbe temps de 4 min 6 s 18 sur 500 yards nage libre. Une longue distance qu’il n’a que peu pratiqué depuis son entrée sur le circuit universitaire juste après les JO de Tokyo.

« C'était assez sympa parce que Zalan Sarkany était là aussi. C'est un très bon nageur de l'équipe [d'Arizona State] et nous avons fait la course ensemble au début, et c'était amusant. J'essayais juste de me concentrer sur mon rythme et d'être aussi rapide que possible. »

Aux Jeux Olympiques de Paris 2024, le Toulousain sera l’un des athlètes les plus attendus. Il pourrait d'ailleurs tenter le défi fou de s'aligner sur quatre épreuves : 200 m et 400 m quatre nages ainsi que 200 m papillon et brasse.

Réussira-t-il à prendre du plaisir malgré les enjeux qui l’attendent ?

S'il assure sans surprise que ce qu’il aime, c'est « nager vite et surtout nager avec les meilleurs concurrents mondiaux », Léon Marchand a compris que son nouveau statut de star du sport français implique également de se montrer auprès des médias et de ses supporters.

Un effort supplémentaire pour ce réservé par nature, qui commence néanmoins à s’ouvrir de plus en plus après des autres et à aimer cela.

Je commence à apprécier tout ça, le fait de rencontrer les gens, de signer des autographes, de faire ce genre de choses.

« Le problème, c'est que ça me prend beaucoup d'énergie aussi. Ce n’est pas facile de le gérer dans la semaine des Jeux. Mais forcément, je suis moins timide qu'avant parce que j'ai déjà été un peu plus sous les feux des projecteurs, donc [pour les Jeux de Paris] ce sera différent. »