Shaun White, snowboardeur et bien plus encore
Il y a un an, Shaun White a consolidé sa place dans l'histoire olympique avec une superbe performance à PyeongChang, remportant sa troisième médaille d'or en half-pipe. Aujourd'hui, son équipement d'hiver bien rangé, le snowboardeur américain vise à égaler un exploit qu'un seul autre athlète a réussi…
Avec lui, tout cela semble incroyablement naturel, mais la légende américaine du snowboard, Shaun White, a relevé un énorme défi pour remporter sa troisième médaille d'or olympique aux Jeux d'hiver de PyeongChang 2018. Après avoir remporté l'or en half-pipe à Turin en 2006 et conservé le titre quatre ans plus tard à Vancouver, Shaun White avait terminé à une quatrième place décevante à Sotchi en 2014. Sa discipline évoluait rapidement, avec des athlètes plus jeunes qui tentait des figures plus ambitieuses.
Aux Jeux de PyeongChang 2018, Shaun White a repoussé ses limites : quelques mois auparavant, il avait en effet subi un terrible accident qui avait nécessité 62 points de suture alors qu'il tentait un 1440 (" Je me suis fait peur", confie-t-il à l'époque. "Je n'avais jamais autant saigné auparavant.")
Pour sa deuxième descente sur les pentes de République de Corée, Shaun White, alors âgé de 31 ans, accusait un retard d'un point sur son plus jeune rival, le Japonais Ayumu Hirano, soit un écart considérable en snowboard. Ce qu'il a fait ensuite a tout simplement été remarquable. Sachant que la réception d'un 1440 ne suffirait probablement pas pour gagner, il a tenté – et réussi – deux d'entre eux, dos à dos.
Tentative suffisante pour le propulser vers l'or, faisant de lui le snowboardeur le plus décoré de l'histoire olympique. "Quand ils ont annoncé mon score et que j'avais gagné, cela m'a paralysé", a déclaré Shaun White immédiatement après. "J'ai eu cette horrible blessure en Nouvelle-Zélande où je me suis ouvert le visage. Aujourd'hui, j'ai fait la même figure qui m'a valu ma blessure. Il y avait donc beaucoup d'obstacles à surmonter, mais ça en valait la peine."
À l'heure actuelle, les effets de ses remarquables réalisations en République de Corée sont encore palpables. Shaun White n'a plus rien à prouver dans le monde du snowboard et, bien qu'il ait encore en vue une incroyable quatrième médaille d'or en half-pipe à Beijing en 2022, il est aujourd'hui détendu et se concentre sur de nouveaux défis.
"À la fin de la journée, après avoir remporté cette troisième médaille à PyeongChang, c'est comme si on m'avait enlevé un poids énorme," indique-t-il. "Cette pression d'essayer de prouver quelque chose, cette mentalité machiste que j'avais, est en train de me quitter. Je m'amuse, c'est tout."
Shaun White est effectivement occupé à gérer son empire commercial, mais il commence aussi à se concentrer sur son prochain titre potentiel – un titre qui le placerait aux côtés d'Eddie Eagan comme le seul athlète de l'histoire à avoir gagné une médaille d'or aux Jeux Olympiques d'hiver et d'été (pour rappel, Eddie Eagan avait remporté l'or en boxe en 1920 et au bobsleigh en 1932).
Au-delà de ses succès en snowboard, on oublie souvent que Shaun White est aussi l'un des meilleurs skateurs de la planète – à commencer par le skateboard vertical, la discipline de prédilection d'un certain Tony Hawk, mais aussi du bowl, lequel sera inscrit au programme des Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo.
"Vous savez, c'est drôle, ils viennent d'annoncer certaines des qualifications", a déclaré Shaun White. "Ils disent que ça va commencer en mai. Je suis quelqu'un qui aime ses habitudes, j'ai besoin de savoir combien j'ai d'épreuves pour gagner, où ça va être, et ce qui va se passer. C'est tellement troublant, mais c'est excitant en même temps. Je me prépare mieux ainsi. Je n'arrête pas de le comparer au snowboard, je me dis que ce sera comme quatre épreuves et que ce sont vos deux meilleurs scores, mais ce n'est pas du tout comme ça. Il y aura dix épreuves et cinq meilleurs scores, c'est complètement différent. Donc j'essaie de trouver une solution. Je me lance maintenant dans le skateboard. C'est juste amusant."
Shaun White profite pleinement de l'entraînement. "Ce qu'il y a de bien avec le skate, c'est que je peux être à la maison, égoïstement. Je vois toutes les personnes que je ne vois pas quand je m'entraîne pour le snowboard. Je vis à Los Angeles, donc je dois aller à Mammoth Mountain, au Colorado ou en Autriche, tous ces endroits un peu fous. C'est génial, mais c'est loin de chez moi et c'est un sacrifice. Il fait froid. Dans les montagnes, c'est comme être dans une bulle – je suis tout le temps observé donc je n'ai pas forcément envie de me promener en ville, à moins d'être emmitouflé."
"Pour le skate, je peux être en jean. Je fais du skate à Venice, quand le soleil se couche, je m'arrête pour prendre un taco. Je m'éclate avec mes amis, au lieu d'être dans le Colorado. C'est génial et je m'amuse bien. [À Tokyo], c'est un type de skate différent de ce que je faisais auparavant, c'est-à-dire le skate vertical, les grandes rampes. Maintenant, je pratique le bowl, ce qui est génial, c'est tellement amusant."
"Je ne pense pas que j'aurais le même enthousiasme avec le vertical. Dans le skate vertical, la mentalité est assez similaire à celle du half-pipe, le bowl est plus comme le slopestyle, donc c'est plutôt varié. Chaque parc dans lequel vous vous présentez est complètement différent, il y a une nouvelle ligne, quelque chose à rechercher."
La planche de Shaun White est encore rangée, admet-il, mais il ne perd certainement pas son intérêt.
"Je n'ai pas fait autant de snowboard cette saison, je ne sais même pas où sont mes affaires", confie-t-il. "J'ai sûrement un sac avec des chaussettes sales de PyeongChang et une vieille barre chocolatée dans une poche. Chaque année, je viens en Chine, j'ai vu que le développement est exponentiel. Le fait que le pays ait décroché l'organisation des Jeux Olympiques de 2022 n'a fait qu'accentuer les choses. C'est incroyable de voir à quel point le snowboard a vraiment décollé."
"Regardez le nombre de disciplines aux Jeux Olympiques maintenant. Tout a commencé par le half-pipe, puis le slopestyle et maintenant le big air. Le public en veut plus, il aime voir ce sport et ce sport intéresse vraiment les personnes qui regardent les Jeux Olympiques. Et ajouter le surf et le skateboard aux Jeux d'été, c'est de la folie."
Il ne fait aucun doute que cet essor est en partie attribuable à Shaun White. Que ce soit sur un skate ou sur une planche de surf, fort de la pression relâchée après sa gloire de PyeongChang, on sent que son voyage olympique est loin d'être terminé.