Entretien exclusif avec Richarlison :  « Maintenant je connais la pression qu'avait Ronaldo »

Il y a un peu plus d’un mois, lors d’un match des éliminatoire à la Coupe du monde de football 2026 entre le Brésil et la Bolivie, l’attaquant Richarlison a été remplacé par son sélectionneur Fernando Diniz à la 71ᵉ minute. Les caméras ont alors filmé le jeune homme de 26 ans qui, quelques instants plus tôt, avait raté une occasion en or de marquer. Sur le banc brésilien, il n'a pas pu retenir ses larmes.

Ce fut un moment révélateur qui prouve que les athlètes professionnels ne sont pas immunisés contre le stress et la pression subis au quotidien par de nombreuses personnes dans le monde entier. Quelques jours plus tard, l'attaquant a trouvé le chemin des filets face au Pérou mais avait été signalé en position de hors-jeu. Après ce match, Richarlison, qui avait connu un début de saison difficile avec Tottenham en Premier League (aucun but en quatre matchs), a déclaré aux journalistes qu’il prévoyait de travailler avec un thérapeute à son retour en Angleterre.

Depuis, le Brésilien a marqué un but, a délivré deux passes décisives et est au sommet du classement de la Premier League avec les Spurs. Olympics.com vous propose une interview exclusive avec Richarlison, dans laquelle l’ancien joueur de Fluminese s’ouvre sur son parcours dans le football, et notamment comment il a dû faire face à des commentaires négatifs tout au long de sa carrière.

Richarlison : « J’ai vu beaucoup de gens se perdre »

Richarlison - ou Richarlison de Andrade de son nom complet - a grandi dans le sud-est de l’État brésilien d’Espírito Santo, rejoignant le programme de football jeunesse d’América Mineiro en décembre 2014 après avoir passé du temps au Real Noroeste. Le jeune attaquant était sur le point d’abandonner sa carrière dans le football, ayant été rejeté par de nombreux clubs avant d’obtenir un essai avec América Mineiro. Richarlison a alors dépensé tout son argent pour un aller simple de 600 kilomètres pour Belo Horizonte, sachant que s’il ne faisait pas partie de l’équipe, il n’aurait aucun moyen de rentrer chez lui. Inutile de dire qu’il a impressionné les entraîneurs et obtenu sa place dans l’équipe. Six mois plus tard, il était promu en équipe première

L’histoire de Richarlison est une histoire de persévérance et de sacrifice, où beaucoup de ses amis, auraient pu l'imiter, s’ils avaient fait de meilleurs choix.

« Vous devez savoir comment traiter les commentaires négatifs, et positifs aussi, afin de ne pas laisser tout ça vous monter à la tête », dit le joueur de 26 ans. « Je me souviens avoir joué avec les moins de 17 ans à América [Mineiro], et il y avait beaucoup de gars qui étaient en avance sur moi et qui auraient pu devenir professionnels. Mais ils se sont perdus en cours de route, à cause d'un mauvais entourage ou parce qu’ils pensaient être plus forts qu’ils ne l’étaient. »

« Maintenant je connais la pression qu'avait Ronaldo »

Le numéro 9 occupe une place spéciale dans le football. Il est presque toujours porté par les attaquants de pointe, qui détiennent la position offensive la plus avancée sur le terrain et sont généralement les meilleurs buteurs de leur équipe.

La Seleção a eu de nombreux numéros 9 célèbres au fil des ans, y compris Careca dans les années 80, Tostão vainqueur de la Coupe du monde en 1970, et bien sûr Ronaldo Luis Nazário de Lima : plus connu sous le nom de Ronaldo.

Richarlison a eu pour la première fois l’honneur de porter le maillot légendaire du Brésil en 2018 tout en étant totalement conscient des attentes qui l’accompagnaient.

« Je suis très fier de porter le maillot numéro 9, surtout pendant la Coupe du monde », explique Richarlison. L’attaquant, surnommé Pombo - un mot portugais pour pigeon - a marqué trois buts en quatre matchs à la Coupe du monde 2022, où le Brésil a été éliminé en quarts de finale.

« Je sais maintenant le poids que Ronaldo portait et que d’autres grands joueurs qui portaient le numéro 9 avaient. Parce que quand on porte le numéro 9, on est attendu pour marquer des buts, n’est-ce pas ? Il faut se préparer à cela parce que la pression est énorme. »

« Chaque fois que vous jouez, vous devez faire de votre mieux, vous devez essayer de marquer, car c’est un maillot lourd à porter, à l'image du numéro 10. »

Le maillot numéro 10 a été porté par d’autres icônes brésiliennes et légendes du football telles que Kaka, Ronaldinho et le triple vainqueur de la Coupe du monde Pelé, mais également par Richarlison lui-même lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, en 2021. L’attaquant de 1,84 m avait marqué cinq buts en six matchs pour terminer meilleur buteur du tournoi et aider le Brésil à remporter la médaille d’or.

« Je veux être un idole pour les fans brésiliens »

Richarlison est parfois mis en avant pour son activisme et les œuvre caricatives auxquelles il contribue.

Selon le média Mundo Deportivo, Richarlison donne environ 10% de ses revenus de Tottenham aux patients atteints de cancer, pour lesquels il fournit un logement gratuit.

Il a également fait don de bouteilles d’oxygène à la ville amazonienne de Manaus au Brésil pendant l’urgence du coronavirus et a fourni des centaines de colis alimentaires aux communautés pauvres.

La star utilise par ailleurs sa renommée pour aborder régulièrement plusieurs problèmes sociétaux, notamment le racisme, la pauvreté, la brutalité policière, les droits des LGBTQ+, la violence sexiste et les questions environnementales.

« Je veux qu’on se souvienne de moi comme d’une idole, comme de quelqu’un qui a honoré le maillot de l’équipe nationale », dit-il. « Une personne qui a été exceptionnelle hors du terrain, toujours prête à aider les gens. Je veux être une idole pour les fans brésiliens. »