Ter Mors revient sur son incroyable doublé en patinage de vitesse à PyeongChang
À PyeongChang, la Néerlandaise Jorien Ter Mors est devenue la première femme à remporter une médaille dans deux disciplines différentes lors d’une même édition des Jeux. Après avoir décroché l’or sur 1 000 m en longue piste, elle a participé à la conquête de la médaille de bronze du relais 3 000 m sur piste courte une semaine plus tard. Dans un entretien exclusif accordé à Olympic.org, la jeune femme revient sur cet exploit inédit.
« C’était mes troisièmes Jeux Olympiques. J’avais déjà fait partie du relais en patinage de vitesse sur piste courte à Vancouver et nous avions fini à la quatrième place. À l’époque, nous étions très déçues. Heureusement, cette première expérience olympique m’a été très utile. Quatre ans plus tard à Sotchi, je savais exactement à quoi m’attendre et j’ai pu me concentrer sur ma course. J’ai éteint mon téléphone pendant toute la compétition. Je n’ai fait que manger, dormir et m’entraîner. » Le 1 000 m sur piste courte étant programmé le dernier jour des Jeux Olympiques d’hiver, Ter Mors reste donc concentrée durant deux semaines complètes.
Concourir dans les deux disciplines du patinage de vitesse nécessite une préparation minutieuse pour participer à l’ensemble des courses qualificatives. À Sotchi, ses efforts lui rapportent deux médailles d’or en patinage de vitesse (1 500 m et relais), mais le podium de la piste courte lui échappe une fois de plus.
Touchée au dos au début de la saison olympique 2018, la Néerlandaise parvient tout de même à prendre part aux qualifications nationales en patinage de vitesse. Malheureusement, son échec sur 1 500 m la laisse « anéantie ». « Il m’a fallu une semaine pour m’en remettre et me souvenir que j’étais tout de même qualifiée sur 1 000 m. »
Les Jeux de PyeongChang débutent pourtant de la pire des manières pour elle. Dès la deuxième journée, sa meilleure chance de médaille en piste courte s’envole en fumée : son équipe manque un échange et sort des qualifications. Il lui faut désormais se contenter de la finale B. À ce stade, Ter Mors commence à se faire à l’idée d’abandonner son sport favori sans jamais remporter de médaille olympique.
« Nous étions dégoutées. Mais en short track, il faut apprendre à se remotiver très vite en compétition. La prochaine course n’est jamais bien loin. Il en va de même lors des Jeux Olympiques. Du coup, je me suis concentrée sur les 1 000 m du patinage de vitesse. La semaine précédente, j’avais eu de bonnes sensations à l’entraînement. Au fil des jours, je n’arrêtais pas de progresser. Je n’en ai pas trop parlé aux journalistes, mais je sentais que je pouvais gagner. Et c’est ce que j'ai fait. J’ai battu le record olympique en franchissant la ligne et pourtant, je n’étais pas vraiment fatiguée. »
Une troisième médaille d’or autour du cou, Ter Mors n’a pas le temps de faire la fête : il lui faut préparer les prochaines échéances. Elle termine cinquième du 1 500 m sur piste courte, puis sixième du 500 m en patinage de vitesse classique le jour suivant. Il ne lui reste plus alors que la finale B du relais piste courte à disputer. Ses chances de podium n’ont jamais paru aussi minces. Pourtant, Ter Mors refuse de baisser les bras.
« Sur piste courte , une disqualification est toujours possible, même en finale. Jeroen Otter, notre entraîneur, nous a convaincues de ne pas prendre cette course à la légère. Il nous a dit que, si nous pouvions battre le record du monde dans cette course, nous prouverions que nous étions les meilleures. Yara van Kerkhof, Lara van Ruijven, Suzanne Schulting et moi, nous étions devenues très proches au fil des années. Nous savions que nous en étions capables. »
Les Néerlandaises livrent une performance exceptionnelle. Ter Mors prend tout de suite les choses en main, imitée au fil de la course par ses coéquipières. « Je suis partie à fond du début à la fin, mais les Hongroises ne nous ont pas lâchées. J’ai même craint qu’elles ne nous dépassent pendant le dernier tour. Finalement, nous avons gagné dans un temps record. Après ça, il ne nous restait plus qu’à patienter. »
« Nous nous attendions à vivre une finale agitée, à cause de la présence des Coréennes. Malgré tout, nous avions besoin de deux disqualifications pour obtenir la médaille de bronze. Je ne pensais pas que ça arriverait, mais les autres ne voulaient pas renoncer. Elles avaient pris leurs tenues, au cas où il faudrait monter sur le podium... et elles ont eu raison ! Ça peut sembler un peu bizarre de gagner une médaille sans participer à la finale, mais grâce à notre record du monde, nous avions le sentiment de l’avoir mérité. »
Devenue la première athlète à remporter des médailles en patinage de vitesse sur piste longue et piste courte lors de la même édition des Jeux, Ter Mors n’a guère eu le temps de fêter son exploit. « Une fois la cérémonie de clôture terminée, les athlètes sont rentrés chez eux pour retrouver leurs proches. Moi, j’ai pris l’avion pour participer aux Championnats du monde de sprint à Changchun. Les autres ont eu droit à leur petite fête. Elles sont même allées à la télévision pendant que je passais la semaine dans une chambre d’hôtel en Chine. Heureusement, pour me consoler, j’ai gagné un nouveau titre là-bas. »
Ter Mors pourrait bien revenir en Chine à l’occasion des Jeux Olympiques d’hiver Pékin 2022. La championne néerlandaise a réalisé son rêve en montant enfin sur un podium en piste courte. Elle va donc pouvoir reporter toute son attention sur le patinage de vitesse.