Journée internationale des femmes | De Serena Williams à Cléopâtre Darleux : ces initiatives d’athlètes féminines qui contribuent l'égalité des genres dans le sport

Si le milieu du sport est de plus en plus inclusif et paritaire, certaines athlètes ont pris des initiatives pour accélérer le processus, à l’image de Serena Williams ou encore Ysaora Thibus. À l’occasion de la Journée internationale des femmes du 8 mars, Olympics.com vous présente certains projets qui font bouger les lignes du sport féminin.

6 minPar Awalice Fall-Mabon
Cleopatre Darleux of Team France and Serena Williams of Team USA
(Getty Images)

En terme de représentation, d’accompagnement ou bien de rémunération, il existe toujours un déséquilibre entre les athlètes femmes et leurs comparses masculins. Et le milieu sportif ne fait pas exception à la règle.

La Journée internationale des femmes du 8 mars est une fenêtre pour faire entendre les voix de celles qui agissent pour une meilleure considération, mais c'est également une belle opportunité de constater le chemin déjà parcouru.

Qu’elles pratiquent l’escrime, le football, le tennis ou encore le BMX, des femmes ont pris des initiatives pour faire évoluer la situation. Olympics.com s'est penché sur certaines athlètes dont les actions ont pu servir la grande sphère du sport féminin.

Améliorer la visibilité des athlètes femmes

Face à des médias parfois timorés concernant la mise en avant du sport féminin, certaines athlètes n’ont pas hésité à adresser le problème à la racine et développer leur propre média. Ce genre d’initiatives permet non seulement de rendre justice aux héroïnes du milieu sportif, mais aussi d’inspirer toute une jeune génération avec des modèles aussi variées qu’inspirantes.

The Bloom BMX, co-fondé par la rideuse de BMX freestyle park américaine Angie Marino et l’ancienne pilote de BMX race canadienne Beatrice Trang, est un média se concentrant exclusivement sur les athlètes féminines. Depuis sa création en 2019, il a permis de mettre en avant la scène féminine du BMX, à la fois pour les disciplines de park, race, dirt ou de flat. Au-delà d'être une plateforme d’actualité et d’informations, leur site a permi de mettre en lumière des jeunes rideuses et de les accompagner dans leurs ambitions de carrière. C’est notamment le cas de Carin Hommura, rideuse japonaise de BMX flat (discipline non olympique), qui a participé à la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Avant son apparition sur The Bloom BMX, elle ne bénéficiait que de peu de visibilité au-delà des frontières japonaises et grâce à cette mise en lumière elle a pu être repérée et approchée par des sponsors.

Plus récemment, la fleurettiste française et championne du monde en titre Ysaora Thibus a lancé son média digital EssentiELLE Stories en 2020. Son but est de mettre en avant les athlètes femmes en racontant leurs histoires.

« Mon constat est partie du fait qu'il n'y avait pas beaucoup de visibilité et de médiatisation autour du sport féminin », explique la championne du monde lors d'une interview exclusive avec Olympics.com à l'INSEP. « J'avais tout simplement envie de raconter les histoires des athlètes femmes qui sont performantes mais qui ont aussi des choses à dire [pour montrer] les femmes qui sont derrière ces résultats. »

Elle a notamment publié des interviews avec Allyson Felix ou encore Estelle Mossely au sujet du sport féminin, mais également raconté l'histoire de la paralympienne Marie Patouillet, mettant en avant leurs épreuves pour se hisser au plus haut niveau.

« Je pense qu'il faut beaucoup plus de résultats à une femme pour pouvoir être relayée dans les médias. Et une fois que cette fenêtre de tir est un peu ouverte, on n'a pas nécessairement le temps de dire ce que l'on veut dire. Je suis arrivée aussi dans cette dynamique : si ce n'est pas dans les médias traditionnels, peut être que sur les réseaux sociaux ou de par nous-mêmes, on peut ouvrir les débats qui nous touchent toutes et qui intéressent, je pense, de plus en plus de monde. »

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Faire évoluer les réglements

Quand il est question de lutte féministe dans le sport et d’inégalités, les écarts de revenus sont régulièrement mentionnées mais d'autres sujets dont les athlètes masculins ne font pas face doivent également être mis en avant, comme les menstruations ou la grossesse.

Grâce aux voix de certaines athlètes, ces vérités sont adressées pour faire évoluer les situations.

La handballeuse française Cléopâtre Darleux, gardienne de but de l’équipe de France championne olympique à Tokyo 2020, est mère de famille depuis 2019. Elle a tenu un grand rôle dans le développement de la Convention collective de travail qui régit aujourd’hui le handball féminin et qui garantit des droits aux athlètes, notamment en cas de congés maternité. Darleux a non seulement fait entendre sa voix et son expérience personnelle pour sensibiliser à ces questions, mais ses échanges, ainsi que ceux d’autres joueuses, avec les syndicats ont permis de développer cette convention qui est une première dans le sport d’équipe professionnel féminin en France.

Megan Rapinoe a également fait de l’égalité des genres l’une de ses causes principales. La capitaine de l’équipe américaine de football, double championne du monde et médaillée d’or olympique à Londres 2012, a utilisé sa notoriété pour adresser les droits des femmes mais également ceux de la communauté LGBTQ+. En 2022, elle a obtenu gain de cause quand la Fédération américaine de football (USSF) a statué en faveur d’une rémunération égale entre les équipes masculines et féminines pour les rencontres amicales et lors des tournois, y compris les Coupes du monde.

En février dernier, à l’occasion de la She believes Cup, l’équipe féminine canadienne a également profité de la plateforme que représentait l’événement pour réclamer la même considération et des revenus identiques à ceux de leurs homologues masculins.

Améliorer l'accompagnement des femmes

Serena Williams et Allyson Felix font partie des athlètes dont les carrières brisent des records en termes de succès, de longévité et d’influence. La tenniswoman détient 73 titres en simple, 23 titres et double et quatre médailles d’or olympiques (trois en double - une en simple). De son côté, la sprinteuse s'est illustré avec sept médailles d’or olympiques et vingts médailles aux Championnats du monde (sept en individuel et 13 en relais), ce qui fait d’elle l’athlète la plus décorée de l'histoire des Mondiaux, sans distinction de genre.

Au-delà de leurs accomplissements sportifs, Williams et Felix sont également des modèles d'entrepreneuriat, chacune étant à la tête de leur propre marque. Ayant eu à se heurter à différentes problématiques au cours de leurs carrières sportives, l’éthique de leurs marques permet aux femmes de bénéficier d’un accompagnement et de modèles dont elles-mêmes ont pu être dépourvues.

Ainsi, la marque de Serena Williams (S by Serena) propose des tailles qu’il était difficile de trouver sur le marché et qu’elle a préféré appelé Great Size plutôt que Plus Size.

Depuis 2022, en partenariat avec son sponsor Athleta et l'ONG &Mother, Allyson Felix a créé un fond proposant une garde d’enfant gratuite pour les athlètes, coachs et membres du staff lors des mondiaux.

Bien que du chemin reste à faire, c'est notamment grâce à ces athlètes que le progrès est en route. Et leurs initiatives permettra aux nouvelles générations de s'inspirer pour elles aussi apporter les changements nécessaires et faire rayonner le milieu sportif.

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