Championnats du monde de tennis de table 2023 : Alexis et Félix Lebrun, deux pongistes créatifs et pas comme les autres

Alexis et Félix Lebrun font partie des joueurs les plus attendus aux Championnats du monde de tennis de table 2023 (20-28 mai).

Respectivement 19e et 35e au classement mondial, ils se présentent à Durban, en Afrique du sud, avec des ambitions légitimes. Mais ce n’est pas la seule raison qui justifie toute cette attention. Le monde du ping a appris à être constamment surpris avec eux.

En-dehors du top 1 000 mondial au moment des derniers Mondiaux, en 2021, les deux Français ont connu une progression exceptionnelle avec de superbes performances sur le circuit WTT (voir plus bas). Dans leur parcours, leur style de jeu est la seule chose qui impressionne plus que leurs résultats. Les frères Lebrun sont des grands espoirs, mais ils sont surtout des joueurs spectaculaires.

Félix est un adepte de la prise porte-plume pourtant très rare chez les joueurs européens. Il a découvert cette technique dès son plus jeune âge au contact de Chen Jian, un pongiste qui évoluait à Montpellier et à Istres dans le Championnat de France. Ce joueur originaire de République populaire de Chine, pourtant sans référence sur la scène internationale, a été la principale inspiration du pongiste français. Comme une preuve supplémentaire que leurs modèles évoluent hors des sentiers battus.

« J’avais quatre ans, je le voyais jouer et ça me donnait envie de faire comme lui. Je me disais que si lui y arrive, il n'y a pas de raison que je ne puisse pas y arriver avec cette prise aussi. Il joue différemment, mais il est aussi fort que ceux qui jouent avec la prise orthodoxe donc j'ai voulu faire comme lui, c’est lui qui m’a inspiré le plus », expliquait Félix dans une interview exclusive avec Olympics.com en janvier dernier, ajoutant qu'il aime la variété que lui offre cette prise.

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Alexis, « capable de faire un service “essuie glace” contre le n°3 mondial »

Le plaisir pris avec cette technique inhabituelle l’a incité à poursuivre sur une voie différente des autres. Aujourd’hui, il apprécie que cela plaise.

Son grand frère Alexis avait des modèles un peu plus référencés comme le Chinois Xu Xin (ancien numéro 1 mondial) et le Suédois Jan-Ove Waldner (champion olympique à Barcelone 1992), mais c’était pour leur « créativité et leur touché de balle ». Deux qualités qui font sa renommée.

Les deux frères tentent des choses, ils s’amusent en jouant et cela se voit.

« Ce qui caractérise Félix et Alexis devant une table, c'est le jeu », explique Nathanaël Molin, leur entraîneur. « Ils ont une forme de légèreté. Face au numéro 3 mondial, Alexis est capable de faire un service “essuie glace”, qu'on apprend en première année de baby ping. Il n’y a rien de spécial, sauf que c'est le seul à le faire au haut niveau. C'est ça qui est spécial. Mais pourquoi il le fait bien ? Parce qu'il joue. Il essaie tout simplement de piéger son adversaire par le jeu. »

L’importance du plaisir leur permet de faire le spectacle dans chaque échange, mais aussi entre. Alexis est un joueur très vocal qui occupe beaucoup l’espace, qu’importe l’adversaire. Lors du WTT Champions de Macao en avril dernier, il avait battu le n°1 mondial Fan Zhendong et pris une manche à Ma Long.

Il n'était pas intimidé et exprimait ses émotions après chaque point. Cette attitude symbolise l’état d’esprit de la fratrie Lebrun : ils n’ont peur de rien, ni de personne. Même la domination totale des pongistes chinois ne les effraye pas.

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Les pongistes de la République populaire de Chine craignent Alexis et Félix Lebrun

« Moi je pense que c'est vraiment possible de les battre », clame Félix. « On sent que plus on les joue, plus c'est serré et on sent qu'eux aussi voient qu'on n'est pas très loin. Ça nous donne encore plus envie de progresser. J'y crois à 100 % et j'ai envie d'y arriver ». En juillet 2022, lors du WTT Star Contender de Budapest, il avait déjà pris une manche à la légende Ma Long.

« Ils sont très forts mais à chaque fois qu'on les a joués, que ce soit en double ou en simple, on a senti qu'il y avait quand même des endroits où on pouvait les embêter. Maintenant, c'est à nous de progresser pour réussir à les battre sur la compétition qu'il faut », confirme Alexis Lebrun, qui ne cache pas ses rêves de titre olympique à Paris 2024.

Une telle assurance a fait changer la peur de camp. Alors que les Chinois ont souvent suscité la crainte chez leurs adversaires, ce sont désormais eux qui considèrent les frères Lebrun comme une menace.

Les deux jeunes Français sont des joueurs atypiques et ils en profitent pour construire sur cet avantage. Ils s’inspirent de ce que font les meilleurs et cherchent à innover à partir de cette base pour les dépasser.

Avec Stéphane Lebrun, ancien champion de France en double, comme père et Christophe Legoût, quart de finaliste aux JO de Sydney 2000 en double hommes, comme oncle, ils vivent “ping”. Les échanges sont nombreux et permanents pour repousser les limites.

Ils ne s’en lassent pas et profitent d’un cadre unique pour continuer de progresser, même dans les conditions les plus surprenantes : c’est en continuant de s’entraîner sur une table dans leur cave qu’ils ont préparé leur éclosion au plus haut niveau pendant la pandémie de Covid-19.

Ce travail poussé et cadré par un staff qui leur est dédié est l'une des raisons pour laquelle le monde est autant emballé par le niveau actuel d’Alexis et Félix Lebrun. Ces deux joueurs ne font rien comme les autres et ne semblent pas avoir les mêmes limites que le commun des mortels.

De quoi être l’attraction des Mondiaux qui débutent ce samedi 20 mai à Durban.

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