Discussions sur la situation du Mouvement olympique en ce dernier jour de réunion de la commission exécutive du CIO
La commission exécutive du CIO a longuement discuté aujourd'hui de la situation du Mouvement olympique en lien avec les conséquences de la guerre en Ukraine suite à l'invasion russe. Ces discussions, ainsi que celles qui auront lieu lors du prochain Sommet olympique ce vendredi 9 décembre, préparent les consultations approfondies avec les parties prenantes, lesquelles sont prévues début 2023.
Lors de la conférence de presse de clôture, le président du CIO, Thomas Bach, a tout d'abord exposé les conclusions des discussions de la commission exécutive s'agissant des sanctions prises à l’encontre des États et gouvernements russes et bélarussiens :
"Sans surprise, les sanctions prises à l’encontre des États et des gouvernements russes et bélarussiens n'ont en aucun cas été remises en question au cours du débat très important d'aujourd'hui. Comme je l'ai indiqué à plusieurs reprises : Les sanctions doivent rester résolument en place. Ces sanctions ont été imposées en raison de la violation de la Trêve olympique, qui est aussi une violation de la Charte olympique."
Le Président Thomas Bach a ensuite rappelé en quoi consistent ces sanctions contre les États et gouvernements russes et bélarussiens :
- La condamnation très ferme de la violation de la Trêve olympique par le gouvernement russe.
- Aucun événement sportif international ne sera organisé ou soutenu par une Fédération Internationale (FI) ou un Comité National Olympique (CNO) en Russie ou au Bélarus.
- Aucun drapeau, hymne, couleur ou autre identification de ces pays ne doivent apparaître lors de rencontres ou d’événements sportifs.
- La décision sans précédent de retirer les Ordres olympiques décernés au président de la Fédération de Russie et au vice-premier ministre.
Le président a par ailleurs expliqué que les membres de la commission exécutive avaient réaffirmé aujourd'hui à l'unanimité la position claire du CIO quant au maintien de ces sanctions. Les membres de la commission ont également réaffirmé à l'unanimité la poursuite des efforts de solidarité du CIO envers les athlètes ukrainiens et la communauté olympique ukrainienne. Ceci afin d'avoir une délégation olympique ukrainienne forte aux Jeux Olympiques de Paris 2024 et aux Jeux Olympiques d’hiver de Milano Cortina 2026.
Le président Thomas Bach a ensuite évoqué le débat de la commission exécutive du CIO qui a duré plusieurs heures et qui portait sur la participation des athlètes détenant un passeport russe ou bélarussien aux compétitions sportives internationales.
Il a affirmé à ce propos :
"Permettez-moi d'être à nouveau très clair à cet égard : La question de la participation des athlètes est très différente de celle des sanctions prises à l'encontre de leur gouvernement. La question de la participation des athlètes n'a jamais fait partie, et ne pouvait pas faire partie des sanctions. Cette question était une mesure de protection visant à préserver l'intégrité des compétitions sportives internationales et à assurer la sécurité des athlètes de ces deux pays.
Car après le déclenchement de cette guerre certains gouvernements ont commencé à décider quels athlètes seraient autorisés à participer aux compétitions sportives internationales - et lesquels ne le seraient pas en refusant notamment de délivrer des visas aux athlètes et aux officiels d'équipe de Russie et du Bélarus.
Certains gouvernements ont menacé et menacent encore leurs athlètes de retirer leur financement si ces derniers devaient affronter des concurrents russes ou bélarussiens. Certains gouvernements ont interdit et interdisent encore à leurs athlètes de participer à des compétitions contre des Russes et des Bélarussiens. Certains gouvernements ont fait pression et font encore pression sur leurs athlètes par le biais de l'opinion publique.
La participation des athlètes à des événements sportifs ne peut se faire que sur la base du mérite sportif et avec des athlètes qui respectent les règles du sport. Nous ne pouvons pas autoriser les gouvernements à décider, pour des raisons politiques, qui peut participer ou non. Cela mettrait en péril le modèle sportif international, et nous ne l'accepterons jamais. C'est également contraire aux résolutions internationales auxquelles les gouvernements ont souscrit.
Nous nous sommes retrouvés face à ce terrible dilemme. Nous avons dû aller à l'encontre de nos valeurs et de notre mission consistant à unifier le monde dans une compétition pacifique. Nous avons dû interdire de participation des athlètes sur la base de leur seul passeport.
C'est pourquoi nous avons dit très clairement, et ce dès le début, que, s'agissant de la participation des athlètes, nous devions étudier les moyens de surmonter ce dilemme."
Ainsi que le président du CIO l'a souligné, les membres de la commission exécutive ont pris note aujourd'hui des nombreuses marques d'encouragement et de soutien reçues par le CIO, notamment au cours des dernières semaines, pour l'aider à surmonter ce dilemme et accomplir sa mission unificatrice au service de la paix.
À la suite de l'intervention du président du CIO lors du récent Sommet du G20, son président, à savoir le président indonésien Joko Widodo, a apporté son appui à la neutralité politique du sport et rappelé le pouvoir fédérateur des Jeux Olympiques et Paralympiques.
Emmanuel Macron, le président de la République française, hôte des prochains Jeux Olympiques et Paralympiques, a lui aussi fait part de son soutien en ces termes : "Le sport ne doit pas être politisé." Citant plus particulièrement les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, il a rappelé que ces grands événements avaient pour but de permettre aux athlètes de tous les pays, y compris parfois de pays en guerre, de vivre leur sport.
Enfin, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté le 1er décembre 2022 la résolution A/77/L.28 : "Le sport, facteur de développement durable". L'adoption s'est faite par consensus, avec l'adhésion de l'Ukraine, de la Russie et du Bélarus. Cette résolution reconnaît que les grandes manifestations sportives internationales "doivent être organisées dans un esprit de paix" et "qu’il convient de respecter le caractère unificateur et conciliateur de ces manifestations".
Elle appuie également la neutralité politique du Mouvement olympique, "l’indépendance et l’autonomie du sport ainsi que la mission du Comité International Olympique, qui est de conduire le Mouvement olympique".
Le président de la 77e session de l'Assemblée générale des Nations Unies a déclaré lors de l'ouverture des débats : "J'encourage tous les États membres à préserver l'esprit fédérateur du sport et du Mouvement olympique. Il est de meilleur augure pour le monde que les nations s'affrontent sur les terrains de sport plutôt que sur les champs de bataille. Les premiers nous rendent plus nobles et plus forts, les seconds sèment la mort et la dévastation."
Une lettre reçue des rapporteuses spéciales du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies dans le domaine des droits culturels et sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée a joué un rôle important lors des discussions de la commission exécutive.
On peut lire dans cette lettre : "Nous exprimons cependant de sérieuses inquiétudes quant à la recommandation d'interdire de compétitions internationales les athlètes et les officiels russes et bélarussiens, tels que les juges, sur la base de leur seule nationalité. Cela soulève de sérieuses questions en lien avec la non-discrimination."
En conclusion, le président du CIO a rappelé :
"Tous les membres de la commission exécutive du CIO ont souligné l'importance pour le Mouvement olympique d'accomplir sa mission unificatrice comme il l'a toujours fait face aux trop nombreux conflits et guerres jusqu'ici. Le Mouvement olympique doit être une force au service de la cohésion et non de la division. C'est le mandat que les membres de la commission exécutive du CIO ont confié aujourd'hui, à l'unanimité, aux représentants du CIO en vue du Sommet olympique de vendredi."