Fillon Maillet/Jacquelin, deux leaders, deux personnalités distinctes

Les deux biathlètes français occupent les deux premières places mondiales en Coupe du monde et figurent logiquement parmi les grands favoris de Beijing 2022.

5 minPar Emmanuel Bringuier
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(Christophe Pallot/Agence Zoom/Getty Images)

Difficile d'imaginer une flamme skiant sur les pistes enneigées du biathlon, mais l’image du feu et de la glace peut venir à l’esprit lorsque l’on évoque Émilien Jacquelin et Quentin Fillon Maillet. Ils sont les deux incontestables leaders du biathlon masculin tricolore, figurent parmi les grands favoris des Jeux Olympiques d'hiver de Beijing 2022 avec déjà une médaille d'argent chacun lors du relais mixte (5 février), et présentent deux caractères bien différents.

Présentation.

Fillon Maillet, l’éloge de la régularité

À tout seigneur, tout honneur, débutons par Quentin Fillon Maillet. L’actuel dossard jaune de la coupe du monde est aujourd'hui le leader de sa discipline et le plus expérimenté des deux biathlètes. À 29 ans, il est un habitué des joutes internationales (sa première saison date de 2013) et pèse plus de 50 podiums en Coupe du monde !

Après avoir été dans l’ombre de Martin Fourcade, le natif de Champagnole (Jura) a repris le flambeau, tout en continuant d’engranger d’excellents résultats sur le circuit. Il l'a affirmé sans ambages : Beijing 2022 est clairement dans son viseur.

« L'objectif de la saison, ce sont les Jeux Olympiques »

Fillon Maillet est un biathlète complet : exceptionnel au tir (84 % de réussite au couché, 90 % au debout), tout en étant très rapide sur les skis. Les dernières saisons stratosphériques de Johannes Thingnes Boe l’ont pour le moment empêché de s'affirmer en patron de sa discipline, mais sa régularité depuis des années reste impressionnante.

Troisième de la coupe du monde à l'issue des trois dernières saisons, le Français accumule de la confiance et cultive sa régularité, qui va de pair avec un mental en acier trempé. « Quentin est quelqu'un qui a une grande sérénité en lui, qui va de l'avant. Il ne laisse pas la place au doute, il a une énorme confiance en lui », a souligné son entraîneur Vincent Vittoz dans L’Équipe.

Très discipliné, le Jurassien est aussi un athlète particulièrement minutieux, qui fabrique ses carabines en bois lui-même. Une sorte d’hommage familial pour ce fils de menuisier qui a également suivi des études de conception industrielle. Son sens du détail l’a également poussé à passer deux jours en immersion avec les tireurs d’élite du GIGN. Histoire de ne rien laisser au hasard en vue de Beijing 2022.

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Jacquelin, le facteur X

Si Quentin Fillon Maillet s’affirme comme une tête d’affiche de ces Jeux Olympiques, et fait plus que jamais office de sérieux prétendant à la victoire finale du classement général de la Coupe du monde, un autre Français pourrait également éclabousser Beijing 2022 de toute sa classe.

Émilien Jacquelin a lui aussi l'ambition d'accrocher plusieurs médailles autour de son cou en République populaire de Chine. Il se démarque avec un profil sensiblement différent : flamboyant, joueur, le Français est un biathlète qui fonctionne plus à « l’affectif ». « Il peut être affecté par des émotions qui peuvent le transcender ou lui faire perdre ses moyens », note Vincent Vittoz, qui ajoute que les deux Français ont cependant en commun « une grande rigueur de travail ».

Le Grenoblois a la réputation d’être plus un homme de « coups », de courses d’un jour. En témoignent ses deux titres de champions du monde de poursuite, en 2020 et 2021. Son tir, très agressif, lui permet souvent de mettre une énorme pression sur ses adversaires lors des courses à confrontations

« Lorsque j'arrive à l'abord des courses d'un jour, le cerveau se met en route d'une manière différente, et j'aime ce "quitte ou double" », déclarait-il lors d'une interview avec Olympics.com. « C'est comme ça que je vois les courses d'un jour. C'est un peu la gagne ou l’hôpital (rires). Mais en tout cas, j'aime ce challenge. Je sens que j’ai ça en moi. Lors des courses d'un jour, je fais les choses naturellement, en étant qui je suis et en prenant des risques. Ma devise jusque là a été été "qui ose gagne". Et c'est comme ça que j'aime courir. »

Cette réputation « d'enfant terrible » a cependant pris du plomb dans l’aile tant le Français s’est montré performant lors de la première partie de saison en Coupe du monde. Il a même porté le dossard jaune de leader avant de le laisser à son compatriote Fillon Maillet début janvier.

« Si on veut être quelqu'un de plus régulier au classement général, il faut savoir aussi se calmer et se préserver. C'est un peu contre nature et c'est là où le challenge est beau aussi. Est-ce que je suis capable d'aller à l'encontre de qui je suis alors que je pense que pour réussir dans le niveau, il faut s'accepter tel qu'on est ? C'est là où c'est super intéressant. »

Mais le Grenoblois n’en fait pas mystère : pour lui aussi, les Beijing 2022 constitue un grand objectif. Une épreuve à grandes émotions qui sied à merveille à son profil. Ça promet !

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