« Dans le sport comme dans la vie quotidienne, ce n’est pas toujours simple d’admettre que ça ne va pas. Pour moi, c’est ok. »
Madeleine Malonga n'a pas de problème à évoquer les doutes qu'elle a pu avoir. Elle est consciente de l'importance de la santé mentale et pense même que c'est une force de pouvoir assumer ses périodes de vulnérabilité. Y compris dans un sport de combat comme le judo.
Pour elle, la confiance en soi des athlètes est mise à rude épreuve par le jugement permanent porté par les entraîneurs, les adversaires, les médias ou les utilisateurs des réseaux sociaux. Et c'est d'autant plus vrai quand la réussite n'est pas au rendez-vous sur le tapis.
« Quand on met toute notre vie entre parenthèses pour une échéance, mais on rate notre objectif pour un cheveu, pour rien, on peut avoir l'impression de se sentir nul », explique la Française à Olympics.com.
Mado a peut-être un palmarès impressionnant, elle a vécu des moments difficiles en 2022. Une médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020, en 2021, deux médailles mondiales, dont une en or et quatre podiums européens dont deux titres n’éloignent pas les difficultés.
Bien au contraire.
Madeleine Malonga a compris qu'elle n'était pas la seule à vivre ces difficultés
Après être devenue vice-championne olympique des -78 kg, Madeleine Malonga a perdu la motivation et de nombreux doutes ont fait leur apparition. Elle avait repris l'entraînement rapidement, de manière automatique parce que c'était son habitude. Pourtant, la saveur n'était plus la même. La judokate ne prenait plus de plaisir et avait l'impression d'être un robot jusqu'à craquer.
« J'ai rêvé d'être championne d'Europe, d'être championne du monde, de gagner le tournoi de Paris, de tout gagner. Et puis après, quand tu as tout ça, tu demandes ce qu'il y a à faire après. C'est comme arriver au sommet de sa montagne, contempler la vue et réaliser que rien n'a réellement changé. C'était un petit peu bizarre », explique-t-elle pour Olympics.com.
La judokate de 29 ans a discuté de ce ressenti avec d’autres athlètes et pas uniquement des judokas. Elle a notamment abordé ce sujet de la santé mentale dans le sport avec l’escrimeuse Ysaora Thibus, médaillée d’argent en fleuret par équipes femmes aux JO de Tokyo 2020 et championne du monde 2022 en individuel.
Ces échanges lui ont permis de se rendre compte qu’elle n’était pas la seule à vivre des moments difficiles après les JO.
La judokate a aussi parlé librement de ses difficultés à ses proches. Ils ont trouvé les mots justes pour l'aider à relativiser le besoin de toujours gagner des médailles.
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Madeleine Malonga : « J'ai appris sur moi-même, donc ça a été une année positive »
Madeleine Malonga a su établir de nouvelles priorités pour l'année 2022, après une Olympiade consacrée à la quête d'une médaille en tant qu'athlète. Elle a trouvé un équilibre favorable à son épanouissement en tant que femme.
En parallèle au judo, elle a suivi une formation à HEC pour devenir coach, « une respiration ». Obtenir son diplôme lui a permis de bonifier une année 2022 positive sur le plan personnel.
« L'année 2022 a été une période de développement personnel en passant des diplômes. J'en suis très fière, j'ai aussi appris sur moi-même, donc ça a été une année positive », analyse la native de Soisy-sous-Montmorency.
Sportivement, même si elle a gagné moins de compétition, elle est satisfaite d'avoir pris la troisième place des Championnats d'Europe. Monter sur son quatrième podium continental malgré la période difficile qu'elle traversait lui a permis de reprendre confiance.
Madeleine Malonga ne se préoccupe pas de la concurrence sur la route de Paris 2024
Madeleine Malonga va désormais pouvoir profiter des leçons retenues en 2022 sur la route des Jeux Olympiques de Paris 2024. Elle s'avance avec une motivation retrouvée. Même après son élimination précoce aux Championnats du monde 2022, la Française avait envie de faire du judo et ressentait le besoin de combattre. Elle n'a donc pris qu'une semaine de vacances pour garder le rythme et entamer sa montée en puissance.
Mado a désormais « réactivé le mode guerrière et a Paris 2024 dans le viseur ». Elle est à la lutte avec Audrey Tcheuméo, Fanny-Estelle Posvite et Chloé Buttigieg pour décrocher le quota olympique attribué au pays-hôte dans la catégorie des -78 kg femmes, où elle occupe le cinquième rang mondial.
Au Grand Slam de Tel-Aviv, Mado est sur la ligne de départ d'une véritable course. Chaque sortie internationale va compter et la concurrence s'annonce importante. En Israël ce samedi 18 février, elle croisera notamment deux des trois premières du classement des -78 kg : Anna-Maria Wagner et Alice Bellandi.
Mais les mois à venir ne la stressent pas. Elle a décidé de se concentrer sur ce qu'elle peut maîtriser pour donner le meilleur d'elle-même en compétition, sans pour autant renier ses émotions car c'est l'une de ses forces.
« Je suis quand même sensible. Je peux pleurer, de bonheur, de joie ou de tristesse. C'est une façon pour moi de lâcher les choses. »
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