L'insaisissable médaille d'or olympique enfin remportée lors des superbes Jeux de PyeongChang 2018

Elle était l'une des meilleures patineuses de vitesse sur piste courte à n'avoir jamais remporté de médaille d'or aux Jeux Olympiques. Le 500 m à PyeongChang a donc marqué la fin émouvante d'un long et difficile voyage pour l'Italienne Arianna Fontana... et aujourd'hui elle inspire toujours davantage d'Italiennes à pratiquer ce sport. 

L'insaisissable médaille d'or olympique enfin remportée lors des superbes Jeux de PyeongChang 2018
(2018 Getty Images)

La star italienne du patinage sur piste courte, Arianna Fontana, ne savait pas qu'elle allait gagner le 500 m aux Jeux Olympiques d'hiver de PyeongChang 2018 – pourtant, son époux et entraîneur, Anthony Lobello, en avait l'intime conviction.

"Je pense qu'il doit avoir une boule de cristal", confie Arianna Fontana, 28 ans. "Avant les Jeux, il a écrit sur un morceau de papier que j'allais décrocher l'or sur le 500 m et monter sur le podium pour les autres distances. Il s'est trompé pour le 1 500 m – ce n'était pas mon jour – il a en revanche vu juste pour tout le reste. J'étais épatée."

Cette victoire d'Arianna Fontana a été sa toute première victoire lors d'une édition des Jeux Olympiques d'hiver. Elle a toujours figuré parmi les meilleures patineuses de vitesse sur piste courte du monde pendant plus de dix ans, se lançant à la conquête de titres dans les Championnats d'Europe et du monde, mais le prix ultime lui avait jusque-là échappé. Elle avait décroché une médaille de bronze à Turin en 2006, suivie d'une autre à Vancouver en 2010, puis l'argent à Sotchi en 2014. Mais cette consécration tardait à venir.

"J'ai continué à patiner après Sotchi pour cette raison. J'avais le sentiment de ne pas en avoir encore terminé, je voulais cette médaille d'or", a déclaré Arianna Fontana. "C'était difficile et je n'étais pas sûre de pouvoir être en mesure d'arriver aux Jeux assez compétitive pour atteindre la finale. En course pour PyeongChang, le temps passait et j'étais en compétition avec des patineuses qui avaient huit ou dix ans de moins que moi. Cela devenait compliqué. Mais tout ce que j'ai fait cette saison-là me préparait à ce moment précis, aux Jeux Olympiques.  Je me moquais de savoir si j'allais gagner des médailles en Coupe du monde, mais je commençais à être plus précise à mesure que nous approchions de l'échéance, et j'ai fait de belles performances aux Championnats d'Europe [un mois avant les Jeux]. Donc tout se mettait progressivement en place pour ces deux semaines de février."

"J'ai vraiment bien travaillé avec mon entraîneur, ce qui est un plutôt grand défi lorsqu'on sait qu'il est aussi mon époux. Je ne visais pas une distance en particulier, mon premier objectif était de parvenir en finale dans les quatre épreuves – les trois épreuves individuelles et le relais."

"J'ai raté [la victoire] dans le 1 000 m à Sotchi, et le 1 000 m a toujours été la distance la plus difficile pour moi. C'était la distance de prédilection de mon époux lorsqu'il patinait, et il m'avait promis que je serais capable de me battre pour aller chercher une médaille sur les trois distances. Donc je me réjouissais de ces trois épreuves quand je suis arrivée là-bas – grâce à lui, grâce à tout le travail que nous avions fait, et parce que je voulais me prouver à moi-même que j'étais capable de concourir à un haut niveau sur cette distance."

Arianna Fontana a décroché le bronze dans le 1 000 m et l'argent dans le relais 3 000 m, mais c'est dans l'épreuve sur 500 m qu'elle a finalement conjuré le sort. "Ce jour-là, j'avais un sentiment étrange, que je n'avais pas eu depuis des années. J'étais impatiente, l'adrénaline montait et j'avais en même temps un peu peur. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai eu peur d'entrer sur la glace", a-t-elle déclaré.

"Je l'ai dit à mon époux et il a juste souri. Plus tard, après la dernière course, il m'a dit que lorsque je lui avais confié cela le matin même, il savait que j'allais gagner."

Les Jeux eux-mêmes ont été une superbe expérience d'après Arianna Fontana. "Le public est génial en République de Corée, parce que le patinage de vitesse sur piste courte y est très populaire, donc c'est vraiment sympa de patiner là-bas. Le public soutient ses patineurs mais nous avons aussi énormément de fans. Ces derniers nous encouragent même si la République de Corée n'est pas en finale."

"J'ai aimé être près de la mer, j'allais beaucoup à la plage pour recharger mes batteries, et j'ai beaucoup aimé le site, les habitants, les volontaires. Les Jeux ont été très bien organisés."

La suite a également été agréable. Arianna Fontana a, à elle seule, contribué à faire connaître son sport en Italie – et il y a au moins deux petites filles qui ont été appelées Arianna en son honneur.

"Lorsque je suis rentrée en Italie, c'était un peu la folie, on me reconnaissait tout le temps. Mais c'était vraiment génial parce que bon nombre de personnes m'ont contactée sur les médias sociaux ou m'ont écrit des lettres en disant qu'elles ne savaient même pas jusque-là ce qu'était le patinage de vitesse sur piste courte, mais qu'ensuite elles m'ont vue patiner et que maintenant elles adorent ce sport. Des petites filles ont même demandé où elles pouvaient commencer à patiner. Cela m'a vraiment rendue heureuse."

"Il y a aussi deux couples qui ont choisi d'appeler leurs filles comme moi. L'un d'entre eux avait pensé à deux prénoms différents, dont Arianna, et ils ont tranché quand j'ai gagné. Mon Dieu. C'était un honneur et cela a vraiment ensoleillé ma journée."

Arianna Fontana s'est un peu mise à l'écart de son sport pendant un an, ayant réussi à atteindre son objectif ultime. Mais ne pariez pas contre son retour pour une piqûre de rappel. "Depuis un an, je profite de la vie, je passe du temps avec ma famille, nos nièces, nos neveux et nos amis. Nous sommes allés en Floride, pour profiter de la chaleur et pêcher."

"Je ne sais pas si je reviendrai au patinage, mais j'ai l'impression que je peux encore faire quelque chose dans ce sport. Il y a eu quelques problèmes avec notre fédération, mais s'ils sont réglés, je continuerai probablement. Sinon, je trouverai une solution. J'ai l'impression qu'il est temps de donner quelque chose en retour, peut-être, pour l'équipe d'Italie et les jeunes patineurs. Je pourrais entraîner des enfants, mais en revanche je ne sais pas si j'aurai la patience pour les simagrées des ados."

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